*Produire plus en exploitant mois d'espace. *Le secteur reste prometteur, malgré les aléas
L'Office National de l'Huile a entamé hier les journées d'études pour le développement de l'oléiculture à huile, lesquelles études tombent à pic pour renforcer un secteur qui n'a cessé de donner satisfaction à l'économie nationale et d'être à la base d'une balance commerciale alimentaire excédentaire durant les dernières années. En effet, l'huile d'olive a généré à l'exportation respectivement 700, 450 et 900 millions de dinars durant les trois dernières années, soit une moyenne annuelle de 680 millions de dinars, ce qui a été à l'origine d'une balance commerciale alimentaire excédentaire (Taux de couverture : 122 %). Ceci n'a pas empêché ce secteur d'être caractérisé par une instabilité de résultats qui a énormément influé sur sa position dans le marché international. La Tunisie a produit 300.000 tonnes d'huile d'olive en 1996-1997 et 30.000 tonnes (soit le dixième) en 2001-2002. Un pareil constat ne saurait contribuer à renforcer la position de notre produit surtout que la concurrence internationale ne cesse de s'organiser. Difficultés structurelles Dans son allocution d'ouverture, le ministre de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, Habib Haddad a d'ailleurs confirmé ces difficultés : « Alors qu'il nous faut un minimum de production de 150.000 tonnes pour stabiliser notre position sur le marché international de l'huile, les parcelles irriguées (à la base de cette stabilité) ne dépassent pas 2% des exploitations, le mode d'entretien (taille, fertilisation et labour) est traditionnel, la rentabilité économique et la productivité sont très faibles. Même le package technologique, adopté pour la mise à niveau, n'est pas bien appliqué pour prétendre aux résultats escomptés. La quantité ne peut, à elle seule, assurer le résultat. Il faut assurer, à la fois, la densité élevée des arbres, la fertilisation, la préparation du sol et le bon choix des variétés... » Objectifs Face à cette situation et pour garantir un meilleur, et surtout un constant résultat du secteur de l'oliveraie, plusieurs mesures sont appelées à être appliquées : d'abord, la garantie d'un minimum requis de production par l'implantation d'un noyau de culture irriguée à la place des vieilles plantations et faire une campagne de sensibilisation adéquate. Ensuite, la découverte des variétés qui s'adaptent au climat et au sol tunisien par le biais de recherches. Enfin, l'amélioration de la qualité de l'huile d'olive tunisienne et son adaptation aux tendances des consommateurs. Ces objectifs semblent possibles à réaliser si on parvient à affronter d'une manière rationnelle les difficultés conjoncturelles telles que celles que vivent les oléiculteurs, les oléifacteurs et les exportateurs depuis la fin de la saison écoulée. Mourad SELLAMI
Le coup de colère du PDG de l'ONH Dans un petit point de presse improvisé en marge des journées d'études pour le développement de l'oléiculture à huile, le PDG de l'Office National de l'Huile, a exposé devant un groupe de journalistes la stratégie nationale en la matière. Et comme on ne pouvait aborder les problématiques de ce secteur sans aborder ses difficultés conjoncturelles qui ont été, encore une fois, soulevées par les professionnels (oléiculteurs et oléifacteurs), Le Temps a essayé de connaître la position de l'ONH par rapport à cette question, le PDG a alors piqué un coup de colère et refusé net d'en parler. Ce n'est sûrement pas de cette façon qu'on sera à l'écoute des doléances des professionnels et qu'on résolvera leurs problématiques. Car, s'il est important de parler de stratégie, il est essentiel d'explorer les difficultés à aplanir pour, justement, appliquer cette stratégie. Informer, et non se dérober, en est la pierre angulaire. M.S.
Juan Caballéro, Conseil Oléicole International « La mise à niveau a permis d'augmenter la production en réduisant la superficie » L'Espagne a toujours été le premier producteur mondial de l'huile d'olive. Sa situation en pôle position ne l'a pas empêché de penser depuis le milieu des années 1970 à mettre en valeur ce secteur qui présentait des signes d'essoufflement. Juan Caballéro s'explique : « Les études ont montré qu'il fallait réduire la superficie et augmenter la production. Un passage était inévitable d'une oléiculture traditionnelle à une oléiculture moderne. Des transformations ont été opérées dans le secteur. La densité est passée de 70-80 arbres à 200-250 arbres par hectare, 56 % de l'oliveraie était passée d'une production d'huile inférieure à 1000 kg à plus de 2000 kg par hectare. Une bonne partie de l'oliveraie a été arrachée et une superficie de 26.000 hectares d'oliviers irrigués est entrée en production. Au bout d'une vingtaine d'année, la production d'Espagne en huile d'olive a doublé. » M.S.
Mongi Gahbiche, oléiculteur: « les professionnels risquent les spéculateurs ou l'asphyxie, l'huile d'olive ne trouve plus facilement preneur » Dans l'olivier depuis son jeune âge, cet homme de terrain est mécontent : « les professionnels et le secteur passent par une période difficile. L'Office National de l'Huile, qui servait de repère dans le passé, n'assume plus son rôle. Les oléiculteurs et les oléifacteurs ne savent plus sur quoi indexer leur prix. Avec ce qui s'est passé l'année dernière et les pertes sèches connues par les opérateurs, les gens sont plutôt prudents. On s'est retrouvé dans une situation où les oléifacteurs demandent aux cultivateurs de prendre leur huile car ils ne sont pas sûrs de son écoulement à un prix avantageux. Cette situation d'incertitude risque d'asphyxier les opérateurs ou de les mettre sous la coupe des spéculateurs. L'huile d'olive mérite un meilleur sort. Les structures officielles sont appelées à nous tendre la main. »