En une semaine, le Club Africain a perdu son fauteuil de leader en championnat national et sérieusement hypothéqué ses chances de qualification au prochain tour de la Champion's League. Un scénario inattendu pour une équipe qui venait de battre son ennemi de toujours lors d'un derby qui devait être un tremplin pour un avenir plein de promesses. On croyait les "Rouge et Blanc" bien partis pour succéder à eux-mêmes mais la réalité fut toute autre. Que s'est-il passé dans la tête des joueurs pour qu'ils chutent aussi lourdement et quelle est la part de responsabilité du staff technique dans cette régression le moins que l'on puisse dire imprévisible même si en football tout est possible et le dernier championnat en est une preuve éclatante de clarté?
Usure mentale. La première explication à cette dégringolade pourrait être l'usure mentale d'un groupe qui a puisé sa force de son mental à toute épreuve. Les Clubistes ont dû puiser au fond d'eux-mêmes sur le double plan physique et mental pour refaire un retard de sept points et en compter deux de plus après le derby. On se rappelle tous que le Club Africain s'est dépensé sans compter pour égaliser devant l'Etoile à Radés, qu'il a battu l'Olympique de Béja dans le Temps additionnel, qu'il a peiné pour venir à bout d'une formation Usémiste décimée par les absences en marquant dans les dernières minutes de la rencontre, en suant pour s'opposer devant l'E.S.H.Sousse également vers la fin du match et en partageant les points face au Stade Tunisien. La fatigue et l'usure étaient latentes et le derby qui demeure un rendez-vous à part n'a fait que reporter cette dégringolade qui toutefois démesurée et que responsables et staff technique auraient pu éviter. Maintenant que le mal est fait, il s'agira de recharger les batteries et de permettre aux joueurs de ressourcer pour affronter le dernier virage en championnat dans les meilleures conditions possibles car avec seulement un point de retard, la course au titre reste ouverte et l'Espérance et ses dauphins partent avec des chances réelles de consécration.
Le contrecoup du derby. La victoire au derby n'a pas fait que du bien au Club Africain. Les jours qui ont suivi le derby, on n'entendait parler que de titre gagné, de scénario identique à celui de l'exercice écoulé, de sacre, de performance extraordinaire et bien d'autres choses comme si le titre était déjà en poche. Cette euphorie a eu les conséquences que nous connaissons. Il fallait tempérer les ardeurs, calmer les esprits et rappeler aux joueurs, surtout aux joueurs que les jeux étaient loin d'être faits et que des adversaires comme Jendouba Sport, L'E.G.S.Gafsa qui jouent pour sauver leur place parmi l'élite, le C.S.Sfaxien et le Stade Tunisien sont des équipes de premier ordre et que les battre n'est pas acquis d'avance... La victoire au derby aurait pu faire du bien aux Clubistes si on avait programmé l'après match et ses retombées. Il fallait une poigne de fer pour tenir le groupe sous pression et éviter ainsi une décompression indigne d'une équipe qui a toujours puisé sa force de la solidarité du groupe.
Problème d'argent. Sur ces mêmes colonnes, nous avions interviewé Lotfi Ezzahi pour nous parler des rumeurs qui faisant état de la volonté des joueurs de faire grève n'ayant pas encore perçu leurs émoluments après avoir remporté la coupe de l'U.N.A.F des club champions. Il est peut-être vrai que les joueurs n'ont pas tenté de faire grève et il n'en est pas moins vrai qu'on n'aborde pas une étape aussi importante de la compétition avec des joueurs qui exigent leurs émoluments. Les pourvoyeurs de fond au Club Africain doivent certainement savoir mieux que quiconque que dans ces conditions les joueurs ont surtout besoin de sérénité, surtout financière...
Ben Chikha pointé du doigt. Et c'est peut-être à juste titre car il aurait certainement dû revoir ses plans face à Djoliba et revoir surtout la titularisation de Ouertani. Ce n'est pas la qualité de ce joueur que nous contestons mais plutôt sa forme actuelle et son manque de compétition évident. Il aurait mieux fallu garder Helmi Hmam qui fut jusque là l'un des meilleurs de son équipe et sa présence en milieu de terrain a permis à l'entrejeu clubiste d'être un premier rideau infranchissable et a permis à la défense clubiste de rester inviolée pendant plusieurs matches.
Le cas Bachtobji. Ce qui s'est passé avec Bachtobji dénote d'un manque évident de délicatesse vis-à-vis de ce joueur qui a le droit de ne pas rempiler avec son club actuel. Les dirigeants clubistes avaient également le droit de ne pas le mettre sur la liste africaine mais par correction, il aurait mieux fallu le faire savoir au joueur dès les premiers jours et non à quelques heures de la rencontre de dimanche. Et puis, après la défaite concédée contre le C.S.H-Lif, le Club Africain avait surtout besoin de sérénité pour aborder la Champion's League et le reste du parcours en championnat car il est clair maintenant que les liens qui lient Bachtobji à ses employeurs sont des plus fragiles après ce qui s'est passé. Le solide défenseur clubiste a parlé de coup dans le dos. Un vrai gâchis surtout quand on sait que Bachtobji est le plus professionnel des joueurs clubistes. Enfin, nous aurions aimé savoir la position de Ben Chikha dans cette affaire et si les responsables l'ont mis au courant de leurs intentions ou s'ils ont agi de leur propre chef...Quoi qu'il en soit, c'est le club qui en sort perdant.
Réagir au plus vite. C'est ce que les Clubistes sont appelés de faire s'ils entendent jouer leurs chances tant en championnat qu'en coupe d'Afrique jusqu'au bout. Ils doivent le faire dès ce dimanche face au Club Sportif Sfaxien. Une tâche difficile en perspective mais c'est une occasion pour prouver que ces derniers résultats ne sont qu'un accident de parcours. Ce qui n'est pas une mince affaire avec un moral au plus bas...