* Revoir le processus de négociations, favoriser l'unité nationale et respecter le droit humanitaire international * La mort de Arafat, un crime israélien qui ne doit pas être oublié L'ancien ministre palestinien des Affaires étrangères et ancien représentant auprès de l'ONU, Dr. Nasser El Kodwa, a donné, mercredi, une conférence sur la cause palestinienne. Le titre même de cette intervention est révélateur en soi des difficultés qui s'accumulent de jour en jour entravant une solution globale et équitable. Organisée par le Centre de la Ligue arabe à Tunis, la conférence a débuté par le mot de bienvenue de Monsieur Chedli Neffati, Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, chef du bureau de Tunis, au cours de laquelle il a rappelé le contexte défavorable que connaît actuellement la cause de la Palestine (divisions internes, agression contre Gaza et nouveau gouvernement en Israël) indiquant qu'il existe néanmoins des lueurs d'espoir après l'élection d'Obama, qui veut exercer des pressions sur Israël pour arrêter la colonisation et adopter la solution à deux Etats. Prenant la parole, le conférencier palestinien a énuméré un certain nombre de problèmes qui compliquent la cause palestinienne et rendent la solution difficile s'il n'y aurait pas une autre approche sur le plan palestinien interne et sur la manière de traiter avec Israël et la communauté internationale. L'échec du processus de négociations, la faiblesse des institutions de l'Autorité palestinienne, la confusion entre les missions de la libération nationale et la construction des institutions du nouvel Etat sont parmi les handicaps qui freinent la réalisation des objectifs palestiniens. Ce dernier point dénote d'ailleurs d'une situation inédite dans l'histoire des mouvements de libération nationale. A cela, il faut ajouter les effets de l'approche négative de l'administration Bush, qui a soutenu, huit ans durant toutes les politiques israéliennes aux dépens des aspirations légitimes du peuple palestinien. L'absence d'un leader de l'envergure de Yasser Arafat, qui a pu guicer avec son charisme et son aura, les différentes factions palestiniennes, est l'une des causes majeures, ajoute Dr. El Kodwa.
L'approche du Hamas, un problème de plus Le Hamas, selon le conférencier, n'a pu évoluer vers une vision qui fait la distinction entre le programme politique du mouvement et les objectifs de la libération nationale ce qui explique sa tendance à faire cavalier seul en refusant la cohabitation politique avec les autres mouvements palestiniens. Le coup de force à Gaza en est l'illustration. Ce mouvement, qui est aujourd'hui une force incontestable sur la scène palestinienne, doit également respecter la démocratie et ne pas l'utiliser juste comme tremplin pour arriver au pouvoir. Faire la différence entre l'aspect politique et idéologique d'une part et la présence au sein d'un gouvernement d'unité nationale chargé des missions de négociations et de libération est aussi une tâche qui s'impose au Hamas pour préserver l'unité nationale palestinienne et faciliter la réalisation des missions nationales de libération. Ce mouvement ne peut continuellement s'opposer au processus d'Oslo d'une part tout en étant présent dans des institutions créées dans le cadre du même processus.
Respecter le droit international humanitaire Le conférencier a mis l'accent sur la nécessité de concilier entre le droit légitime à la lutte nationale et le respect du droit international humanitaire pour éviter d'être taxé de terrorisme. Cibler les civils israéliens n'apporte pas, selon lui, de résultats bénéfiques à la cause palestinienne aux yeux de la communauté internationale. « En ne respectant pas le droit international, on encourage les autres à ne pas le respecter ». L'agression contre Gaza a été une illustration du manque total du respect du droit international humanitaire par Israël. Quant aux objectifs israéliens derrière cette agression barbare, M. El Kodwa a réfuté les allégations de connivence de l'Autorité palestinienne avec Israël, précisant que les objectifs étaient de punir davantage le peuple palestinien et d'obliger le Hamas à assouplir ses positions mais pas de chasser le Hamas du pouvoir à Gaza. La situation de division interne est le scénario toujours rêvé par Israël.
Revoir le processus de négociations L'avènement de l'administration Obama à la Maison Blanche offre, selon le conférencier, une opportunité pour le peuple palestinien à réaliser son Etat indépendant. Cette administration a « pris au sérieux » le dossier palestinien dès les premiers jours qui ont suivi l'élection de Barack Obama.
Pour la partie palestinienne, il est en revanche nécessaire d'insister sur l'arrêt de la construction des colonies de peuplement ( condition essentielle pour la réussite du processus de négociation), la solution à deux Etats comme objectif ultime tout en intégrant Al Qods comme capitale du futur Etat. L'administration américaine semble oublier ce dernier point !. Donner un aspect international aux négociations, ne pas compter seulement sur la partie américaine et bénéficier des instruments juridiques internationaux et des mécanismes onusiens devraient faire partie de la nouvelle approche des négociations que propose l'ancien ministre palestinien des Affaires Etrangères .
Faire la lumière sur l'assassinat du leader Arafat Nasser El Kodwa, qui préside par ailleurs le Conseil d'administration de la Fondation Arafat, a indiqué que l'élimination du leader Arafat était une décision israélienne et que la fondation continue à travailler pour faire la lumière sur ce crime. Le rapport des médecins français sur la mort de Yasser Arafat ne fournit pas tous les détails sur l'affaire mais mentionne quand même l'hypothèse d'empoisonnement. Ce dossier restera ouvert pour que ce crime israélien ne restera pas impuni, a conclu Dr. Nasser El Kodwa.