Très souvent, on accable les jeunes générations de tous les reproches concernant leurs comportements en milieu social. Pour être honnête et honorer l'objectivité, disons que les adultes ne sont pas sans reproche à ce niveau. S'agissant de civisme, les aînés ont autant, sinon plus, besoin de leçons que les cadets. Cette vérité se confirme hélas tous les jours et dans toutes nos cités. Qu'il s'agisse de respecter le code de la route, de laisser la priorité aux personnes âgées et aux handicapés dans les moyens de transport, de veiller à la propreté de nos lieux publics, d'être ponctuels sur le lieu de travail, de surveiller son langage et d'observer les règles de décence et de bienséance du moins dans la rue, les cours à apprendre sont très nombreux. En fait, il s'agit plutôt d'appliquer des principes civiques que chacun de nous connaît mais que tout le monde oublie dans les principales situations où ils sont de rigueur. D'autre part, et en parlant de précautions sanitaires, peut-on reprocher aux jeunes de fumer alors que les plus de 40, 50 et 60 ans grillent des dizaines de cigarettes par jour et sur de nombreuses années de leur vie. Les adultes crachent dans la rue, sur le parterre des cafés et même dans les couloirs de leurs administrations. Ils ne se lavent pas les mains en sortant des toilettes, n'utilisent pas régulièrement le dentifrice, vont au travail avec la barbe de deux jours et un col de chemise noirci par la crasse domestique et la suie des villes.
Scènes quotidiennes La violence verbale n'a jamais été l'apanage des adolescents. Ce sont leurs aînés qui la leur transmettent dès l'âge de la crèche. Pour ce qui est du respect des vieux et des malades, nous avons été maintes fois témoins de scènes où les personnes âgées sont malmenées par des hommes et des femmes mûres. Dans la rue, tout le monde salit les chaussées et les trottoirs. Quand un adulte utilise un mouchoir en papier, il le jette n'importe où et parfois aussi n'importe comment ! Mercredi matin, une dame faillit nous laisser une trace de son rhume sur la figure : elle se trouvait à l'intérieur d'un magasin de chaussures de la rue Charles de Gaulle quand, après s'être mouchée, elle jeta le papier en direction du trottoir sans même regarder s'il était libre. Quand ils assistent à une rencontre sportive, les adultes comme leurs enfants se défoulent sur tout ce qui leur tombe sous la main et sortent les formules les plus grossières pour insulter les joueurs, les arbitres et les supporters de l'équipe adverse. On leur doit aussi bien des audaces dans le vocabulaire sexuel et amoureux. Les bousculades et les empoignades de rue, ça les connait également. Ils traversent la rue de n'importe quelle manière et surtout de la manière la plus déconseillée.
Soyons pratiques ! Inutile de multiplier les exemples, parce que les cas d'incivisme et d'imprudence sanitaire sont innombrables. Que faire pour les limiter à défaut de les enrayer totalement ? Il incombe d'abord aux adultes de comprendre une fois pour toutes que leur devoir est de donner le bon exemple aux jeunes générations. Le jour où ils prennent tous conscience du danger qu'il y a à persévérer dans leurs conduites irresponsables, c'est déjà un progrès prodigieux réalisé par leur communauté soi-disant mûre. Mais il faut passer à l'acte et illustrer au quotidien leur attachement aux valeurs de la citoyenneté. Sur ce plan, les médias et à leur tête la télévision ont un rôle crucial à jouer. Encore faut-il que leurs campagnes soient soutenues par des mesures juridiques suffisamment sévères et appliquées systématiquement pour dissuader les contrevenants aux obligations civiques et aux règles d'hygiène collective. Mais il ne suffit pas de sévir, car il importe par exemple de mettre à la disposition des citoyens les moyens susceptibles de les aider à observer les règlements en vigueur : comment voulons-nous que nos rues et nos avenues restent propres alors qu'en en traversant la majorité, on ne croise aucune poubelle publique. Les établissements scolaires ont rarement des toilettes propres et équipées de ce qu'il faut pour que les jeunes utilisateurs en sortent propres à leur tour. La collecte des ordures doit être soumise à un suivi rigoureux car les employés qui en sont chargés n'accomplissent pas toujours proprement leur tâche. Qu'on cesse de parler de campagnes anti-tabac en milieu scolaire tout en autorisant la vente des cigarettes aux environs des écoles, des collèges, des lycées et des facultés et à l'intérieur même de ces établissements. Introduisons dans tous les programmes scolaires officiels, des cours d'hygiène, de secourisme et de prévention routière. Impliquons davantage, et pourquoi pas de manière systématique, les adultes et les jeunes dans le travail associatif réellement efficace et engagé. Il faut dans ce sens encourager l'autogestion des immeubles et des quartiers, organiser régulièrement des concours de propreté vraiment motivants ; parce qu'un simple satisfécit sur un carton fragile est loin de suffire pour inciter l'émulation entre les citoyens. C'est en tout cas un programme complexe pour la réussite duquel une condition de base doit être remplie : la conscience citoyenne !