Bénéficiant d'une journée printanière, les deux amis ont décidé d'aller dégourdir les jambes du côté de la banlieue-Nord. Après s'être promené dans les ruelles de Sidi Bou-Saïd, ils se sont déplacés à la Marsa pour y passer d'autres moments agréables. Les deux tourtereaux ont finalement choisi la plage pour se détendre en paix, loin du vacarme des cafés. La jeune fille avait à peine vingt ans. Son compagnon était son ainé de deux ans et ils poursuivaient des études supérieures à Tunis. L'ambiance féérique et la beauté du paysage ont fait oublier à ce duo qu'ils étaient dans un lieu public et qu'ils devraient respecter les us et les coutumes. Du coup, les accolades ont laissé leurs places à des attouchements plus intimes et la jeune fille s'était faite entraîner par son compagnon, oubliant le monde qui les entoure et les limites à respecter. Or, quoique les deux jeunes gens se trouvaient sur une plage presque isolée, tout le monde pouvait bien distinguer leurs diverses manœuvres à partir de la corniche, sans oublier ceux et celles qui longeaient la côte pour bénéficier de la beauté de la journée. Des agissements pareils nuisent à la morale publique d'autant plus qu'ils sont l'œuvre de jeunes tunisiens, même s'ils sont faits de bonne foi. La liberté de quiconque s'arrête lorsqu'elle piétine celle de l'autre. C'est ainsi qu'un père de famille s'est adressé à une brigade roulante des agents de l'ordre pour contester les agissements de ce couple de jeunes frivoles. Il a justifié de son droit de ne pas se faire outrager par de telles scènes, ni lui ni sa famille. Il a justifié sa plainte par le fait que les deux jeunes étaient allés au-delà des limites tolérées, laissant libre cours à un comportement dicté par leur instinct affectif, au point de choquer ceux qui passaient sur la corniche lors de cette belle journée. Le résultat était qu'ils furent interpellés par des agents qui mirent fin à leur attitude osée et irrespectueuse. Conduits au poste de police, ils furent déférés au parquet et inculpés d'attentat à la pudeur. Devant le tribunal, ils ne purent que faire part de leurs regrets, et leur avocat requit les circonstances atténuantes, pour ce jeune couple dans le vent, qui n'avaient pas cependant, le vent en poupe. L'affaire a été mise en délibéré.