Malgré la mise en place de plusieurs structures d'accompagnement et de financement appropriées, diverses difficultés continuent d'entraver le lancement de projets innovants en Tunisie, à en juger par les travaux du premier Forum des projets innovants tenu, avant-hier, au siège de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), à Tunis, à l'initiative de la Chambre de commerce et d'industrie de Tunis et de l'Association tunisienne des inventeurs. Pour sa première édition, la manifestation a polarisé un grand nombre d'inventeurs et de porteurs de projets qui ont été informés des mécanismes de financement et d'aide à la concrétisation de leurs idées par les responsables des services administratifs et institutions concernées. Ils ont pu, à leur tour, faire part des problèmes qu'ils rencontrent dans ce domaine, s'agissant notamment de l'accès au financement.
Améliorer le taux de réussite MM. Mounir Mouakhar, président de la CCI de Tunis, et Mohamed Boudegga, président de l'ATI, ont émis l'espoir de faire de ce Forum, une manifestation annuelle et de l'élargir au niveau national et mondial. Son organisation entre dans le cadre d'une convention de coopération conclue en novembre 2008 entre ces deux structures La création des entreprises et l'innovation sont deux composantes principales de la stratégie nationale de développement, mais, comme il a été signalé, au cours de ce Forum, le taux de réussite des entreprises nouvellement créées en Tunisie s'élève à 50% et mérite d'être amélioré en encourageant la création des entreprises innovantes sur des assises solides, à travers la capitalisation des résultats de la recherche, et l'exploitation industrielle des brevets d'invention. Dans cette optique,les inventeurs présents dont beaucoup sont des lauréats de prix nationaux et internationaux, et les jeunes promoteurs en général, assistant à la rencontre, ont accueilli, avec satisfaction, la mise en place du nouveau Fonds d'aide à l'amorçage, administré par la société IKDAM GESTION, qui aide les inventeurs à concrétiser leurs brevets d'invention sous forme de prototypes, en acceptant ces brevets d'invention comme apport en nature au Capital des entreprises créées à cet effet, avant le passage à l'exploitation industrielle proprement dite. En effet, les risques inhérents aux inventions et aux innovations constituent l'une des difficultés principales qui entravent le financement de l'exploitation industrielle des brevets d'inventions et des innovations de la part des établissements de financement traditionnels, comme les banques. Les SICARS préfèrent aussi financer les innovations sûres, dont la rentabilité et la commercialisation sont garanties. L'inventeur doit alors prendre en charge lui-même les opérations d'évaluation de son brevet d'invention et de mise au point des prototypes, ce qui est très coûteux. D'autant qu'en Tunisie, il n'existe pas d'organismes compétents pour évaluer les brevets d'invention et il faut s'adresser à des organismes étrangers pour le faire, ou se contenter de l'avis d'un expert près des tribunaux. Comme l'a fait remarquer un conférencier, un brevet d'invention de très haute technologie a été évalué à 300 millions de milliards de dollars, de sorte que l'acceptation des brevets comme apport en nature au Capital des sociétés destinées à les valoriser industriellement est de nature à promouvoir les projets innovants, car l'évaluation est effectuée sur le compte de l'entreprise destinée à exploiter ce brevet d'invention. Les charges de l'inventeur s'en trouvent, ainsi, considérablement allégées. Le Forum a permis aussi de mettre en relief le rôle que peuvent remplir les structures d'accompagnement et les organisations de la société civile dans ce domaine. Ainsi, l'Association tunisienne des inventeurs a fait des démarches pour faire bénéficier les inventeurs des avantages de la procédure d'essaimage, en encourageant les entreprises publiques et privées à les parrainer dans ce domaine, même si les intéressés ne font pas partie des personnels de ces entreprises, car certaines entreprises adhérentes au programme national d'essaimage acceptent de parrainer les divers projets qu'ils soient ou non liés à leur activité principale. Les centres d'affaires opérant sous la supervision des Chambres de commerce et d'industrie rendent également des services notables aux jeunes promoteurs pour les aider à réaliser leurs projets innovants. Des mécanismes plus anciens ont été mis en place pour promouvoir le lancement des projets innovants, en Tunisie, à l'instar du régime d'incitation aux technologies de l'information et de la communication qui aide au financement des projets innovants en matière des TIC. Ce régime peut prendre en charge jusqu'à 49% du Capital de sorte qu'avec la participation d'un SICAR à hauteur de 49% au projet, l'apport du promoteur reviendrait à 2%, seulement. Il faut signaler, aussi, la prime de Recherche pour le Développement instituée dans le cadre du Code d'incitation aux investissements. La manifestation a constitué aussi une occasion pour présenter un ensemble de projets innovants qui vont être réalisés, et elle a offert aux inventeurs et porteurs d'idées innovantes l'opportunité de connaître les plus courts chemins à suivre pour les concrétiser.