Le secrétaire général du Parti de l'Unité Populaire (PUP) M. Mohamed Bouchiha, candidat à l'élection présidentielle du 25 octobre 2009, nous explique ici le sens de sa candidature et nous expose les grandes lignes de son programme électoral. A noter que M. Bouchiha a participé à l'élection présidentielle de 2004. Riche de cette expérience il a entamé sa campagne électorale par des visites et des meetings dans toutes les régions du pays. Interview Le Temps: Quel sens donnez-vous à votre candidature, est-ce électoral ou politique? Mohamed Bouchiha: Les deux à la fois. Notre candidature procède de notre volonté d'apporter notre contribution à l'évolution de la vie politique, laquelle évolution ne peut se réaliser qu'avec une opposition forte et crédible apte au dialogue et à la confrontation des idées. L'équilibre des forces étant ce qu'il est, nettement en faveur du parti au pouvoir, mais cela ne nous empêche pas d'apporter notre contribution. Je tiens à souligner ici que c'est bien notre parti qui avait entrepris, le premier de se présenter à l'élection présidentielle de 1999 tenue pour la première fois dans la pluralité. Notre démarche est la résultante d'une réflexion mûre et sereine en harmonie avec les objectifs que nous nous sommes fixés. Notre candidature ne relève d'aucune considération d'ordre personnel, ni d'aucune illusion de leadership. Nous estimons tout simplement que les exigences de l'étape nous imposent à tous le devoir d'asseoir de nouvelles traditions et des réflexes vraiment démocratiques. D'aucuns tentent de leurrer l'opinion publique en colportant que notre candidature n'est que formelle, puisque disent-ils nous sommes partisans de la démarche consensuelle. Mais au fait ni eux ni quiconque ne peuvent occulter l'histoire tirant force et fierté de son riche et authentique parcours militantiste, le PUP a une autre vision de l'action politique que celle de colportage, de manœuvres théâtrales et de procès d'intention. Politiquement et éthiquement de pareilles pratiques n'ont rien à voir avec l'action politique saine. L'éthique politique nous impose à ce propos de souligner le rôle capital que le Président Zine El Abidine Ben Ali ne cesse d'assumer pour le développement global du pays. Tout en aspirant à remporter le plus de voix, nous considérons que toute échéance électorale n'est qu'un passage, c'est l'action politique pour consolider le processus démocratique qui est notre objectif. En adhérant à la démarche dite graduelle et consensuelle, le PUP estime pouvoir apporter sa contribution à l'évolution de notre vie politique. C'est ainsi que notre programme électoral a été conçu par nos militants et militantes pour servir de plate-forme à un débat qui s'impose pour asseoir les réformes nécessaires. Au delà des considérations purement partisanes et électorales, un large consensus national devrait se dégager. Quelles sont les grands axes de votre programme électoral? Notre programme est placé sous le signe "Ensemble édifions la Tunisie du progrès et de la justice". Il constitue une alternative équilibrée, se distinguant par la clarté des objectifs assignés, la justesse de vue quant aux mécanismes à adopter et à sa démarche graduelle pour le quinquennat 2009-2014 notamment en ce qui concerne le volet socio-économique. Toutes nos propositions et alternatives obéissent aux exigences du dialogue national. Mais concrètement qu'elles sont les grandes lignes? Le Parti de l'Unité Populaire est un parti d'essence socialiste. Donc tout naturellement nous sommes du côté des catégories faibles et vulnérables et de la masse laborieuse. L'emploi pour tous est une nécessité absolue. Mais pour nous avoir un emploi ne suffit pas s'il ne s'exerce pas dans la dignité. Nous sommes hostiles à toute forme d'exploitation. Nous nous opposons particulièrement à la sous-traitance et à la précarité. Nous soutenons fermement le droit syndical et toutes les libertés publiques et individuelles. Nous estimons que les libertés sont le meilleur rempart contre toute velléité rétrograde. Le plein épanouissement de la femme est un objectif indissociable du plein épanouissement de la société. Le PUP estime par ailleurs que la justice fiscale est l'un des supports de la justice sociale, garantissant la répartition équitable de la richesse nationale. C'est en combattant la fraude fiscale et toute autre pratique nuisible à l'économie nationale que l'on pourrait favoriser l'émergence d'une économie productive assumant sa part de développement du pays. Quels en sont les axes des différents volets? Nous préconisons la nécessité de restructurer le secteur du commerce et de l'industrie avec l'impératif de prendre en considération les exigences du développement durable et le droit des générations futures à disposer d'un environnement adéquat. Dans cet ordre d'idées nous réaffirmons l'impératif de miser sur le capital humain, particulièrement en entourant le secteur de l'éducation et le corps enseignant de la sollicitude qu'ils méritent. L'exode des cerveaux ne pourrait, selon nous, être limité qu'en optant pour une stratégie claire en matière de recherche scientifique. Œuvrer dans ce sens permettrait de mettre fin à la dilapidation de nos ressources humaines. C'est en misant sur le capital humain que notre jeunesse trouvera le chemin du plein épanouissement loin de toute aliénation. Ouvrir à la jeunesse de telles perspectives, c'est prémunir notre société des tentations fanatiques et extrémistes et la prémunir du fléau du terrorisme que nous bannissons tout en prônant l'éradication des causes. Franchement combien espérez-vous obtenir de voix à cette élection? Notre objectif est d'obtenir un résultat motivant pour la poursuite de l'action entreprise par le PUP. En 2004 nous avons obtenu près de 4% des voix et nous aspirons réaliser pour cette élection un résultat à deux chiffres. Interview réalisée par Néjib SASSI