* Abdellatif Saddem, président de l'ODC : « Bientôt, un Hit des entreprises médiocres ! » * « Pas de tabous quand il s'agit de sensibiliser les consommateurs » Les sondages effectués auprès des consommateurs tunisiens ont toujours abouti à des résultats dénotant de l'ampleur du taux d'insatisfaction du public par rapport aux prestations qui lui sont rendues et, notamment, dans les services publics comme le transport, la santé, les réseaux de communications, les foyers et les restaurants universitaires, etc. Lesquels consommateurs regrettent, d'ailleurs, l'absence de structures pour faire le suivi de leurs doléances. Ils considèrent que, seule une partie de la presse écrite, et quelques programmes télévisés, en font les échos. Pourtant, les organisations de la société civile constituent de nos jours, à travers le monde, une composante essentielle du son de cloche de la rue et influent d'une manière significative sur les cours de la consommation. Pourquoi, en Tunisie, ne sommes-nous pas à ce stade et où en est l'Organisation de Défense des Consommateurs ?
Autosatisfaction Ces interrogations ont constitué l'axe principal de la conférence de presse, organisée par l'Organisation de Défense des Consommateurs « ODC », en marge de son 20ème anniversaire. Le président de l'ODC, M. Abdellatif Saddem a tenu, pourtant, à présenter les acquis obtenus durant ces deux décennies «d'activités intenses au service des consommateurs ». Selon M. Saddem, l'ODC : « a su s'adapter aux nouvelles exigences de la nouvelle société de consommation. Elle a assuré un triple rôle. D'abord, celui d'intermédiaire au profit des consommateurs et auprès des instances de production, ou des organismes de contrôle (pour les inciter à appliquer la loi). Ensuite, celui de représenter les consommateurs dans les conseils nationaux. L'ODC est très active dans ces instances auxquelles elle suggère des propositions constructives et efficaces, allant même jusqu'à changer les ordres du jour de leurs réunions. Enfin, l'ODC répand une culture, à même de rationaliser la consommation. C'est la raison pour laquelle, elle fête ce 20ème anniversaire sous le signe du sens national et de la consommation intelligente ». Le président de l'ODC considère que le bilan est « en gros, positif, malgré quelques manquements qu'il faut palier ». Il regrette « un léger manque de communication avec le public, du au fait que quelques aspects du travail de l'ODC, n'est pas public. Ce manque de communication justifie le fait que les consommateurs croient que l'ODC croise les bras face aux dépassements »
Critiques La majorité des interventions des journalistes présents a porté sur le manque de synergie entre l'ODC et le monde des consommateurs ainsi que l'inefficacité de ses interventions. Une intervention a relevé que : « le nombre d'interventions des citoyens auprès de l'ODC s'élève, selon le dossier de presse, à 113.302, en 10 ans. Auxquels il faut ajouter autant de requêtes directes. Disons 300.000 interventions en 10 ans, soit 30.000 interventions, chaque année. Et comme nous sommes dix millions de Tunisiens, ces chiffres montrent que seuls 3 / 1.000 s'adressent, une fois par an, aux services de l'ODC. Ceci dénote qu'un fossé sépare désormais les consommateurs de leur organisation ». Une autre intervention a relevé que : « la réaction de l'ODC est molle contre les dépassements ». Une troisième intervention s'est interrogée sur l'absence de l'ODC au Conseil Supérieur de la Communication et a demandé de réagir face à des dépassements notables de certains produits télévisés comme « Soufiane Show » et « Ahna hakka » qui sont produits par une entreprise privée et vendus à la chaîne nationale Tunisie 7. Il s'agit, disent-ils, d'une agression à l'éducation des enfants ». D'autres critiques ont, également, porté sur la faible présence de l'ODC auprès du public, à son retard dans les réactions face aux dépassements ainsi qu'à l'excès de prudence qui caractérise son action. Dans ses réponses, le président de l'ODC a reconnu qu'elle rencontre des difficultés dans la réalisation de ses tâches : « surtout que notre organisation, ajoute-t-il, n'a pas une quelconque autorité exécutive. Nous jouons uniquement un rôle d'intermédiaire pour appliquer les lois en vigueur. Mais il n'y a pas de tabous face aux consommateurs dans la lutte contre les dépassements. L'ODC pense déjà à instaurer un HIT des entreprises en baisse. Celles qui persistent et signent dans leurs manquements. Nous croyons qu'il n'est plus temps au silence et qu'il faut désormais faire de la contre-propagande aux entreprises qui réalisent des actions néfastes aux consommateurs. Encore faut-il réagir dans le cadre de la loi et veiller à ce que les entreprises ne comprennent pas que notre action s'adresse contre eux. L'ODC n'est contre aucune structure du tissu de production qui respecte les lois. Elle veille plutôt à protéger les citoyens contre toutes sortes de tricherie ». Le discours de l'ODC est plein de promesses, encore faut-il que ses réalisations soient conformes à ses promesses.