Comme dans beaucoup de pays au monde, la consommation de la pomme de terre en Tunisie ne cesse de s'accroître. Le Tunisien en mange près de 20 kilos par an et raffole de plus en plus des frites et des chips mais toutes les autres préparations et cuissons de la pomme de terre lui mettent également l'eau à la bouche. Ces derniers jours, c'est néanmoins la pénurie et les patates disponibles sont des variétés importées qui ne sont pas toujours au goût des consommateurs, à moins de forcer sur le sel et les épices pour les rendre savoureuses ou du moins mangeables. Le prix de ce produit est fixe au marché (700 millimes), mais les marchands nous ont révélé que la demande n'est pas aussi forte que lorsqu'il s'agit de variétés locales. Il faut dire que l'aspect extérieur des pommes de terre qu'ils proposaient avait largement de quoi rebuter la moins exigeante des ménagères. Grises ou plutôt cendrées, elles donnaient l'air de sortir d'un brasier éteint. Nous en avons goûté quelques unes sautées au four, elles nous ont semblé fades malgré un arrière goût légèrement sucré. Dans les restaurants et gargotes, les frites servies sont plus blanches que du coton mais au moins elles étaient fermes. Les clients que nous avons interrogés n'ont pas encore connaissance de la pénurie actuelle et en majorité reconnaissent qu'ils ne s'informent pas souvent sur ce qu'il y a au marché et ce qui y manque étant donné qu'ils mangent souvent dehors. Pour ce qui est de la saveur des frites qu'ils consommaient, ils affirment que cela leur est indifférent ou bien qu'ils l'adaptent à leur goût en y ajoutant de l'harissa, du sel ou de la mayonnaise. De là à leur demander combien de tonnes de pommes de terres leur pays produit, quelles variétés on y cultive, à combien s'élèvent nos besoins, où sont cultivées nos patates locales, de quels pays nous importons les quantités manquantes et combien nous coûtent les pommes importées, c'est trop attendre du consommateur tunisien qui d'ailleurs s'informe peu sur les produits qu'il mange. Une production insuffisante Les besoins actuels de la Tunisie en semences sont évalués à 50.000 tonnes par an dont près de la moitié sont importés. Il y a quatre ans, on importait les plants pour plus de 13 milliards. Nos principaux fournisseurs sont Les Pays-Bas et la France. Les surfaces consacrées chez nous à la culture de la pomme de terre s'étendent sur 22.000 hectares, et le pays produit en moyenne 330.000 tonnes. Les gouvernorats de Nabeul, Bizerte, Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax produisent surtout les primeurs et extra primeurs sur des surfaces couvrant près de 2600 hectares. Les variétés cultivées sont surtout la Spunta, la plus prisée en Tunisie, Mondial, Nicola, Yasmina, Safrane, Cardinal et Ajax. La récolte peut atteindre 40.000 tonnes dans ces régions côtières dont on exporte selon les saisons entre 7000 et 8000 tonnes. Les pommes de l'arrière-saison sont cultivées sur la côte mais aussi dans les villes de l'intérieur comme à Jendouba qui produit 25 % de la récolte ou à Gafsa, Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan. La surface cultivée est de 11.000 hectares et la production atteint parfois 140.000 tonnes; quant aux variétés produites, ce sont la Spunta, Nicola, Ajax, Atlas, Diamant etc. En ce qui concerne les pommes de terre de saison, elles sont cultivées dans les périmètres irrigués des gouvernorats du Nord, du Sahel et du Centre (9.000 hectares), et principalement à Nabeul (38% de la production), à Bizerte (28% de la récolte) et à Jendouba (8%). La production globale de ces légumes de saison atteint les 160.000 tonnes. Le couple heureux ! La Tunisie exporte également ses pommes de terre. Et tout récemment, 65.000 tonnes ont été vendues à la Suède qui nous a déjà acheté, pendant l'été 2008, 242 tonnes. L'apport en devises des quantités exportées est sans doute important; mais il faudrait également penser à parer à ces pénuries cycliques qui obligent le consommateur parfois pendant un mois et plus à manger des produits de très mauvaise qualité ou sans la moindre saveur. Si nous arrivons à maîtriser le coût de la pomme de terre par rapport au budget des familles tunisiennes, il importe de maîtriser à présent l'approvisionnement du marché en quantité et surtout en qualité ! Le Tunisien et la pomme de terre forment un couple uni et heureux, ne troublons pas leur bonheur, faisons en sorte qu'il dure indéfiniment et que leur « alliance » ne s'efFRITE jamais ! Badreddine BEN HENDA
*** Production et consommation des pommes de terre dans le monde En 2007, la production mondiale de pommes de terre a atteint 325.302.445 tonnes. 80 % de la production sont fournis par l'Europe et l'Asie. L'Afrique n'y contribue qu'à hauteur de 17 millions de tonnes. Depuis quelques années seulement la Chine est devenue le premier producteur mondial de pommes de terre, suivie de la Russie, de l'Inde et des U.S.A. La pomme de terre est cultivée dans 150 pays et occupe le 4ème rang mondial des nourritures cultivées après le riz, le blé et le maïs. La surface cultivée est de 195.000 kilomètres carrés. Les Européens arrivent en tête des consommateurs de ce légume avec 88 kilogrammes par habitant chaque année. Suivent les Américains du Nord (60 kgs par habitant et par an), les Asiatiques (24 kgs) et les latino-américains (20 kgs). L'Africain ne consomme en moyenne que 14 kgs par an.