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-Nous faisons du journalisme d'investigation. Le Bâtonnier défend l'avocatie : nous aussi. Mais s'est-il inquiété du sort de cette veuve et de ses orphelins?- Les avocats et la télévision : Moez Ben Gharbia, animateur de -Alk Haq Maâk-
La polémique suscitée par l'émission -Al Hak Maâq- sur Tunis 7, diffusée le 12 mars et qui a traité le cas d'un avocat accusé par une de ses clientes de l'avoir escroquée en ne lui versant pas la somme des dommages et intérêts dont elle a bénéfié suite à la mort de son mari dans un accident de la route continue de faire couler beaucoup d'encre. Le Conseil de l'ordre des avocats a, dans un communiqué publié le 17 mars, dénoncé cette émission qui selon lui a porté atteinte à l'image de marque de l'avocatie. En plus le Bâtonnier Me Béchir Essid a donné le 18 mars une conférence de presse dans laquelle il a affirmé que le conseil de l'ordre va utiliser tous les moyens juridiques pour arrêter la diffusion de telles émissions. Pour en savoir plus, nous avons invité Moez Ben Gharbia l'animateur de l'émission "controversée". Interview.
Le Temps : Comment vous avez réagi suite aux déclarations du Bâtonnier et au communiqué émanant du conseil de l'ordre des avocats du 17 mars ? Moez Ben Gharbia : J'étais surpris par la réaction du Bâtonnier et du communiqué du Conseil de l'ordre pour la simple raison que l'émission "Al hak Maâq" a débuté en janvier et a traité des sujets concernant des domaines divers : banque, administration, municipalité, santé etc et nous n'avons pas fait l'objet d'aucun communiqué de la part de ces structures. Mais quand on a traité le cas d'un avocat cela a suscité la protestation exagérée du conseil de l'ordre. En plus s'il s'agit de la présence des avocats dans l'émission tout le monde sait qu'ils sont présents depuis fort longtemps dans les émissions de la radio et de la télévision et aussi dans la presse écrite. *Donc c'est l'émission du 12 mars qui est à l'origine de la vive réaction du conseil de l'ordre Cette émission a été préparée minutieusement et comme elle traite du cas d'un avocat qui (selon la plaignante) l'a escroquée, nous avons tenu à la présence d'un représentant de la section de Tunis du Conseil de l'ordre des avocats. Nous avons contacté à cet effet le président de la section Me Abderrazak Kilani il a chargé Me Badreddine Mhiri de représenter les avocats à cette émission. *On vous reproche de porter préjudice à l'avocatie? C'est absolument faux les avocats présents n'ont cessé de dire que l'avocatie est une profession saine et honorable et ont souligné que le cas traité constitue une exception. Et je précise ici que la section de Tunis qui est au courant de cette affaire a bien vérifié que la somme des dommages et intérêts n'a pas été versée par l'avocat. En plus plusieurs téléspectateurs nous ont contactés pour nous dire qu'ils sont étonnés que les avocats présents à l'émission essayent de trouver une excuse à leur collègue. *On vous reproche une certaine forme de dénonciation ? Non à aucun moment de l'émission le nom complet de l'avocat n'a été prononcé. Et le visage de son clerc a été caché. De même que l'enseigne sur la porte portant son nom. Est-ce cela la dénonciation? *Le bâtonnier a déclaré que l'affaire est devant la justice et ne doit donc pas être traitée par l'émission? L'affaire est dans le bureau de la section de Tunis et on n'a fait qu'exercer notre droit à l'information. Nous nous sommes pas substitués au tribunal. Nous avons cherché à trouver une solution à l'amiable. Permettez-moi ici de souligner mon étonnement de ne trouver aucun mot concernant la femme dans le communiqué du conseil de l'ordre. Une femme qui ne cherche qu'à récupérer l'argent de ses orphelins. Je ne sais pas si le conseil de l'ordre a fait cela exprès ou non. Tout en respectant l'avocatie et le conseil de l'ordre je doute fort que ceux qui ont rédigé ce communiqué ont bel et bien regardé l'émission. Une émission qui pratique l'investigation, une forme moderne du journalisme et notre pays en cette ère de Changement est conforté par de telles émissions. Et aujourd'hui céder à la pression serait un précédent et le conseil de l'ordre des avocats qui connaît bien la loi sait très bien qu'il n'a pas le droit d'arrêter ces émissions. J'ai peur que ces réactions n'entrent enfin de compte que dans des calculs électoraux pour le bâtonnat et je précise ici que ce n'est pas le président de la section de Tunis qui nous a informés de cette affaire mais c'est la femme plaignante elle-même. En tout cas je viens d'apprendre qu'une pétition signée par des centaines d'avocats circule en ce moment pour défendre l'émission et pour protester contre l'attitude du conseil de l'ordre". Interview réalisée par Néjib SASSI