Doc à Tunis a soufflé sa cinquième bougie jeudi dernier au Théâtre municipal devant une affluence record. Cette nouvelle édition qui se poursuivra jusqu'au dimanche 4 avril constitue, comme l'ont affirmé ses concepteurs, la rencontre de tous ceux qui revendiquent un cinéma différent. Organisé par l'association Ness El Fen, ce festival nous invite à découvrir des images singulières et non-conformistes. Elles démontrent que grâce au documentaire, l'on peut s'opposer à toutes formes d'aliénation en proposant un nouveau regard sur une réalité qui nous touche et qui suscite en nous une multitude de questionnements. Dans son allocution d'ouverture, Syhem Belkhodja, (directrice de Doc à Tunis), accompagnée sur scène par Hichem Ben Ammar, (directeur artistique) , a affirmé que cette édition tentera de positionner davantage le festival au regard de son appartenance à la Méditerranée dans le cadre plus général du rapport de forces Nord / Sud : La Méditerranée est-elle une véritable entité ? Et, à quelle Méditerranée, aspirons-nous ? C'est autour de ces questions qu'un colloque est organisé qui verra d'éminents spécialistes méditerranéens tenter d'y répondre. La projection du dernier opus de Hichem Ben Ammar «Contes de faits» a frappé par la pertinence de son évocation de la relation père/fils. Premier prix ex æquo au festival de Milan des Cinémas d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine dans la catégorie « Fenêtre sur le monde », (du 14 au 21 mars 2010), « Contes de faits » a eu au mois de janvier dernier, le Prix Lauriers Hayatt pour l'enfant et a été sélectionné sur 614 films pour figurer au programme du festival Dox box de Damas. Sa sortie nationale est annoncée pour ce lundi 05 avril. C'est le parcours d'un tromboniste de fanfare dans une banlieue populaire de Tunis qui rêve de voir son fils devenir un grand musicien. S'appropriant le désir du père, l'enfant développe des aptitudes extraordinaires qui lui permettent d'accéder à la Yehudi Menuhin School. Cet essai documentaire dépeint entre humour et amertume parfois, les différentes étapes de cette success-story. De Tunis à Londres en passant par Paris, Genève et Bruxelles, la caméra du réalisateur suit le périple du jeune prodige promu à un avenir de violoniste de notoriété internationale. «Contes de faits», se veut un film sur l' ambition, le sacrifice, la persévérance et passion pour la musique. Laquelle ne peut se réaliser qu'avec le surpassement de soi et le dépassement de tous les obstacles. Diplômé des Beaux Arts, Ben Ammar a été tour à tour animateur de ciné-clubs, enseignant en audio-visuel, directeur de festivals et critique de cinéma. Il a réalisé de nombreux documentaires dont «Femmes dans un monde de foot», (1998), «Café chantant» (1999), «Raïs labhar» ( 2002 et «J'en ai vu des étoiles» (2008). Il est également l'auteur de deux recueils de poésie, «L'Idéal atteint» et «La Négociation». La surprise de la soirée fut la performance sur scène du jeune violoniste qui a joué, juste après la projection du film, un morceau de musique classique longuement applaudi. Sayda BEN ZINEB Coup d'envoi de la cinquième édition de Doc à Tunis