Le Temps-Agences- Le parlement ukrainien a fait tomber le gouvernement de Ioulia Timochenko et confié à son rival politique, le président Viktor Ianoukovitch, la tâche ardue de former une nouvelle coalition. Une motion de censure a recueilli 243 voix parmi les 450 députés de la Chambre. La chute du gouvernement intervient près d'un mois après la défaite de Timochenko - actrice clé de la "révolution orange" pro-occidentale de 2004 - face à Ianoukovitch au second tour de l'élection présidentielle. Mais la victoire étroite du dirigeant prorusse est loin de garantir la stabilisation espérée. Ianoukovitch doit mettre sur pied une coalition dans les trente jours, et un gouvernement dans un délai supplémentaire de soixante jours, faute de quoi seraient organisées des élections législatives anticipées. Même si Viktor Ianoukovitch réussit à former une coalition, le fractionnement du parlement et les pouvoirs limités de la présidence risquent de se traduire par une persistance de l'instabilité politique dans ce pays divisé entre un Est et un Sud tournés vers la Russie d'une part, un centre et un Ouest orientés vers les pays occidentaux de l'autre. L'Ukraine, qui compte 46 millions d'habitants, a un besoin urgent d'une équipe gouvernementale solide pour affronter une crise économique qui a vu son PIB se contracter de 15% en 2009, et relancer des négociations avec le FMI sur un plan de sauvetage de 16,4 milliards de dollars. La motion de censure de mercredi marque la fin de la coalition instable qui avait émergé des événements de 2004, année où des manifestations de rue provoquèrent l'annulation des résultats d'un scrutin présidentiel truqué qui donnait la victoire à Ianoukovitch. Les investisseurs redoutent l'hypothèse de législatives anticipées, qui prolongerait de plusieurs mois les aléas économiques et politiques.