Cent pour cent tunisienne, voilà la première fierté qui ressort de cette finale de coupe de Tunisie. Entraîneurs et surtout trio arbitral autochtones ; Slim Jedidi s'est vu octroyé l'honneur de diriger cette fête, animant cette après-midi d'exception pour clôturer l'actuelle saison. Soleil de plomb, éclatant sur le joyau de la méditerranée qui accueille la première qualification monastirienne à ce stade de la compétition. Rendez vous avec l'histoire de cette jeune et ambitieuse formation pour « couronner un cycle, le mérite de toutes les générations » comme inscrit sur la banderole de leur « Dakhla ». Pourtant, l'entame de la rencontre fut trébuchante, hésitante pour les deux finalistes, caractérisée par les imprécisions dans les passes et les maladresses dans l'évolution avec le ballon, occasionnant un jeu haché et des actions sans aucun danger. Ce n'est qu'à la 13ème minute qu'on assistait à la première véritable occasion et elle était sfaxienne ; une petite échappée de Nafti dans le couloir droit et une passe en retrait à Blaise Kwassi qui relève trop son tir. Sinon les offensives « Noir et Blanc » valaient par leur organisation et celles monastiriennes par une grande vivacité surtout quand le ballon parvenait à Hannachi ou Ben Belgacem ; les deux nouveaux sélectionnés par Coelho, galvanisés par leur nouveau statut d'internationaux. Mais le dispositif tactique sfaxien prenait en considération ce dangereux duo puisque, outre les joueurs du milieu ; Mrabet, Nafti, Hammami et Jaouhari, Blaise Kwassi reculait rapidement d'un cran pour participer au marquage et récupérer des balles en privant les feux follets adverses. Les protégés de Rhim se trouvaient, en cette première mi-temps, continuellement sur la défensive, contraints de commettre des fautes, ignorées en grande partie par l'arbitre Slim Jedidi. Leur défense eut fort à faire pour contrer les assauts de Nafti en excentré gauche puisque Ben Amor ne montait pratiquement pas pour avoir à l'œil Ben Belgacem, contenir les chevauchées de Bel Haj Messaoud sur la droite, les percées de Kwassi au couloir central et la puissance de Da Silva dans les 16 mètres 50. Khalloufi passait une première période tranquille et sans être réellement inquiété, sa zone gardée comme il se doit par les deux tours solides composant l'axe ; Rouid et Mardessi intransigeants dans leur marquage sur Essifi. Sans être époustouflante, la première période était à l'avantage des Sfaxiens qui ont fait preuve de plus d'assurance ainsi que de maturité tactique pour neutraliser les points forts de leur adversaire consistant essentiellement en la vivacité de leur trio ; Ben Belgacem, Hannachi et Essifi.
La seconde mi-temps : mieux sans être au mieux ! Il manquait manifestement un métronome à la formation des « Bleu ciel » pour poser le ballon et mettre de l'ordre au milieu. Ce fut chose faite avec l'incorporation de Ben Abdelkader à la place de Boukaraâ. Contrairement au début de la rencontre, celui de la seconde mi-temps démarrait en trombe. Les 22 protagonistes avaient à cœur de rehausser le niveau et de jouer leur va-tout mais, encore une fois, les protégés de Ghazi Ghrairi étaient plus menaçants. Ils faillirent marquer dans les dix premières minutes par le biais de Kwassi, lobant bien le gardien pour flirter avec la transversale. Ensuite, c'est au tour de Da Silva de dépasser le défenseur, de se présenter devant le gardien monastirien et de rater complètement son tir. Le rythme s'est considérablement haussé et Ben Abdelkader donnait plus de stabilité au milieu, libérant Hannachi qui pouvait, désormais avancer. Les Sfaxiens continuaient à harceler une défense monastirienne bien positionnée et un gardien sur le qui vive et concentré. Les Sfaxiens variaient leurs attaques et changeaient le jeu par des transversales bien travaillées mais ils se heurtaient, à l'arrivée à Hmani, Khechach, Ayari, Ntobo ou Bookong sans oublier Braïki le dernier rempart. Avant dix minutes de la fin, ce fut au tour de Gmamdia de suppléer Jaouhari côté sfaxien et Walid Trabelsi prit la place de Ben Belgacem. Da Silva reçoit la balle dans le dos de la défense et se retrouve face à Braiek mais ce dernier n'hésite pas à aller au devant de l'attaquant pour sortir la balle en touche. Ce même Da Silva rate le coche dans le temps additionnel et Kwassi récidive en envoyant la balle au petit filet après un excellent centrage de Gmamdia. Juste après, l'arbitre signe la fin de la rencontre faisant durer le rêve pour les Monastiriens et le suspense pour le public présent. Un rêve qui faillit prendre corps après trois minutes de la prolongation quand Hannachi intelligemment feinte la passe en ignorant le démarrage de Ben Abdelkader à sa gauche pour centrer sur la tête de Hichem Essifi mais Khalloufi le prive d'ouvrir la marque par un extraordinaire arrêt reflexe. Les Monastiriens, logiquement plus frais physiquement en ce début de prolongation, faisaient la différence par la vitesse, la ruse de leur dynamo Hannachi et la puissance de leur numéro 9, Essifi. Mais c'est Da Silva, encore lui, qui rate une balle précieuse à une minute de la fin des premières 15 minutes ou pour rendre à César ce qui lui appartient. Marouen Braïek qui sauve ses buts et son équipe du bout du pied. La fatigue faisant, les joueurs entamaient la dernière ligne droite avec moins de jus optant pour les tirs de loin n'ayant pas la force d'aller jusqu'au bout de leurs intentions et de pénétrer dans la zone de réparation. Hmani ne put résister à cette tension et commit l'irréparable en additionnant le second carton privant ses camarades de son soutien défensif pour le money time de ce long et éprouvant match. Expulsion fatale pour les siens puisque deux minutes plus tard, Hamza Younès conserve le ballon, s'infiltre dans la surface et se fait faucher par un défenseur, obtenant, in extremis un penalty. Merdessi la transforme dans la douleur et sur deux temps donnant la victoire aux siens et anéantissant les espoirs des joueurs et du public monastirien. Aïda Arab Achab