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-Cette polémique a pris des proportions démesurées et aura occulté les véritables problèmes de la profession- Les avocats et la télévision: Me Abderrazak Kilani, président de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre des avocats
L'émission -Al Haak Maak- de Tunis 7 diffusée le 12 mars continue de faire couler beaucoup d'encre. Le Conseil de l'Ordre des Avocats a reproché à l'émission de porter un coup à l'image de marque de la profession. Mais l'animateur de l'émission Moez Ben Gharbia a rejeté cette accusation affirmant que c'est tout juste une méthode moderne de l'enquête d'investigation journalistique, soulignant que les avocats présents à l'émission ont défendu avec force la profession tout en affirmant que le cas présenté de l'avocat qui a détourné les fonds revenant à sa cliente reste une exception. Après le compte rendu de la conférence de presse du Bâtonnier sur cette question tenue le 18 mars, l'interview de Ben Gharbia le 20 mars, les deux interviews de Mes Brahim Bouderbala et Mohamed Jemour notre invité aujourd'hui et Me Abderrazak Kilani président de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre des Avocats. A signaler que cette interview a eu lieu avant l'entrevue entre le Bâtonnier et Maîtres Amel Kilani et Fethi El Mouldi, entrevue qui a remis les pendules à l'heure.
Le Temps: Que pensez-vous de la polémique soulevée après l'émission en question. Me Abderrazak Kilani: Tout d'abord je tiens à souligner qu'en tant que président de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre des Avocats et au sein du conseil de la section nous faisons notre cheval de bataille, la préservation des règles déontologiques de la profession et ses nobles valeurs dans le cadre d'un programme axé principalement sur les jeunes confrères stagiaires. Parmi les points essentiels à inculquer aux jeunes et aux moins jeunes c'est le respect des institutions et des rapports de confraternité. Aujourd'hui tout ce qui se passe va à l'encontre du combat que nous menons pour préserver ces valeurs et ces principes.
•Mais concernant la polémique soulevée? -Je m'excuse poliment de ne pas faire de commentaires concernant une affaire qui a pris des dimensions qu'elle n'aurait pas dû prendre et qui a occulté nos véritable problèmes.
•Lesquels? -A commencer par les difficultés quotidiennes que vivent les confrères au Palais de justice, les difficultés structurelles et organisationnelles que connaît la caisse de retraite et de prévoyance sociale, les problèmes de courtage et de la procédure de réquisition, les difficultés matérielles que vivent des centaines de confrères. Tout cela mérite une attention particulière des structures dirigeantes de la profession. Pour ce qui est de l'affaire que vous avez signalée, les acteurs de cette affaire ont répondu suffisamment à toutes les interrogations soulevées. Nous autres avocats demeurons toujours les défenseurs de la veuve et de l'orphelin et de la liberté de s'exprimer. On est farouchement attachés à la déontologie et aux valeurs universelles. Pour nous la presse demeure le 4ème pouvoir dont le rôle est d'informer et d'éclairer l'opinion publique et d'alerter les autorités sur toutes les injustices dont peuvent être victimes les citoyens mais sans pour autant qu'il y ait des sujets tabous. Toutefois les autorités judiciaires sont appelées à jouer pleinement leur rôle.
•Et en ce qui concerne la participation des avocats à ce genre d'émission. Qu'en pensez-vous? -Le Conseil de la section de Tunis s'est rendu compte bien avant l'émission en question que la participation des avocats aux médias mérite un débat. Il a programmé en janvier un séminaire sur la question mais qui a été reporté suite aux événements de Gaza. Un séminaire a eu lieu donc le 28 février sur le thème "La déontologie de la profession et la collaboration avec les médias". Une collaboration qui ne date pas d'aujourd'hui. Les participants à ce séminaire ont débattu largement de cette question. Il y en a qui se sont déclarés contre car selon eux cela relève de la publicité qui est interdite par la loi organisant la profession et si cette collaboration devient permanente elle se transforme en une sorte de cumul d'emploi ce qui est aussi interdit. D'autres ont jugé que cette collaboration est nécessaire pour ne pas jouer le jeu de la chaise vide. Mais cette collaboration doit respecter les règles déontologiques qui régissent la profession et le respect de la loi. En conclusion les participants ont opté pour une collaboration qui se base sur l'alternance et qui soit permise par les structures de la profession.
•Certains disent que derrière cette polémique soulevée il y a des calculs électoraux? -En tant que président de la section de Tunis, j'assumerai mes responsabilités sans tapages , ni menaces, ni surenchères et conformément à la confiance placée en moi par mes confrères. Pour moi il est immoral que quiconque fasse de tels calculs dans l'exercice de ses responsabilités car les questions sont tellement graves et l'avenir des générations d'avocats et de leurs familles en dépend. Interview réalisée par Néjib SASSI