Après avoir visité le marché central et celui, plus populaire de Sidi El Bahri ainsi que bien d'autres plus ou moins modestes, nous nous sommes dirigés vers un type particulier de marchés : ceux qui se situent dans des quartiers dits huppés... Ils ont un avantage et plusieurs inconvénients. L'avantage c'est de se situer près de ces banlieues plus ou moins lointaines : la série des Menzah, la banlieue nord, Ennasr... Quant aux inconvénients, cela commence par la mauvaise humeur des marchands, sevrés de tabac en ce mois de Ramadhan et cela s'achève avec des prix plus élevés que la moyenne des prix des autres marchés. Commençons par les légumes : ceux que nous avons vus hier samedi sont plutôt fatigués, fanés, dégradés... Et les grands renforts en eau n'y peuvent rien. Malgré cela, les petites salades rondes sont ici à 850 Millimes, le persil à six cents, les concombres à près d'un Dinar. Les tomates, pommes de terre et autres piments restant alignés sur les autres marchés. Côté fruits, c'est également plus cher que tous les autres marchés : 2D500 en moyenne pour la plupart des fruits de saison, avec des pointes à près de quatre Dinars pour les figues, les pêches plates, les dattes et même une variété de pommes. Les raisins sans pépins sont à 3D200, ce qui constitue tout de même un gros pépin ! Seules les bananes, victimes de l'abondance des fruits de saison, semblent sages : deux Dinars le kilo en moyenne. Quant au pourquoi de ces prix élevés, l'un des marchands l'explique en ces termes : "il y a les frais de transport qui sont élevés, les loyers qui sont très chers ici et nos clients qui sont trop exigeants, ce qui fait q'une bonne partie des fruits ne trouve pas preneur... Résultat, nous sommes obligés de trouver des solutions." Et les solutions, ce sont des méthodes peu communes pour faire basculer la balance du bon côté en jetant dessus le dernier fruit et en récupérant le paquet prestement. C'est aussi de charger les fruits et légumes d'eau, en les aspergeant régulièrement, soit disant pour les maintenir frais. C'est surtout de glisser quelques fruits gâtés avec une dextérité de magicien... Quant aux clients, ils se trouvent dans l'obligation de faire leurs emplettes en ces lieux, car cela leur coûterait encore plus cher d'aller dans des marchés moins onéreux. D'ailleurs ils ne veulent même pas donner leur avis sur cette situation, préférant se taire et payer. Ce n'est pas encore le Texas des westerns américains, mais ça y ressemble... Yasser Maârouf