Le Temps-Agences - La Norvège, seul pays occidental à avoir normalisé ses relations avec le cabinet palestinien, s'est dit prête hier à reprendre ses aides directes à l'Autorité palestinienne, marquant de nouveau sa différence avec l'UE et les Etats-Unis sur le dossier du Proche-Orient. Les aides reprendront une fois résolue la question des restrictions bancaires imposées à l'Autorité palestinienne depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir, ont déclaré à Oslo le chef de la diplomatie norvégienne Jonas Gahr Stoere et le ministre palestinien des Finances Salam Fayyad. "Dès que le ministre (Fayyad) aura dit que la situation est clarifiée, nous serons prêts à reprendre notre aide budgétaire directe à l'Autorité palestinienne", a déclaré M. Stoere à la presse après une rencontre entre les deux hommes. Suite à la formation, le mois dernier, d'un cabinet d'union nationale regroupant des membres du Hamas et du Fatah (modéré) ainsi que des indépendants tels M. Fayyad, la Norvège est devenu le premier, et jusqu'à présent le seul, pays occidental à avoir normalisé ses relations avec l'Autorité palestinienne. L'UE --dont le pays scandinave n'est pas membre-- et les Etats-Unis considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, contrairement à Oslo qui utilise la liste dressée par l'Onu, sur laquelle le mouvement palestinien ne figure pas. En préalable à une normalisation, Bruxelles et Washington exigent pour leur part que le gouvernement palestinien remplisse les trois conditions posées par le quartette (Etats-Unis, Russie, UE et Onu) : renoncement à la violence, reconnaissance des accords passés et reconnaissance d'Israël. Avant-hier à Bruxelles, la commissaire aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner n'avait offert à M. Fayyad qu'une simple "assistance technique". Le ministre norvégien des Affaires étrangères a néanmoins rappelé au gouvernement palestinien ses obligations en matière de sécurité. "Ce qu'il nous reste à faire, c'est restaurer notre capacité à recevoir des fonds" en se dotant d'"un compte bancaire qui soit exempté des restrictions" imposées par les Etats-Unis, a de son côté déclaré M. Fayyad. "Quand tel sera le cas, la Palestine sera prête à reprendre les affaires et je pense que ce problème sera résolu très bientôt", a-t-il ajouté, en affirmant que des négociations étaient en cours avec les autorités américaines. Selon lui, l'Autorité palestinienne a besoin en 2007 d'un milliard d'euros d'aide étrangère pour surmonter la grave crise financière qu'elle traverse. Pays hôte des premiers pourparlers de paix israélo-palestiniens au début des années 1990, la Norvège s'est engagée à reconduire cette année l'aide de 100 millions de dollars versée l'an dernier aux Palestiniens en contournant leur gouvernement. Mais cette fois-ci, une partie de l'enveloppe transitera par le cabinet d'Ismaïl Haniyeh. "Cela répond bien sûr aux besoins humanitaires mais aussi (à l'objectif) de déboucher sur la formation d'un Etat" palestinien indépendant, a souligné M. Stoere. Dans les faits, une aide budgétaire norvégienne de moindre importance a déjà été déboursée pour des projets concrets au profit des ministères palestiniens de l'Education, de la Planification et de la Culture, a-t-il dit.