Le Temps-Agences - Le Fatah parachevait hier la mise en place d'une nouvelle direction après avoir rajeuni sa principale instance lors du premier Congrès en 20 ans de ce parti qui a dominé la scène politique palestinienne avant de dégringoler face au Hamas. Les scrutateurs ont commencé le dépouillement des votes pour le Conseil révolutionnaire composé de 120 membres, dont 80 sont élus et les 40 autres désignés par la nouvelle direction. Cette instance est la deuxième en importance du Fatah derrière le Comité central qui a été aussi renouvelé par les quelque 2.000 délégués participant au Congrès qui s'était ouvert le 4 août à Beït Lahm en Cisjordanie. Cette élection a permis une entrée en force des cadres de la nouvelle génération du Fatah au profit de caciques du parti, avec l'élection notamment de Marwan Barghouthi, figure de proue du mouvement emprisonné à vie en Israël et d'hommes à poigne issus de l'establishement sécuritaire comme Mohammad Dahlane et Jibril Rajoub. Le Comité central compte 23 membres, dont son chef, le président palestinien Mahmoud Abbas qui a été plébiscité samedi. Dix-huit autres membres ont été élus par les délégués et les quatre restants seront désignés par la direction. M. Abbas, un dirigeant pragmatique qui prône un règlement négocié du conflit avec Israël, dirige le Fatah depuis la mort en 2004 de son fondateur et chef historique Yasser Arafat. Selon des analystes, la tenue sans accroc majeur du Congrès pour la première fois en vingt ans et la composition du nouveau Comité central ont renforcé M. Abbas au sein d'un parti qui était miné par les luttes de clans et le manque de discipline. "Le grand vainqueur des élections est le président Abou Mazen (M. Abbas) qui a réussi à mener à bien le Congrès, à régler de nombreux problèmes et à mettre en échec une scission qui menaçait", écrit hier dans un éditorial Hafez Al-Barghouthi, rédacteur en chef du journal Al-Hayat Al-Jadida, publié par l'Autorité palestinienne. "Le deuxième vainqueur est Marwan Barghouthi, qui a reçu un important mandat populaire en dépit de la campagne hostile dont il a fait l'objet avant et pendant le Congrès", ajoute-il. Le Fatah monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le Hamas qui l'a ensuite délogé par la force de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite depuis à la Cisjordanie occupée par Israël. Dans son programme politique adopté samedi, le Fatah a rappelé "son attachement à l'option d'une paix juste" avec Israël, tout en réitérant "le droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, conformément à la loi internationale". Cette plateforme lui a valu des critiques en Israël. Le Congrès sera clos officiellement après l'annonce, attendue d'ici la fin de la semaine, des résultats de l'élection du Conseil révolutionnaire.