Les vieux démons de la haine se réveillent en Irak et replongent le pays dans une vague d'attentats sanglants qui rappellent les heures sombres des violences inter-confessionnelles. En deux jours, plus de 140 personnes, essentiellement des pèlerins iraniens, ont trouvé la mort. Un bilan catastrophique qui fait du mois d'avril le mois le plus meurtrier en 2009. Pourtant le bon déroulement des élections provinciales et la relative « accalmie » dont jouissait le pays depuis deux ans, faisaient miroiter l'espoir d'un réel engagement sur la voie de la réconciliation, de la paix et de la stabilité. Hélas, cet optimisme laisse place, aujourd'hui, à un sentiment de choc et de terreur. Ceci est d'autant plus inquiétant que le retrait des troupes américaines s'approche et pose avec acuité la question de la capacité des forces irakiennes à assurer la sécurité dans le pays. Mais pour aspirer à une réelle normalisation et éviter au pays toute dérive sécuritaire désastreuse, les Irakiens doivent d'abord trouver la solution à de sérieux problèmes qui se sont accumulés durant les six ans de l'occupation américaine. Il s'agit, en premier lieu, de résoudre le problème du conflit concernant le pouvoir et le partage des richesses et de mettre fin au sectarisme. Ce sont là les conditions primordiales pour une véritable réconciliation nationale, car les Irakiens ne doivent compter que sur eux-mêmes pour mettre un terme au drame politique que vit leur nation et pour assurer l'avenir de leur pays. Certes, la tâche est difficile surtout que le pays est entouré de voisins qui chercheraient à gagner en influence à la faveur du désengagement américain. Et il n'est pas certain que les Etats-Unis honorent leurs promesses de soutien car leurs priorités sont ailleurs, en Afghanistan et au Pakistan, même si la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton se voulait rassurante, hier, lors d'une visite surprise à Bagdad en déclarant, à l'adresse des Irakiens : « Nous continuerons à travailler très, très dur pour vous donner les outils qui vous permettront d'avoir un pays sûr ».