Voilà la position adoptée par certains pays arabes pour soutenir le président soudanais Omar El Béchir, objet d'un mandat d'arrêt délivré par la cour pénale internationale qui persiste et signe en proclamant qu'il n'y a aucune issue possible pour El Béchir. Lui aussi persiste et signe et déclare devant les caméras du monde entier qu'il ne craint aucunement une instance que son pays ne reconnaît pas. Joignant le geste à la parole, il se rend en Egypte où il a reçu le soutien du président Moubarak et compte se rendre à Doha dans les prochains jours pour prendre part aux travaux du prochain sommet arabe. L'Egypte et le Qatar figurent parmi la liste des dix neuf pays arabes sur les vingt deux qui n'ont pas signé les accords de Rome. Ces bruyantes démonstrations de solidarité arabe avec le chef de l'Etat soudanais préoccupent les Occidentaux, Américains et Britanniques en tête qui n'hésitent pas à dire qu'en plébiscitant le président soudanais, c'est contre la justice internationale qu'on s'est ligué. Faut-il le rappeler, nous ne vivons guère dans le meilleur des mondes. L'iniquité prévaut un peu partout, il y a indiscutablement deux poids deux mesures et la justice est bel et bien sur mesure. Aveugle, celle-ci ne l'est que d'un œil et il est vrai qu'elle est encore loin de s'être fait une virginité. Que de sanglants crimes étouffés, que d'infamies reléguées dans l'oubli ! Comment accepter que la justice tronquée serve de prétexte à une défense et illustration de l'injustice ? Pourquoi l'impunité est octroyée à des criminels de guerre israéliens accusés d'avoir utilisé des bombes au phosphore blanc lors de l'agression de Gaza ? Pourquoi seule une organisation, la Human Rights Watch, ait osé accuser Israël d'avoir largué de telles bombes contre une population civile acte condamné par l'ONU ? Pourquoi enterrer à jamais dans les placards de l'oubli des cadavres d'innocents brulés, déchiquetés, défigurés par de telles bombes ? La réalité des politiques vient toujours briser la naïveté juridique autant les crimes contre l'humanité peuvent rester impunis, autant les crimes d'agression ne sauraient être tolérés. Pas de sous-crimes et pas de bonnes ou de mauvaises victimes. Cet acharnement contre le président soudanais vient renforcer l'idée que toute justice est la manifestation d'une vengeance politique. Malheureusement, on laissera à l'histoire les miettes d'une justice illusoire et bafouée.