En voilà un qui n'a vraiment pas froid aux yeux ! Pour lui, vivre en liberté ou derrière de solides barreaux d'une cellule de prison, c'est kif kif ! Aussi, n'hésite-t-il point à s'attaquer aux paisibles citoyens, fort d'une arme blanche qui ne le quitte jamais. Il aurait ainsi réussi à réaliser trois coups, avant de se faire arrêter, sachant qu'il œuvrait du côté de certaines cités à l'ouest de la capitale. Bien avant les trois récentes affaires qui lui ont coûté de reprendre sa "vie normale" en taule, et alors qu'il était encore assez jeune, le bonhomme a trempé dans plusieurs autres crimes, mais c'était tout simplement de petits forfaits de rien du tout, du menu fretin, qui l'ont certes conduit au bagne, mais s'en sortant à chaque fois avec de légères condamnations. Cette fois, cependant, il est allé un peu fort en besogne, assez loin en tout cas pour se voir priver de la liberté pour une longue période. Que de chemin toutefois parcouru avant d'en arriver là, à une situation de taulard notoire, du moins récidiviste et connu parmi ses pairs d'être un peu sanguinaire, dans ce sens que ses agressions se terminent souvent par des blessures. Ce fut le cas pour les trois derniers crimes commis en l'espace de quelque trois semaines, successivement à la cité Ezzahrouni, à Sidi Hassine et enfin au Bardo. Le premier délit de cette dernière série, il l'a commis à la cité Ezzahrouni, une dizaine de jours seulement après avoir quitté le pénitencier. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce soir-là il était pourtant à jeun, dans la mesure où il n'avait pas de quoi se payer sa cuite coutumière. Ceci ne l'a cependant pas empêché de se montrer des plus agressifs au moment d'accoster sa première proie, un père de famille dont le malheureux destin l'aurait mis sur son chemin. Il lui a simplement suffi d'exhiber son arme pour que la victime soit disposée à lui remettre portable et argent, ordinairement ce que cherche tout bandit en de pareilles circonstances. Or, une fois en possession du butin que lui a remis volontiers son vis-à-vis, il a poussé la cruauté jusqu'à lui porter un coup de couteau au bras, nécessitant cinq points de suture ! Quelques jours plus tard, c'est à un fonctionnaire qu'il eut affaire, du côté de Sidi Hassine, à Jayara pour être précis. Un agent de bureau dont le seul tort fut de croiser la route du brigand alors qu'il rentrait tranquillement, après avoir accompagné une parente à la gare routière de Bab Saadoun. Cette fois, l'assaillant était éméché, mais tout à fait conscient de ses actes. Comme pour la première victime, la seconde proie n'eut pas le temps de tergiverser, du moment que l'agresseur n'a pas manqué de manier son arme pour donner peut-être plus de poids à ses menaces verbales ! Du coup, le jeune passant n'eut qu'à s'exécuter afin de lui remettre l'argent et le portable qui vont changer ainsi de propriétaire. Bien entendu, avant de se retirer, le malfaiteur aurait tenu à signer son acte par une blessure, en guise de souvenir de sa rencontre avec la victime. La dernière victime de la série était un étudiant qui regagnait le domicile parental à l'issue d'une sortie en compagnie de quelques amis. Là encore, il n'y eut pas de sommation, le passant fut surpris par l'apparition subite de l'énergumène, lequel le somma de se débarrasser de son "encombrante" bourse, du portable évidemment, en plus d'une bague en guise de bonus. Mais toujours cette manie de l'agresseur de laisser une trace de son passage, avec un coup de couteau à l'abdomen, sans gravité, heureusement. C'est essentiellement grâce au concours de cette victime, donnant un signalement précis de l'agresseur, que les enquêteurs sont parvenus à lui mettre la main dessus. Passé récemment en jugement, pour répondre aux chefs d'accusation d'agression sous la menace et port d'arme prohibé, il en fut quitte pour quinze années de prison ferme...