Il était capitaine mais n'a jamais porté de brassard. Il a eu droit à ce terme en tant que militaire dont les trois étoiles justifiaient l'appellation et non pas comme maintenant, on l'utilise en abusant jusqu'au ridicule en prenant soin de le prononcer en anglo-saxon. Vous avez, bien sûr, deviné qu'il s'agit du capitaine Hédi Abdelkader qui vient de nous quitter à l'âge de 92 ans. Il est allé rejoindre la galerie des grands de l'arbitrage que la Tunisie a connus, il n'y a pas trop longtemps. Il n'avait pas l'humour de Belkhaouas, ni l'élégance de Bahri Ben Saïd et de Moncef Ben Ali, certes, mais son panache résidait dans son intégrité ombrageuse même si quelquefois il se trompait. Il est mort le lendemain d'une CAN dont il a arbitré sa quatrième finale il y a maintenant 47 ans. Râblé et large d'épaules, il était volontiers grognon. Volubile et remuant, il a su se faire une place dans un aréopage qui était, en ce temps impressionnant. Il fut peut être le plus discuté par les grands clubs pour son sens de la rigueur qu'en bon soldat il entendait faire respecter. Il ne fut pas un grand artiste du sifflet tel un Hédi Khemissi ni un diplomate habile en compromis comme Victor Habib. Il ne fut ni un aristocrate de l'arbitrage comme le fut Hédi Dhaoui avant lui, ni un rustre comme on en a tant vu, après. Il fut tout simplement un serviteur de la cause arbitrale avec comme armes la discipline du militaire et les qualités et défauts de l'homme au caractère entier. Des qualités humaines que bien des générations d'arbitres dont il fut l'instructeur, sauront, on l'espère, s'en inspirer. A un moment où dans notre football on déplore le manque d'intégrité et de courage chez nos référées, comment ne pas pleurer le brave capitaine qui les a personnalisés.