Dire que la glorieuse équipe gafsienne a contraint ses fervents inconditionnels au régime de la douche écossaise cette saison est bien trop loin de la réalité. Des résultats en dents de scie avec des revers inattendus à la maison ont fait que le groupe qui faisait trembler les meilleurs même chez eux est devenu une proie facile pour ses adversaires au grand dam de toute une région ne respirant que football. Il est vrai que les problèmes financiers sont d'une acuité prenant des proportions monumentales ; mais Faouzi Ktari le président sortant n'en était point mieux loti et a souffert le martyr suite à la désaffection des mécènes locaux et leur réticence à renflouer les caisses. Mahmoud Aboud a beau avoir tenté de colmater les brèches, arrondir les angles, rien n'y fit. Finalement, et suite aux incidents ayant eu lieu en Egypte lors du dernier déplacement des troupes au pays du Nil dans le cadre de la coupe de la CAF, les autorités locales destituèrent Aboud et enjoignirent au comité des sages de prendre les choses en main en attendant la tenue des assises de l'AG élective incessamment. Mais ce qui urge pour l'heure pour les centristes, c'est la cohésion inébranlable autour du groupe dans le dessein de récolter ce tout petit mais ô combien précieux point pour sauver définitivement sa tête contre La Marsa à la maison. Une parité valant son pesant d'or contre un adversaire direct luttant encore pour le maintien. Mohamed Kouki que nous avons approché à maintes reprises depuis son avènement à Gafsa a toujours fait part d'un malaise latent freinant son travail. Par respect pour les couleurs locales impliquées lourdement dans la course au maintien, il s'est toujours abstenu de révéler le fin fond de sa pensée. Mais aujourd'hui que les affaires semblent avoir pris une très bonne tournure volet maintien, il s'est enfin ouvert à nous avec beaucoup de franchise mais également un zeste d'amertume. Entretien :
Le Temps : On peut dire qu'avec cette victoire valant son pesant d'or ramenée du nord où les protégés de Larbi Zouaoui sont réputés difficiles à manier dans leur 15 octobre vous a fait le plus grand bien. Une victoire conjuguée aux malheurs des concurrents directs pour le maintien Jendouba et La Marsa comme cerise sur le gâteau ? Mohamed Kouki : On peut dire. C'est une victoire très précieuse pour nous en cette phase cruciale du championnat où toutes les cartes sont tellement inextricables et d'une complexité telle que le fait d'entrevoir enfin le bout du tunnel nous est fort salutaire.
Une victoire qui a fait jaser certains faut-il le souligner, vu la différence de calibre actuellement entre Bizertins et Gafsiens. Et pourquoi le cacher, votre exploit est entré dans la rubrique englobant les succès glanés de l'ASK devant le ST ou celui de l'ASM contre le CSHL ? Je vous vois venir avec ces insinuations vraiment déplacées ! Pour votre gouverne, le CAB a joué honnêtement le coup et je l'en remercie pour son respect de l'éthique. Je vous signale également que nous avons tremblé les 15 dernières minutes suite au forcing local car le match de la coupe de la CAF pesait physiquement et mentalement sur mes troupes
Mais l'affaire nous parait quasiment pliée du moins sur le plan théorique car on vous voit mal caler à la maison et ne pas pouvoir récolter le point salvateur de la parité à l'ultime ronde de l'exercice en cours ? Au risque de vous surprendre, je puis vous assurer que jouer la parité est la pire des solutions car on peut se faire surprendre bêtement dans l'affaire. Nous allons jouer la sécurité mais tabler surtout sur la victoire.
Donc selon vous, quels seraient les candidats au purgatoire à 90' du rideau final ? Jendouba est très mal lotie à moins d'un miracle. La Marsa risque également de laisser des plumes lors de la dernière journée. Deux équipes vaillantes et pratiquant du beau jeu mais c'est la loi du sport. Dommage.
Lors de vos déclarations antérieures sur nos colonnes, vous avez fait état d'un malaise dans l'exercice de votre fonction évoquant certains cas d'indiscipline parmi le groupe non sanctionnés comme il se devait. Les fautifs se targuant de disposer d'un solide parapluie protecteur. Si vous étiez plus explicite maintenant ? Plusieurs cas et pas seulement un seul ! Gassouma pas payé et ne s'entraînant pas correctement car grandement perturbé, a été prié de rejoindre les espoirs. Mahmoud Aboud l'a ramené de force parmi le groupe. Evidemment, contre l'USMO je ne l'ai pas convoqué parmi les 18 et un accrochage d'avoir lieu entre le président et moi. Lors du voyage en Egypte, Moez Ben Thabet ne figurait pas sur la liste des partants. En montant à bord de l'avion, je le trouve parmi l'effectif convoqué pour le match. Pire, dans le dessein de réserver des places pour ses amis et proches, le président barra du voyage trois joueurs que j'avais pris le soin de convoquer pour ce périple en l'occurrence : Nabil Tlijani, Faouzi Khmila, et Afif Snoussi. Une autre altercation avec lui et j'ai failli descendre de l'appareil. Sans oublier sa tentative de priver le préparateur physique du voyage et n'eut été mon refus catégorique de partir seul en Egypte, il l'aurait laissé à la maison. Autre pomme de discorde : l'éviction de l'entraîneur des gardiens Mohamed Mhadhbi sans qu'il ne soit remplacé.
Mais pareilles faveurs et incohérences ne sont pas de nature à instaurer le laisser aller, le laisser faire parmi le restant des joueurs ? Ne risqueraient-elles pas d'encourager certains d'entre eux à en faire autant encouragés par ce laxisme protectionniste du président ? Allez le lui faire comprendre ! Mais je ne l'en blâme nullement du reste du moment que de tout temps il a été habitué à gérer les affaires du club de la sorte. Rappelez vous l'éviction de Ben Thabet contre la CA à Bizerte l'année dernière !
Le voyage en Alexandrie n'a pas été de tous repos croyons nous savoir ? Et comment ! Les problèmes ont débuté déjà à TunisCarthage quand il a exigé que les membres des staffs technique et médical payent leur timbre fiscal de leur propre poche. Et bien sûr nous avons refusé et menacé de rebrousser chemin.
Mais une fois sur place, la situation ne s'est pas améliorée pour autant ? Pas du tout. Après la séance d'entraînement à notre arrivée, l'eau courante étant coupée et la nourriture immangeable à l'hôtel, certains joueurs affamés et éreintés par 4 h de bus ( GafsaTunis) et 3h d'avion ont rejoint un restaurant limitrophe pour se sustenter juste pour une petite heure en dépit des consignes du président de ne point quitter l'hôtel. Des joueurs réputés pour leur sérieux : Hafedh Guitouni, Anis Nabhani, Sabeur Mhamdi, Mohamed Boudabous, Ahmed Hlali, Hamza Ladab, Bassem Nafti et Nabil Missaoui.
Quelle a été la réaction du président à leur retour du restaurant ? Il leur a tout simplement donné leur passeport et enjoint de prendre des voitures de louage pour regagner la Tunisie. Sans omettre au passage de frapper Boudabbous. Ils ont passé la nuit dans un autre hôtel où je les ai joints pour les rassurer de circonscrire le problème. En effet le lendemain et suite aux interventions du SG et du délégué, Aboud accompagné de Moez Ben Thabet est allé les chercher et leur présenter ses excuses. Il a promis également de leur fournir des excuses par le biais des médias pour les avoir diffamés mais il s'est rétracté par la suite. D'ailleurs ils ont joué juste sous mon insistance mais une fois à Tunis ils ont regagné directement leur domicile.
Avouez que dans pareilles conditions le football et la concentration étaient à des années lumière des joueurs ? Exactement. Mais Mr le gouverneur de Gafsa suivant minute par minute toutes les péripéties de l'affaire m'a téléphoné m'enjoignant de calmer et d'apaiser les troupes en Egypte et qu'à notre retour au bercail bien des choses changeraient.
Vous voulez parler de la prise en main des affaires de Gafsa par le comité des sages ? En effet à notre retour, Dr Khaled président de ce comité était à nous attendre et nous a informés du changement à la tête D'EGSG. Mr Abdelaziz Ben Taleb ex-président du club a offert également 1000 dinars sous la douche aux joueurs suite à leur victoire à Bizerte.
Donc pour l'heure tout est rentré dans l'ordre ? Oui je l'espère car nous avons trop souffert par le passé suite aux errements de Aboud. Je veux souligner que je n'ai aucun problème avec lui comme personne. Mais comme président, aucune entente entre nous deux.
On comprend donc avec ces changements que vous allez rempiler à Gafsa ? Pourquoi pas ? Je m'y plais beaucoup ici et les conditions de travail sont excellentes. Mais je vais discuter ultérieurement avec les responsables de cette question une fois la saison terminée.
Des offres déjà dans votre escarcelle ? Oui. Maghreb Fessi et d'autres écuries locales dont je ne puis pour l'heure révéler l'identité.
Nous vous laissons comme de coutume la latitude de clôturer ce fructueux entretien ? Je voudrais exprimer ma réprobation à l'endroit de mon collègue Ridha Akacha qui sur antenne s'est permis de critiquer ma personnalité et de la descendre en flammes. Qu'ils fasse une analyse technicotactique de la rencontre passe ; mais outrepasser ses prérogatives et stigmatiser ma personnalité me parait inadmissible de sa part et je m'insurge en faux contre pareilles allégations gratuites et non fondées de la part d'un entraîneur qui plus est. Mes remerciements aux autorités de Gafsa, au comité des sages d'EGSG, au public local et au journal le Temps qui m'a permis d'élucider toutes les zones d'ombre se rapportant à mon conflit ouvert avec Mahmoud Aboud. Entretien conduit par Mohamed Sahbi RAMMAH