Lieberman (ça sonne juste avec Doberman) n'a pas attendu longtemps pour larguer une première bombe: Israël, selon lui, n'est pas lié par les accords d'Annapolis (ceux qui donnent droit à un Etat aux Palestiniens) mais par une "vulgaire" (était-il tenté de dire) feuille de route! Tout ce qui s'est fait de bon depuis 92, depuis que Arafat a tendu le rameau d'olivier pour la "paix des braves" et qu'Yitzhak Rabin a placé son pays dans une logique de paix; tout cela donc est non seulement remis en cause mais replace Israël dans le statut d'occupant, dans la psychologie de la solitude et de la persécution et dans la démence guerrière. En 2007, à Annapolis, Olmert, Abbès et Bush adoptaient le principe de deux Etats avec, pourquoi pas! Al Qods capitale d'une sorte de fédération. Or aujourd'hui, ostensiblement, Lieberman formule "charitablement une vague reconnaissance de la feuille de route de 2003… Manière de raviver cette mentalité sioniste "obsidionale", le délire selon lequel Israël n'aura jamais que des ennemis. De surcroît il exhume un tabou: il veut rétablir une "certaine légitimité biblique" au détriment de la légalité internationale. Ces territoires auraient eu jadis pour nom Judée et Samarie. Les Palestiniens, selon cette fiction biblique s'y seraient implantés après. Il n'y aura donc pas de "paix contre les territoires" dans la démarche du gouvernement Natanyahu. C'est le lyrisme mystique et apocalyptique qui revient. Mahmoud Abbès réalise aujourd'hui, à son corps défendant, qu'il a été copieusement berné par ses "amis" israéliens et qu'il ne fallait pas spirituellement enterrer Arafat. Pourra-t-il jouer un rôle modérateur entre deux extrémismes qui se déclarent de nouveau, à Gaza et à Tel Aviv? Et, en plus, le Quartette est trop occupé avec la crise, avec "la nouvelle guerre froide entre Washington et Moscou" et l'Iran, bien sûr, pour prétendre chapeauter encore le processus. Pourtant des élites palestiniennes, dont Leïla Chahid, cherchent à faire comprendre aux Israéliens que s'il y avait un Etat palestinien, celui-ci aurait sans doute avec l'Etat hébreu plus d'intérêts communs qu'avec tous les Etats Arabes. Ces élites palestiniennes n'oublient pas qu'elles ont été soit persécutées, soit instrumentalisées dans les Etats Arabes. Ceux-ci ne conçoivent pas autrement la cause palestinienne: elle doit leur être asservie…, malgré les discours pompeux. Maintenant, si des factions rivales palestiniennes se remettent sous la coupe d'Etats-refuges ou dispensateurs d'armes, et si les mercenaires islamistes instrumentalisent la cause palestinienne, ce sera la faute de Tel Aviv. Et il l'aura voulu.