Une rumeur circule depuis quelques jours dans les différents espaces publics et privés, du démantèlement d'un réseau de trafic d'organes d'enfants enlevés et ce dans l'un des quartiers chics de la capitale. Cette information " informelle " qui circule de bouche à oreille et même sur la toile d'Internet sème la panique auprès des citoyens surtout les parents ayant peur pour leurs progénitures. Sans source fondée, elle n'est pas plausible d'autant plus que la greffe d'organe exige une organisation logistique et scientifique très pointue. En fait, c'est une information illogique sans aucun sens d'après les spécialistes dans le domaine. " Il est impossible de garder les organes dans une banque ", nous déclare le Pr Mohamed Chebil, Directeur du Centre National pour la Promotion de Transplantation d'Organes. " D'ailleurs il n'existe nulle part dans le monde une banque spécialisée dans la conservation des organes ", d'après lui. Et ce pour la simple raison que " les délais de transplantation d'organes sont très limités dans le temps. Car il est difficile de les conserver longtemps en dehors de l'organisme ". Entre autres, " le rein ne peut pas rester plus de 24 heures en dehors de l'organisme ", d'après le spécialiste. " Idem pour le cœur qu'il faut le greffer au bout de quatre heures et le foie au bout de12 heures ", confirme le directeur du centre. D'ailleurs le spécialiste considère que " ceux qui font circuler ce genre de rumeurs sont ignorants et ne savent pas de quoi ils parlent exactement ". Cela représente autant de préjudices moraux à l'activité de greffe d'organe dans notre pays. Activité dont il faut dire qu'elle est structurée et s'effectue exclusivement dans les centres hospitaliers étatiques. La loi tunisienne est également rigoureuse par rapport à cette question car elle interdit strictement le trafic d'organes. Mais comment s'alimente cette fausse information ? " La rumeur se définit comme étant le bruit qui court et la nouvelle qui se répand dans le public dont l'origine et la véracité sont incertaines ". Elle se propage par voie orale (de bouche à oreille) et même via Internet. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont de moyens plus rapides pour diffuser cette rumeur. C'est sur le fameux site " Facebook " que les internautes échangent " l'information " ainsi que d'autres celles qui sont relative à l'enlèvement des mômes dans les jardins d'enfants...Ce support ayant pour principal rôle de faire circuler l'information en un temps rapide semble changer de vocation d'un jour à l'autre. Les navigateurs sont piégés à l'instar des simples citoyens par de telles rumeurs qui semble se développer au fil du temps. Sana FARHAT -------------------------------------- Historique du concept " rumeur "* Le concept-rumeur " trouve ses origines dans les recherches de la psychologie judiciaire entreprises à partir de 1902 par l'Allemand Louis William Stern, qui, le premier, a exposé le " protocole expérimental " de la rumeur. Celui-ci est devenu depuis lors l'un des exemples les plus classiques de la psychologie sociale (et des colonies de vacances, grâce à son côté ludique) : il s'agit de créer une " chaîne de sujets ", qui se passent une histoire de bouche à oreille, sans droit à la répétition ou à l'explication ; à la fin, on compare l'histoire racontée par le premier sujet et celle racontée par le dernier ; naturellement, l'histoire est au mieux tronquée, au pire déformée. Stern ne poursuivra pas ses recherches plus avant, mais il verra passer dans son laboratoire un jeune étudiant américain, Gordon Allport, qui reprendra les recherches à partir de 1945 et en fera un immense succès de librairie. Le concept parviendra enfin en France à la fin des années 1950, par le truchement d'un cours en Sorbonne donné par Guy Durandin.
Les mécanismes de la rumeur Les rumeurs obéissent à une logique et à des règles dont il est possible d'analyser les mécanismes. La majorité des rumeurs sont produites spontanément, elles ne sont pas le fruit d'un complot mais d'un mensonge, de "paroles en l'air" dont un groupe ou une société se saisit, pour diverses raisons, et l'amplifient ainsi. Il semble que le besoin de "partir en croisade" conduit certaines personnes à s'emparer de rumeurs et à les propager afin de se donner une importance, un rôle social dont elles seraient habituellement dépourvues. La rumeur offre parfois une explication simplifiée et rassurante de certains problèmes de société, expliquant ainsi son succès. Un certain nombre de rumeurs politiques sont créées intentionnellement dans le but de discréditer un opposant, ou encore de faire passer un programme politique.