Les réactions des humains se comprennent généralement par les intérêts contradictoires. Ainsi, une objectivité que les citoyens sont en rupture avec l'Etat à chaque fois qu'ils ressentent qu'il ne représente plus leurs intérêts. Ce raisonnement explique aussi bien le soulèvement des banlieues de Paris en 2005 que le vandalisme dans les trains et les autobus en Tunisie, ou encore le manque flagrant de protection de l'environnement au Maroc. Ce souci d'intérêt a été à l'origine de l'instauration de la logique communale d'abord et intercommunale ensuite pour introduire les citoyens à la politique de gestion participative. En effet, les gestionnaires et leurs théoriciens ont compris que seule l'implication des citoyens peut les responsabiliser. L'idée a déjà fait son chemin depuis un certain temps mais son résultat n'a pas du tout été constant d'un pays à un autre. Le cadre général Le colloque a été une occasion pour décortiquer l'état des lieux des diverses thèses sur la gestion de la vie communale. D'ailleurs, le Dr Jürgen Theres, le délégué régional Maghreb de la Fondation allemande Hanns Seidel, a posé le cadre général de la problématique : « Il est communément admis que les modes traditionnels de gestion ne sont plus à même de répondre aux défis d'un monde en constante mutation. Et l'on assiste à l'émergence de nouveaux concepts et modes de gouvernance conduisant les divers acteurs d'une société donnée à coopérer et à conjuguer ses actions sous des formes novatrices de gestion, comme le partenariat. La démarche partenariale s'impose clairement comme une stratégie prometteuse de gouvernance, et riche par la diversité des modalités qu'elle peut mettre en œuvre telles que l'intercommunalité, les syndicats de communes, les établissements intercommunaux et les différentes autres formes intercommunales de coopération. Mais l'articulation entre les deux démarches de décentralisation et de partenariat, objet des travaux et réflexions de ce colloque, implique pour les collectivités décentralisées de ne pas compter exclusivement sur l'assistance du budget de l'Etat, soumis assez souvent à de fortes pressions. Il faut avoir recours à des formules de partenariat impliquant le secteur privé dans un souci de convergence des moyens au service de l'intérêt des uns et des autres.». Le rapport introductif du Professeur Mustapha Ben Letaief, le directeur du département du droit public à la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, a développé davantage ce concept en insistant toutefois sur la montée de l'exigence démocratique et la nécessité de plus de libertés. La décentralisation exige, selon lui, l'instauration d'un partenariat multidimensionnel qui appelle à plus de contractualisation (des contrats entre des Etats et des régions, des contrats de programmes, etc..). Il a expliqué la nécessité de concilier, d'une part, entre l'intérêt national et les intérêts locaux et, d'autre part, la logique du profit chez les privés avec celle de l'intérêt général chez le public. Les diverses approches La richesse de ce colloque a trouvé son origine dans les diverses variantes d'expériences proposées. Mme Najet Zarrouk, la directrice de la formation des cadres au ministère de l'intérieur marocain, a présenté l'expérience de son pays en insistant sur le fait que cette décentralisation est passée par deux étapes : « la première, au milieu des années 1990, alors que la deuxième, c'est au début des années 2000...Elle s'est accompagnée par le renforcement des communes en leur prodiguant une relative autonomie financière...Depuis, l'intercommunalité a fait du chemin et des centaines d'expériences ont vu le jour sur beaucoup de projets. ». Quant au Professeur Chaabane Benakezouh, de la faculté de Droit d'Alger, il a développé le thème : « la ville d'Alger : état des lieux, perspectives ». Il a précisé que la ville d'Alger ne dispose même pas de statut juridique. Les choix politiques et les dispositions institutionnelles en cours n'ont pas encouragé, selon lui, à développer l'initiative citoyenne et, par conséquent, l'intercommunalité. Abordant le cas de la France, le Professeur Christian Duval, directeur de l'Institut des Etudes Politiques de l'Université d'Aix en Provence, a exposé autour de : « l'intercommunalité, nouveau partenariat entre les communes ». Il a expliqué que toutes les communes françaises s'intègrent à l'intercommunalité. Leur programme respectif induit automatiquement ce choix qui se fait, selon lui, suivant plusieurs axes en même temps. Un bilan est toutefois à faire pour améliorer le résultat du travail collectif. L'expérience allemande a été présentée dans un exposé du directeur de l'aménagement territorial de la ville de Munster, Erich Tilcorn, sur « la coopération intercommunale dans un système fédéral très décentralisé ». Les Allemands plaident pour un renforcement de ces méthodes qui répondent bien aux aspirations des populations locales. Les citoyens s'identifient à cette forme de gestion participative de leurs affaires communales. Les autres intervenants ont enrichi davantage les débats de ce colloque et ils ont confirmé que la bonne gouvernance ne peut être que décentralisée et partenariale.