L'école, c'est l'enceinte où se forge la société de demain, l'endroit où on apprend le savoir, le savoir-faire et le savoir-vivre, c'est là où on acquiert les principes élémentaires de la citoyenneté, d'où son importance capitale. Son rôle est déterminant quant au profil du citoyen qu'on souhaite, quant à la qualité de la société qu'on veut atteindre. Ceci dit, l'ambiance qui y règne doit être saine, ceux qui sont tenus d'observer scrupuleusement les règles du bon comportement sont bien évidemment les agents principaux à savoir les directeurs et les enseignants, ils doivent entretenir de bonnes relations pour donner le bon exemple aux apprenants. Leur mission ne consiste pas seulement à assurer le bon fonctionnement des cours, à prodiguer un savoir, mais va bien au-delà, ils sont appelés à servir de modèles à ces derniers sur le plan moral. Notre ministère ne se nomme-t-il pas le ministère de l'éducation?
Les témoignages que nous avons recueillis auprès de certains professeurs dénoncent l'attitude altière de certains chefs d'établissements à leur égard, ils les accusent d'irrespect envers eux. Cela ne veut pas dire que les enseignants sont irréprochables et qu'ils sont des saints, loin s'en faut, mais la logique dit que l'on doit donner tort à celui qui est investi d'un pouvoir, son devoir est de veiller à instaurer une entente cordiale et à aplanir les difficultés quand elles se présentent et ne pas en provoquer gratuitement, car ce serait au détriment des élèves: un enseignant travaillant dans un climat tendu n'est pas à même de donner le meilleur de lui-même. 8heures piles "Notre nouvelle directrice, nous disent des professeurs, nous traitent comme ses commis, sa manière de se comporter avec nous dénote le mépris, elle emploie avec nous des manières qu'on n'ose pas utiliser avec nos élèves. Elle nous crie à la figure devant ces derniers que ce soit dans la cour ou en classe et nous appelle avec le doigt, comment voulez-vous que ceux-ci nous respectent quand ils sont témoins de scènes pareilles, et quand on lui demande quelque chose de très simple en relation avec le travail bien sûr, elle nous répond avec un visage grimaçant et nous intime l'ordre de venir la voir plus tard dans son bureau, car elle n'a pas le temps. Imaginez qu'elle ferme la porte d'entrée qui nous est réservée à 8h piles, alors que le règlement intérieur nous donne le droit à un quart d'heure de retard, de plus, même si on ne travaille pas à cette heure-là, on peut venir pour préparer nos leçons dans la salle de professeurs ou dans les laboratoires ou bien pour faire des photocopies à nos élèves. La porte d'entrée ne doit en aucun cas être fermée, il faut qu'elle soit ouverte toute la journée. Chaque matin, elle nous y laisse stationner comme des mendiants, on se trouve en mauvaise posture devant les passants. Avant son arrivée, nous entretenions de bons rapports avec sa devancière et nous travaillions dans la bonne humeur, plus maintenant, elle est une source supplémentaire de stress pour nous ajoutée à celle de notre métier connu comme vous le savez par sa pénibilité."
Et la formation ? Un autre problème est soulevé par d'autres professeurs d'un autre établissement touchant aux outils de travail qui doivent être mis à leur disposition et qui sont en fait au service des apprenants, des outils indispensables pour le fonctionnement normal du cours. "Notre directrice, nous affirme une enseignante de Français, refuse de nous faire des photocopies pour des exercices de remédiation prétextant qu'elle n'a pas suffisamment de rames et nous demande d'en acheter avec notre propre argent!!! alors que tout le monde sait que l'autorité de tutelle en fournit tous les établissements en quantité suffisante, il ne lui reste qu'à exiger de nous d'apporter aussi de la craie." Un enseignant chevronné, un quinquagénaire, nous a fait part de son indignation quant à la manière de recruter les chefs d'établissements. "Je trouve inadmissible qu'on fasse passer quelqu'un de la salle de classe à l'administration sans suivre de formation, nous dit-il. Un bon nombre d'entre les nouveaux directeurs ne connaissent pas bien le règlement, je vous cite un petit exemple pour vous en persuader, celle avec laquelle je travaille, qui est nouvelle, a voulu nous obliger à garder les élèves jusqu'à la fin de la séance pendant la semaine bloquée, alors que le règlement stipule le contraire, c'est-à-dire que ces derniers doivent remettre les copies et quitter la salle dès qu'ils ont terminé l'épreuve. Je sais que le ministère vient de mettre en place l'IMEF(l'Institut des métiers pour l'éducation et la formation) dont la vocation est, entre autres, la préparation des directeurs à cette fonction, mais je ne comprends pas pourquoi on n'assure pas aux autres une formation préliminaire avant d'entrer en exercice, puisque l'institut vient juste de démarrer et ne peut pas fournir à court terme un nombre suffisant de proviseurs. A défaut de formation et par leur excès de zèle, ces nouveaux directeurs ne font que nuire à l'école, ils enveniment l'atmosphère, rendent les rapports tendus et entravent donc la bonne marche de cette dernière, ce qui lèse les élèves."