Comme un acrobate qui aurait lancé une multitude de balles à la fois, Barack Obama jongle avec les crises. A partir d'aujourd'hui, il va ajouter à son jeu le Proche Orient, une balle dangereuse qui peut exploser à tout moment. Un véritable ballet diplomatique va avoir lieu à partir d'aujourd'hui avec pour épicentre Washington. La nouvelle administration semble vouloir prendre le taureau par les cornes pour un règlement au Proche Orient. De nouvelles énergies se déploient. Le roi de Jordanie à Washington puis à Damas, le président turc à Damas, le premier ministre israélien en Egypte puis à Washington, les présidents américain et palestinien à Washington, le président israélien à Amman, le président américain au Caire, les consultations s'intensifient pour remettre le processus de paix sur les rails, en panne depuis des années. Ce sont deux mots qui pèseront lourd sur la scène internationale à l'occasion de ce match qui opposera Obama à Netanyahu : " deux Etats " et " intérêt national " des Etats-Unis bien évidement. La solution des deux Etats est aujourd'hui l'un des chemins obligés d'un accord avec l'Iran, de ce grand deal sans lequel les Américains ne peuvent ni se sortir des guêpiers irakien, pakistanais et afghan, ni obtenir que Téhéran renonce à ses ambitions nucléaires. Ceci est devenu un enjeu stratégique important pour Washington. Mais pour Netanyahu, partisan d'une nouvelle approche, il est plus urgent de stopper les projets nucléaires de l'Iran considéré en Israël comme une menace existentielle, que de renoncer au dialogue avec les Palestiniens, une approche qui suscite l'inquiétude internationale. Netanyahu sait qu'Obama l'attend de pied ferme sur la question mais en insistant sur cette dernière exigence, le Premier ministre israélien espère toucher la corde sensible des communautés juives américaines et partant repousser définitivement le début du processus. Il veut séduire les juifs américains mais feint-il d'oublier que ces juifs ont voté à 78% en faveur de Barack Obama et que d'une façon générale, les Américains sont aujourd'hui moins disposés à l'égard d'Israël qu'ils ne l'étaient il y a quelques années. Que va proposer Barack Obama ? Selon le roi de Jordanie, les Etats-Unis prônent un plan de paix prévoyant une solution à 57 Etats par laquelle la totalité du monde arabe reconnaîtrait Israël. Selon lui, l'avenir n'est pas le Jourdain, ni le Golan, ni le Sinaï, l'avenir est le Maroc sur l'Atlantique et l'Indonésie sur le Pacifique. On se trouve aujourd'hui face à un climat différent voire nouveau dans la région avec une nouvelle phase incluant davantage de parties. Les pays arabes qui risquent d'entrer dans cette nouvelle logique israélo-américaine risquent de sortir sans obtenir les résultats escomptés en ce qui concerne le sort de la Palestine. Il faut peut-être attendre non seulement le résultat du match Obama -Netanyahu qui, espérant le, ne sera pas négocié d'avance, mais aussi le contenu du discours que le président américain prononcera à l'adresse du monde musulman le 4 juin au Caire. Le temps n'est plus aux palabres mais aux actes.