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Quelles langues nos radios parlent-elles ?
Audiovisuel : Animateurs polyglottes
Publié dans Le Temps le 06 - 03 - 2009

Ce papier vise principalement deux chaînes de radio parmi les plus suivies en Tunisie Mais cela ne veut nullement dire que les autres stations ou que nos chaînes de télévision ne sont pas concernées par le travers que dénonce le présent article.
Nous craignons en effet que la contagion par « la ratatouille FM » ne se généralise et qu'on ait affaire à une épidémie ou à un fléau difficile à enrayer. C'est quoi le « mal » en fait ?
Polyglottes d'un genre particulier
Lorsque nous allumons le poste-radio et quelle que soit l'émission qui passe à cet instant précis, nous tombons sur un animateur ou sur son invité qui parlent dans une langue tellement hybride et bâtarde qu'on peine à situer ses origines géographiques, culturelles et historiques. Car ce n'est pas tout à fait de l'arabe, ni tout à fait du français, ni du véritable anglais, ni de l'italien pur, ni de l'espagnol qui coule de souche, ni même du Tunisien authentique ! C'est tout cela en même temps et rien de vraiment identifiable. Les émissions qui abusent de cette ratatouille sont plutôt sportives ou artistiques et visent manifestement un public jeune, pubère même ! Quelles expressions y répète-t-on à l'envi et sans la moindre gêne : « el fédération », « el aller », « erretour », « eddeuxième journée », « edderby », « el mercato ejjay », « ecchampion league », « edduetto », « elconcert », « elmaison de culture », « eddiffirinça », « elprogramme » etc. Pour les constructions plus longues et plus complexes, c'est souvent du fifty fifty entre l'arabe dialectal et le français tordu. Ce n'est même pas du franco-arabe soigné. Et l'on entend aussi un peu d'égyptien, un chouia de berbère, un soupçon d'accent beur et beaucoup, beaucoup de pseudo tunisois ! Si bien que l'auditeur se demande si ces polyglottes d'un genre particulier sont capables d'énoncer une seule phrase dans une langue unique, n'importe laquelle fût-ce le persan, le chinois ou l'esperanto !

Les prévisions météo du DJ
Les animateurs « multilingues » dont nous parlons sont visiblement jeunes et croient faire encore plus jeunes en parlant leur « cocktail ». Notre chakchouka traditionnelle est composée de moins d'ingrédients que ce pot pourri apatride. Ce choix est sans doute celui des responsables des chaînes concernées apparemment peu soucieuses des questions identitaires. On est en droit, vu la complaisance avec laquelle l'exil langagier est cultivé sur les ondes de ces stations, de se demander si ces responsables ne toléreraient pas que leur journal d'information soit lu dans le même charabia. Ou pire encore, si les animateurs ne seraient pas capables de psalmodier le Coran dans une mixture de leur dernier cru ! Nous pensons que pour certains d'entre eux, la différence est nulle entre le métier de journaliste ou d'animateur radio et celui de DJ (pour les non initiés, c'est l'abréviation de Disc Jockey, à prononcer bien évidemment dans l'anglais ou l'américain le plus branché). D'ailleurs, c'est pour cette raison que chaque émission pour...jeunes passe vingt fois plus de chansons, pardon de tubes, que de commentaires intéressants et vraiment culturels. Pour un peu, les prévisions météorologiques seraient données sur des airs de Britney Spears ou de Rihanna. Si ce n'est déjà fait, voilà un bon tuyau gratuit : pendant qu'on joue les derniers albums, le DJ annoncera à son public le temps qu'il fera avec des formules du genre « elclimat ejjay », « Thamma risque bach il pleut », « nchoufou el perturbation », etc.

Déracinement FM
Quelle est la logique, quelles sont les intentions qui président à ces choix « déculturés » ? Nous aimerions bien les connaître et en être convaincus : parce que s'il s'agit d'atteindre un record d'audimat, d'autres chaînes font beaucoup mieux sans perdre leur latin. Si l'on subit le goût du public visé, il serait injuste de mettre tous les jeunes dans le même sac. Et à supposer que nos ados parlent une langue bâtarde chez eux et dans la rue, faut-il les encourager à persévérer dans cette voie ? Ces radios se sentent-elles investies d'une mission éducative et culturelle (visant à la fois l'authenticité et l'ouverture) auprès des jeunes ? Si c'est le cas, il nous semble que ce n'est pas avec ces assortiments langagiers improvisés qu'elles parviendront à les mener à bien. Au contraire, c'est à l'émigration clandestine des esprits qu'un tel choix incite ! Ce n'est même pas clandestin, puisque ça passe sur des radios reconnues et autorisées. Qu'est-ce qu'on peut faire comme aberrations au nom de la tolérance et de l'ouverture ! Que c'est facile d'autre part de créer des générations de « prêts-à-coloniser » ! Certes, nous sommes à l'ère de la mondialisation, il est peut-être vrai qu'on tire la langue en ce moment à cause de la crise, mais de là à emprunter à gauche et à droite les langues d'autrui pour se faire comprendre ou aimer, c'est à n'y rien comprendre ; c'est à donner sa langue au chat ! L'option suivie et qui fait déjà tache d'huile à la télé, est à revoir sérieusement.


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