Vous avez entendu la bonne nouvelle ? Baisse de 50 millimes des prix des carburants ! C'est énorme ! Cela va nous permettre de faire des économies, d'épargner de grosses sommes, d'amasser une fortune, de faire des projets. Maintenant, nous allons pouvoir prolonger nos trajets et prévoir des voyages. Les sceptiques n'ont qu'à compter de 1 à 50 pour s'en persuader, cela prend au moins soixante bonnes minutes, ce temps considérable nous donne une idée sur la quantité prodigieuse de millimes comptabilisés sur des années. Cette baisse nous est vraiment salutaire, elle va nous permettre de résoudre nos difficultés financières. Un petit calcul vous en persuadera : pour l'essence, par exemple, sur vingt cinq litres, on va en économiser un, et sur deux-cent cinquante, dix, puisque le prix d'un litre est devenu de 1,270 dinar. C'est en accumulant les chiffres des unités qu'on peut passer à celles des dizaines et des centaines, avec le temps et la patience, les millimes deviennent des dinars voire des millions, comme le dit bien l'adage de chez nous (flayes mâa flayes youalliou kdaïs). Il ne faut pas en vouloir aux douteurs, puisqu'ils ne sont pas habitués aux baisses des prix, ils sont rompus à la soustraction et non pas à l'addition, alors, on doit leur accorder du temps pour qu'ils puissent s'initier à cette nouvelle opération à condition bien sûr que cette générosité continue. Toutefois, les hausses des prix ne sont pas du même ordre, elles sont beaucoup plus importantes, ce qui nous laisse dubitatifs quant aux bienfaits de cette philosophie d'épargne qu'on louait et qui consiste à se contenter du peu pour le moment pour avoir plus plus tard, à se priver de certaines nécessités pour jouir un jour des loisirs, survivre aujourd'hui pour espérer vivre demain. Une baisse trop réfléchie C'est la première baisse des prix que notre pays connaît et qui intervient après des mois de la chute du prix du baril qui passe sous la barre de 40 dollars. L'année dernière, à chaque fois que celui-ci augmentait, le prix du carburant suivait, les hausses étaient immédiates, et là, quand il est question de baisse, on a mis du temps, un temps considérable pour se décider. Si elle était plus importante, on aurait compris et on ne se serait pas lamentés même si on nous aurait fait attendre une période plus longue : plus d'argent , plus de temps, par analogie au principe qui gouverne le monde du travail, pour gagner plus, il faut travailler plus, l'équivalent du travail ici serait notre attente et toutes les dépenses supplémentaires que nous aurions à consentir, ce serait la contre partie de la baisse généreuse. Mais après tout ce temps, la montagne a accouché d'une souris : 50 millimes de baisse contre plusieurs hausses au cours d'une seule année,d'au moins 50 millimes chacune alors que le prix du baril était bien au-delà de 40 dollars, il approchait les 100 à la première augmentation. Quand il a atteint les 145 dollars, le prix de vente du litre d'essence était de 1,320 dinar et le prix de revient de 1,600 dinar, ce qui a obligé l'Etat à verser une subvention de l'ordre de 280 millimes, ce sont les chiffres avancés par Monsieur le Ministre des Finances lors des délibérations parlementaires portant sur le budget de l'année 2009. D'après ces chiffres, et puisque le prix du baril est actuellement de 35 dollars, c'est-à-dire que le prix du brut a baissé de 4,14 fois, le prix de revient doit passer de 1, 600 dinar à presque 800 millimes, et par conséquent, les prix des carburants doivent baisser au moins deux fois, on ne dit pas quatre, car il y a les frais du raffinement et d'amortissement à retrancher, une telle situation entraîne l'annulation des subventions de l'Etat qui de ce fait n'est plus déficitaire. On a calculé par approximation parce que les statistiques ne sont pas à jour, les données des dernières années fournies par l'INS(l'Institut National des Statistiques) sont soit provisoires, soit prévisionnelles.
La pièce qui contredit la baisse Loin des méandres de l'économie politicienne, on estime que cette libéralité ne répond pas aux attentes et qu'elle n'est pas fixée au prorata des hausses des prix dans les carburants et les autres produits et qui sont beaucoup plus importantes et très fréquentes. Cette baisse des prix des carburants reste sans effet sur le pouvoir d'achat qui est toujours tiré vers le bas. Une telle baisse se contredit avec la mise en circulation de la pièce de 10 dinars, cela veut dire que le billet est déclassé à cause de la perte de leur valeur marchande par cette quantité de dinars qui faisaient la loi sur le marché jadis. Pour nous dissuader et prouver l'importance de ces 50 millimes de gagnés, il faudrait procéder inversement : remplacer les pièces de 500 millimes par des billets.