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"Nous sommes pour la séparation du politique et du religieux" L'opposition face aux nouveaux défis : Mohamed Lakdhar Ellala membre de la commission politique d'Ettajdid et délégué général de l'association des Tunisiens en France
Ettajdid est en train de préparer son congrès. Un congrès auquel vont participer des personnalités démocrates et indépendantes. L'objectif est la constitution d'un pôle démocratique et progressiste. Pour en savoir plus nous avons invité le secrétaire général d'Ettajdid Mohamed Harmel, le président du Conseil national Mohamed Ali Halouani et un indépendant Abdelaziz Mzoughi. Aujourd'hui notre invité est Mohamed Lakdhar Ellala membre de la commission politique d'Ettajdid. Interview.
Le Temps : Quels sont les objectifs de la constitution par Ettajdid et des personnalités indépendantes démocrates et progressistes d'un mouvement démocrate et progressiste ? Mohamed Lakdhar Ellala : Il faut avant tout distinguer entre deux structures et deux démarches même si elles sont liées. Il y a d'un côté la refondation du mouvement Ettajdid. • C'est-à-dire ? A mon avis la refondation se fait à partir des acquis du parti. C'est une continuité et en même temps une innovation surtout au niveau des concepts pour adapter le parti aux nouvelles donnes notamment l'émergence de nouvelles catégories du salariat qui n'existaient pas avant. Il y a aujourd'hui des salariés qui vivent des conditions très proches de la classe des ouvriers et même les conditions de ces derniers ont changé. Elles ne sont plus ce qu'elles étaient il y a 20 ans. Ce nouveau salariat se caractérise par un niveau intellectuel élevé. Le parti doit en tenir compte et répondre aux aspirations de ces nouvelles catégories et épouser leurs revendications concernant notamment la liberté de parole, de choix et de décision. Cette refondation doit donc tenir compte des acquis du mouvement communiste marxiste et du mouvement démocrate progressiste et syndical tout en s'adaptant aux exigences nouvelles. • Et la 2ème démarche ? Elle se situe dans le cadre de l'initiative Démocratique qui a été constituée à l'occasion des élections présidentielles d'octobre 2004. Cette alliance rassemble Ettajdid et d'autres formations. Son objectif est de faire émerger un grand mouvement démocratique et progressiste qui, sans lui on ne peut pas changer le rapport des forces. Ce mouvement ne peut être constitué si les formations qui le composent et en particulier Ettajdid ne s'enracinent pas dans la société et ne s'élargissent pas. Mais là on peut regretter qu'actuellement l'Initiative Démocratique est en quelque sorte en veilleuse. Cet état s'explique, entre autres, par le processus de préparation du congrès d'Ettajdid. Mais tous les dirigeants et les cadres d'Ettajdid restent attachés à l'Initiative Démocratique. • Mais aujourd'hui Ettajdid prépare son congrès seulement avec des indépendants ? Il y a effectivement des indépendants qui ont annoncé leur volonté de participer au congrès et il y a d'autres qui ont exprimé d'autres choix, ces derniers ne voient pas la nécessité de participer au congrès. Pour eux le plus urgent est de renforcer l'Initiative Démocratique. • Il y a donc contradiction entre les deux ? Non. L'élargissement et la refondation d'Ettajdid ne peuvent que renforcer le mouvement démocratique progressiste et en particulier l'Initiative Démocratique. Une fois le congrès d'Ettajdid terminé les démocrates qui n'ont pas intégré Ettajdid resteront présents au sein d'Initiative Démocratique. • Revenons au congrès est-ce qu'il y a des conditions pour y participer ? Non aucune des parties n'a imposé des conditions le tout doit être discuté et débattu. Rien n'est tabou. Les congressistes que ce soient d'Ettajdid ou parmi les indépendants seront sur le même pied d'égalité. Mais il y a des questions qui ne sont pas encore tranchées. Il faut continuer à en discuter. • Par exemple lesquelles ? Il y a la question du socialisme. Je suis parmi ceux qui croient qu'Ettajdid est un parti de gauche porteur des valeurs de la gauche à savoir la démocratie, la citoyenneté, l'égalité entre les hommes et les femmes, la justice sociale etc. Nous avons tiré les leçons de l'effondrement de l'URSS. Je crois que la Révolution d'octobre est arrivée à ses limites historiques. Mais l'idéal socialiste reste et c'est à nous de le redéfinir. Un socialisme débarrassé de tout totalitarisme. Un socialisme où la démocratie est essentielle. Mais un socialisme qui lutte contre la monopolisation des richesses. C'est à nous de redéfinir ce socialisme en ne se basant pas sur le matérialisme historique qui a engendré des dégâts, et des déviations qui ont provoqué des catastrophes. Donc je suis parmi ceux qui défendent que la charte du mouvement démocratique progressiste revendique le socialisme. En fait le capitalisme n'est qu'une étape dans l'histoire de l'humanité et ne pourrait pas être un modèle ou un système perpétuel. En tant que mouvement qui se veut de gauche attaché à la justice sociale le nouveau parti doit inscrire dans sa charte, Le socialisme en tant qu'idéologie. Nous sommes conscients de l'étape historique dans laquelle nous vivons qui est fondamentalement caractérisée par la globalisation et que le monde est devenu un village. Nous sommes conscients aussi que le capital privé à un rôle à jouer. Mais c'est à l'Etat de jouer son rôle en tant que régulateur pour orienter l'investissement, instaurer une politique industrielle et corriger les effets négatifs du capitalisme. S'il faut renationaliser pour sauvegarder l'emploi et les intérêts stratégiques du pays, l'Etat doit le faire. Les grandes puissances n'hésitent pas à le faire. Défendre l'idée du socialisme ce n'est pas retomber dans l'idéologilisation du nouveau parti. C'est plutôt donner une âme et un contenu à notre action politique en refusant nous deviendrons des gestionnaires, les affaires du capital. Notre objectif est la construction d'un système démocratique et social aussi. • Il y aura des élections au congrès ou ça sera le recours au consensus ? Les postes de direction seront soumis au vote et tous les congressistes ont le droit de se présenter à ces postes. • Et pour ce qui est de celui de secrétaire général ? M. Harmel a décidé de ne pas briguer un autre mandat c'est une décision courageuse et qui donne un nouvel élan au parti. Mais M. Harmel continuera de jouer un rôle de premier plan à Ettajdid et à l'Initiative Démocratique. • On parle de créer pour lui le poste de président ? Les postes vont être crées par la commission nationale. Lors de ce congrès il y aura même une nouveauté celle de permettre aux personnalités qui n'y participent pas d'y assister comme observateur. • Il y a l'autre alliance dite du 18 octobre pourquoi Ettajdid ne l'a pas rejoint ? Tout autant que nous défendons tous les citoyens tunisiens, nos alliances nous les concevons qu'avec les mouvements démocratiques qui acceptent la sécularisation des lois autrement dit la séparation du politique et du religieux et là je précise, qu'en ce qui me concerne, je ne revendique pas dans cette étape historique la laïcité à la française. Nous avons le droit et le devoir en Tunisie à être attaché aux acquis de notre peuple. Je suis pour que l'Etat en tant que garant continue à gérer les institutions religieuses dans notre pays. Interview réalisée par Néjib SASSI
* Il y a aujourd'hui des salariés qui vivent des conditions très proches de la classe des ouvriers et même les conditions de ces derniers ont changé. * Défendre l'idée du socialisme ce n'est pas retomber dans l'idéologilisation du nouveau parti. C'est plutôt donner une âme et un contenu à notre action. * Je ne revendique pas dans cette étape historique la laïcité à la française.