Une campagne d'information et de sensibilisation sur les collèges techniques, la deuxième du genre, est déjà partie depuis le mois de février et se poursuivra jusqu'à la fin de l'année scolaire. Rappelons que la décision de créer ces collèges techniques et le baccalauréat professionnel a été prise dans le cadre de la réforme éducative et en vue de réduire le taux de rupture scolaire au cours du deuxième cycle de l'enseignement de base. Cette campagne vise à encourager les élèves du collège à opter pour cette formation professionnelle en raison de sa forte employabilité et des débouchés intéressants qu'elle favorise, surtout que les grands projets en cours ou en perspective en Tunisie sont de nature à absorber un bon nombre des diplômés de ces collèges dans plusieurs spécialités. C'est pour cette raison que, pour répondre aux besoins de ces différents projets, le ministère de l'Education et de la Formation s'emploie à mettre à niveau ces centres de formation professionnelle à travers la variation et la consolidation des spécialités et le renforcement du corps enseignant et des formateurs dans les différentes spécialités en vue d'améliorer la qualité de la formation reçue par l'élève afin qu'il puisse s'intégrer facilement dans le marché de l'emploi. Il est à noter que cette formation professionnelle débouche sur trois diplômes différents, à savoir le certificat d'aptitude professionnelle (CAP), le Brevet de technicien professionnel (BTP) et le Brevet de Technicien Supérieur (BTS).
Tout un projet de réforme La promotion de la formation professionnelle et technique est l'une des préoccupations de l'Etat depuis quelques années pour combler le manque flagrant en matière de cadres professionnels et techniques qui se fait de plus en plus sentir dans notre pays et par là même réduire la disparité qui se creuse entre la Tunisie et les pays européens concernant le taux des diplômés techniques et professionnels. En effet, des études ont montré qu'en 2001, la pyramide des qualifications professionnelles en Tunisie était formée de cadres supérieurs (10 %), de cadres moyens (30 %) dont 13 % ayant obtenu un diplôme reconnu et 17 % ayant eu une expérience professionnelle sans pour autant être titulaires de diplôme attestant leurs spécialités. Alors que la main-d'œuvre non qualifiée avait un taux très élevé (60 %). La même étude a comparé ces taux à ceux de l'Europe où le taux des cadres supérieurs en 2001était de l'ordre de 20 %, celui des cadres moyens touchait à 60 % et le taux des manœuvres non qualifiés était seulement de 20 %. La différence entre les trois catégories est de taille. D'où la nécessité pour l'économie nationale de se doter davantage de cadres moyens et de manœuvre spécialisés pour faire face aux changements profonds effectués dans l'économie mondiale et qui se font de plus en plus sentir en Tunisie. Ce grand intérêt porté par le ministère de l'Education et de la Formation professionnelle entre dans le grand projet de la réforme de l'éducation et de l'enseignement en Tunisie qui accorde à cette formation toute l'attention qu'elle mérite en l'intégrant dans le nouveau système éducatif afin d'assurer toutes les chances de réussite aux élèves et limiter le nombre des défaillants scolaires. La fusion depuis 2002 des deux secteurs (éducation et formation) dans un même département relève de cette relation de complémentarité entre ces deux secteurs, d'autant plus que le nouveau système a conçu des passerelles permettant à l'élève de changer de parcours à tout moment. Il s'en suit que le nombre des collèges techniques a sensiblement augmenté : 32 nouvelles écoles accueillant 5000 élèves ont été ouvertes à la rentrée de 2007/2008 et on annonce déjà l'ouverture de 55 écoles préparatoires techniques au cours de la rentrée scolaire 2008/2009 en veillant à les répartir à travers tous les gouvernorats.
Motiver les élèves et sensibiliser les parents Cette campagne vise donc à sensibiliser parents et élèves aux avantages que présente la formation professionnelle et technique au sein de ces collèges d'autant plus qu'il est toujours possible à un élève de pouvoir atteindre le bac professionnel qui lui permettra d'accéder à l'université pour y poursuivre ses études supérieures. C'est dire qu'il s'agit d'une nouvelle vision de l'enseignement professionnel qui diffère de celle qu'on porte sur la formation professionnelle des années 60 et 70 qu'on donnait dans des collèges professionnels considérés à l'époque comme des dépotoirs où on envoyait automatiquement tous les élèves ratés dans l'enseignement général. Pour ces nouveaux collèges techniques, l'élève ne peut y accéder que selon des critères spécifiques et avec l'accord des parents et l'approbation du conseil des classes. Ainsi, c'est la motivation et l'ambition qui déterminent le choix de poursuivre un cursus professionnel. Cependant, malgré les changements apportés au statut de la formation professionnelle, au niveau des programmes, des structures et des finalités, la mentalité n'a malheureusement pas suivi. Certains parents continuent à discréditer ces collèges techniques aux yeux de leurs enfants, tout en dévalorisant les travaux manuels et les métiers artisanaux, de telle sorte que les enfants eux-mêmes rechignent, quand bien même ils auraient parfois toutes les prédispositions nécessaires pour cette formation. Cette campagne qui va se poursuivre jusqu'à la fin de l'année scolaire vise à informer et sensibiliser les élèves de 7ème année de base et leurs parents aux différents avantages de la formation professionnelle et technique. Pour ce faire, des conseillers orienteurs se chargent actuellement de cette tâche en organisant des réunions dans tous les collèges avec les élèves et leurs parents en vue de leur expliquer les spécificités et les objectifs des collèges techniques. Des dépliants vont être distribués aux élèves pour les informer sur les modalités d'accéder à ces collèges, leur donner une idée sur les différentes spécialités à choisir et les différents diplômes qu'ils peuvent obtenir ainsi que leurs débouchés. De même des spots publicitaires sont prévus pour être diffusés à la télévision pour inciter les élèves à opter pour l'enseignement professionnel. Le pari sur la formation professionnelle est d'ores et déjà engagé, encore faut-il que les parents soient assez motivés pour inscrire leurs enfants dans ces nouvelles écoles qui constituent un nouveau facteur de réussite. Le projet est certes ambitieux, mais il faut agir plutôt sur les mentalités des gens qui sous-estiment encore les métiers artisanaux et les travaux manuels.