Un seul être vous manque est tout est dépeuplé ! Un adage que d'aucun parmi les millions de tunisiens ont évoqué en suivant samedi dernier l'évolution de notre onze national. Ou du moins les 75 premières minutes de tâtonnements d'un ensemble livré à lui-même, jouant à l'emporte pièce et sans la moindre idée directrice. Une mièvre partie de pousse ballon où les nôtres exception faite de deux éléments tout au plus rivalisèrent de maladresses, de football approximatif, de confusion. Il a fallu que le public tiraillé par les affres de la crainte d'un but égalisateur des mozambicains gronde sa peur et réclame son messie pour que Coelho se décide enfin à aligner le géomètre en puissance du groupe, Oussama Darragi. Du coup, la manœuvre de devenir plus fluide, les actions plus réfléchies, le jeu autrement plus plaisant et l'étreinte de se desserrer autour de notre zone. Garçon d'une timidité à la limite maladive depuis ses premiers pas à l'Espérance, possédant alors une silhouette frêle, maigrichonne pour une taille dépassant nettement ses coéquipiers, Darragi compensait ces « handicaps » ( ?) par une clairvoyance insoupçonnée, une vision parfaite de l'aire de jeu, une maîtrise totale des géométries du terrain, une technique raffinée associée à une frappe sèche, meurtrière depuis déjà ses premiers balbutiements avec les jeunes. Ses passages itératifs et prolongés à la salle de musculation au parc B lui furent bénéfiques en ce sens qu'il gagna en masse maigre, en charpente musculaire. La problématique soulevée par son incorporation jugée tardive par certains n'est pas prête de connaître son épilogue et pour cause. Le Nigeria, notre concurrent principal pour le sésame autorisant le voyage en Afrique Du Sud est dans une petite semaine. S'amuser à rééditer la petite sortie contre les mozambicains, et on se ferait sans coup férir larguer, ramasser à la petite cuillère par l'imposante armada nigériane ; Un ensemble forçant le respect, truffé d'individualités de valeur, rompu aux compétitions du haut niveau. Pour preuve si besoin est, la dernière sortie des coéquipiers de Michael Enéramo devant les tricolores dans l'hexagone même piégeant les ex champions du monde sans la moindre contestation possible. Les avis demeurent tout de même partagés quant à la titularisation d'entrée du jeune prodige Darragi ce dimanche. Faut il l'injecter d'emblée dans la bataille ou temporiser et voir venir ? Assurer dès le départ ses arrières avec une main mise initiale sur les débats ou le garder au chaud pour le dernier coup de rein avec un adversaire déjà sur les rotules ? Oui mais qui nous garantit qu'en épousant cette stratégie, les carottes ne seraient pas définitivement cuites avec un passif difficile à remonter, une ardoise lourde à effacer ? Vaste programme pour notre staff technique qui se doit de bien jauger avec minutie les arguments en faveur de l'une ou de l'autre des alternatives ; et non sans avoir présent à l'esprit cependant ce vieux dicton : « Tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin elle se brise... » Nous avons approché nos techniciens pour nous donner leur avis sur cet épineux dilemme. Mais une précision s'impose tout de même : par cette prospection, nous ne nous immisçons d'aucune manière dans les affaires techniques de notre staff qui demeure le seul maître à bord et l'unique à choisir la façon idoine d'appréhender les débats et de piéger nos illustres hôtes. Gageons avant de conclure que Coelho-Mejri nous sortirons une prestation d'une tenue technicotactique à la hauteur de l'évènement avec au soir de ce dimanche neuf points dans notre escarcelle et des nigérians largués à cinq (5) longueurs ; rien que moins. C'est tout le mal que nous souhaitons à nos troupes.
Nabil Kouki (CA) : Une tempête dans un verre d'eau ! Je suis vraiment sidéré, voire indigné par la réaction de la rue et par l'ampleur des critiques déplacées et injustifiées du reste, par tout un chacun suite à l'incorporation de Darragi en fin de match contre le Mozambique. Une authentique tempête dans un verre d'eau. Et d'aucun de s'improviser analyste et de se mettre à la place et dans la peau du sélectionneur. Un exercice où mes compatriotes ont toujours excellé la saison durant et à l'endroit de leurs propres couleurs. L'essentiel pour nous est de gagner, nous l'avons fait, que demander de plus ?
Taoufik Zaaboub (ex-ESS) : Un régisseur indispensable Nous avons indiscutablement manqué contre le Mozambique d'un relayeur, un élément en mesure d'assurer la liaison entre les compartiments. En un laps de temps très réduit, Darragi a inscrit un but et a offert à Ghariani un cadeau royal. Que demander de plus ? Le Nigeria est le client autrement et de loin le plus redoutable des autres adversaires de notre poule, il s'agit de le presser, de jouer en profondeur dans sa défense, dans le dos de ses défenseurs. Seul Darragi est à même d'alimenter nos véloces attaquants
Mahmoud Ouertani (ST) : Son profil est indispensable Voilà un stratège qui a manqué aux nôtres lors de notre dernier match en constituant à n'en point douter le maillon faible du groupe. Je le répète, qu'il s'appelle X ou Y importe peu, l'essentiel, c'est que ce profil de stratège soit rentrant, titulaire indiscutable à part entière. Mais, on ne peut le comparer aux Tarek, Agrebi, Souayah, Kanzari. S'agissant actuellement d'un autre football régi par des critères différents.
De Morais (ex-EST) : Seule la victoire compte Je ne veux pas intervenir dans la titularisation ou pas de Darragi. Mon collègue national connaît bien son groupe et sait pertinemment ce qu'il doit faire selon la stratégie qu'il aura arrêtée. Pour moi, si Darragi est aligné, je serai heureux pour lui, car c'est un garçon attachant, gentil et surtout pétri de qualités, et tout entraîneur est comblé quand il peut disposer d'un garçon comme Oussama. Mais s'il garde le banc quand même, je serai heureux pour celui qui va le remplacer. Ce qui compte contre le Nigeria, c'est la victoire et les trois points, tout le reste n'est que de la littérature.
Ameur Hizem (ex- sélectionneur) : Titulaire indiscutable Il faut laisser l'entraîneur national libre de ses mouvements et ne point lui dicter ce qu'il a à faire. Cependant, et pour répondre à votre question, je vous affirme sans la moindre hésitation que Darragi est une valeur sûre en dépit de son jeune age. Un vieux proverbe stipule que la valeur n'attend pas le nombre des années. Rappelez-vous les Tarek Dhiab, Nejib Ghommidh, Khaled Guesmi, Mokhtar Dhouib, Ali Kaabi, etc., je les ai tous lancés dans le grand bain de la sélection à l'époque ,alors qu'ils n'avaient qu'une moyenne d'age de 18-19 ans !
Lotfi Jbara (ex-JS) : Darragi, l'incontournable Pour l'avoir entraîné alors qu'il était encore chez les jeunes (junior), Darragi pour moi était depuis cette période le futur patron indiscutable du milieu de l'Equipe Nationale. Et ce, en dépit de sa physionomie à l'époque très fragile. Contre le Nigeria, on aura besoin d'un garçon de sa trempe en mesure de canaliser le jeu, de soutenir le rythme à sa guise, et surtout de distiller les ballons jouables à ses attaquants.