La statue de la chaussure anti-Bush enlevée Le Temps-Agences - Les électeurs irakiens ont passé le test: le scrutin provincial, considéré comme un test crucial de la stabilité du pays, s'est déroulé hier sans violences majeures, mais sous très haute sécurité. Les bureaux de vote ont ouvert peu après le lever du soleil, dans un pays placé sous haute surveillance: la circulation automobile était interdite dans le centre de Bagdad et des grandes villes tandis que les points de passage frontaliers et les aéroports étaient fermés. Onze heures plus tard, le scrutin s'est achevé sans que l'on fasse état d'incidents majeurs, hormis des électeurs se plaignant de ne pas figurer sur les listes. Le comptage devait débuter dimanche, les premiers résultats n'étant pas attendus avant mardi. Si le vote s'est globalement déroulé dans le calme, une fusillade a éclaté dans le quartier populaire chiite de Sadr City à Bagdad: selon le député Ghofran al-Saïdi, un militaire a ouvert le feu et blessé deux personnes après que des électeurs se sont mis à scander des slogans. Le porte-parole de l'armée irakienne, le général Qassim al-Moussawi, a avancé une autre version: plusieurs personnes auraient cherché à franchir un barrage de sécurité avec des téléphones portables, et l'incident se serait soldé par un mort et un blessé. A Takrit, bastion du clan de Saddam Hussein, à environ 130km au nord de la capitale irakienne, trois obus de mortier ont explosé sans faire de victimes près d'un bureau de vote, et une bombe a été désamorcée, selon la police. A Khanaqin (nord, près de la frontière iranienne), des centaines de Kurdes ont envahi un bureau électoral, affirmant que nombre d'entre eux n'étaient pas inscrits sur les listes. La sécurité était maximale pour ce premier scrutin depuis 2005, le premier aussi depuis que les affrontements se sont apaisés dans le pays. A Bagdad, les magasins étaient tous fermés, et si l'armée américaine a participé à la mise en place du dispositif de sécurité, les soldats, présents en force mais à bonne distance des bureaux de vote, n'ont joué aucun rôle direct. Plus de 14.000 candidats, dont 3.900 femmes, étaient en lice pour les 440 sièges des conseils provinciaux dans 14 provinces sur 18. Le Kurdistan autonome était exclu du vote, ainsi que le secteur contesté autout de Kirkouk, dans le nord. Comme tous les électeurs, le Premier ministre Nouri al-Maliki a trempé son index dans l'encre après avoir voté dans la Zone verte de Bagdad. Il a appelé à une forte participation, signe pour lui de "confiance dans le gouvernement, dans les élections et dans le droit de la population à participer à ce processus démocratique". Outre un test de stabilité, à l'heure où les Etats-Unis veulent entamer leur désengagement, le scrutin est considéré comme une répétition générale des législatives prévues d'ici la fin de l'année. Le gouvernement d'al-Maliki, installé par l'occupant, risque de devoir relever le défi du parti chiite, le Conseil suprême islamique en Irak (CSII). Côté sunnite, les puissantes tribus de la province d'Anbar, dont la mobilisation contre Al-Qaïda a permis un tournant dans le conflit, pourraient bien en tirer les bénéfices et s'imposer, bien que nouvelles venues sur l'échiquier politique, face au parti sunnite islamique actuellement au gouvernement. Les mesures de sécurité draconiennes ont en tout cas ravivé les souvenirs des années les plus sanglantes du conflit, avec le couvre-feu nocturne ou le bouclage des frontières. Dans nombre d'endroits, les électeurs se rendant aux urnes ont été contrôlés à deux reprises, de nombreuses femmes ayant été embauchées pour débusquer d'éventuelles femmes kamikazes. Dans le secteur de Fadhil à Bagdad, qui était il y a peu encore un foyer des auteurs d'attentats sunnites à la voiture piégée, les forces spéciales irakiennes patrouillaient en tenue de combat et l'atmosphère était beaucoup plus tendue que dans d'autres quartiers de la ville. A Baqouba, capitale de la province de Diyala (nord-ouest de Bagdad), théâtre de certains des pires combats de la guerre, les habitants patientaient avec joie. "Nous n'avons pas pu voter en 2005 à cause des dégradations en matière de sécurité. Mais maintenant, nous nous sentons suffisamment en sécurité pour aller voter", expliquait Ahmed Jassim, 19 ans. A Azamiyah, hier bastion pro-Saddam, Zaid Abdul-Karim, 44 ans, fonctionnaire, espère lui que ce scrutin apaisera les tensions entre chiites et sunnites. "Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est de gens qui représentent tout le monde en Irak, et n'ont pas d'orientation communautaire". ---------------------------- La statue de la chaussure anti-Bush enlevée Le Temps-Agences - La chaussure trônait depuis jeudi dans la cour de l'orphelinat de Takrit, en hommage au journaliste irakien qui lancé son mocassin sur l'ex-président américain George W. Bush à Bagdad. Mais la directrice de l'établissement a reçu l'ordre de la police de l'enlever. Fatin al-Nassiri a déclaré être obligée de retirer l'œuvre d'art car une propriété du gouvernement ne peut être utilisée pour afficher des opinions politique. La chaussure en fibre de verre et cuivre, de la taille d'un canapé, avait été dévoilée jeudi à Takrit, ville natale de l'ex-président irakien Saddam Hussein. Elle est l'oeuvre d'un artiste résidant à Bagdad, Laith al-Amari.