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"C'est l'obstination et l'aveuglement de l'ancien PSD qui ont donné naissance à la dérive fondamentaliste" L'opposition face aux nouveaux défis: M. Ahmed Ounaïes ex-ambassadeur
Dans son discours à la clôture de la 6ème session ordinaire du comité central du RCD, le samedi 17 février 2007, le Président de la République a déclaré : "Nous tenons à souligner, aujourd'hui que la présence d'une puissant parti majoritaire impose l'existence de puissants partis nationaux d'opposition, tant il est vrai que dans la puissance de l'opposition, il y a puissance du parti majoritaire". Mais les partis de l'opposition malgré la volonté présidentielle demeurent faibles. Pour en savoir les causes nous allons donner la parole à des personnalités politiques et des représentants de la société civile. Nous commençons, aujourd'hui par M. Ahmed Ounaïes ex-ambassadeur qui suit de près la vie politique. Interview.
Le Temps : Quelles sont d'après vous les causes de la faiblesse des partis de l'opposition ? M. Ahmed Ounaïes : La situation de l'opposition démocratique en Tunisie depuis de longues années est faible. Elle est le reflet de la scène politique. J'ai connu la Tunisie du Destour triomphant en mars 1956 réussissant à former un front national pour l'Assemblée constituante et rayonnant de toute sa force porté par la victoire et l'enthousiasme créateur de l'équipe au pouvoir. Il n'y avait pas qu'un chef mais une véritable équipe d'hommes politiques de grande envergure. Dans le temps, ce parti s'est rigidifié et bureaucratisé. Il est devenu le parti dominant et de l'intérieur même de ce parti, des élites ont exigé la démocratisation et ont fini par créer la brèche et forcer la constitution de mouvements politiques d'opposition qui ont à leur tour crées un véritable terreau national pour enclencher le processus de démocratisation. En octobre 1971, le congrès de Monastir1 a été absolument impressionnant par la qualité des débats et par les orientations qu'il a donné à la jeunesse et aux déçus du parti unique et en révélant de hautes compétences nationales comme le Zaïm Ahmed Mestiri. C'est alors qu'il a été possible de créer la LTDH, le comité pour les libertés publiques et le MDS ce combat pour le pluralisme et la démocratisation n'était pas alors parasité par le fanatisme islamiste. C'est l'obstination et l'aveuglement du PSD qui ont donné naissance à cette dangereuse dérive de la scène politique tunisienne. La rigidité que nous constatons aujourd'hui est porteuse du même danger. J'estime que les restrictions apportées à la liberté d'expression, au fonctionnement des partis de l'opposition et à la participation des élites éclairés dans le débat de société risque de polariser dangereusement la scène politique. Il me semble aussi que l'importance de l'acte électoral est à la base de la force de tous les partis politiques. Quand le citoyen se persuade du contraire les conséquences se répercutent sur l'ensemble du corps social et sur tous les partis politiques. Faute de nous comparer aux sociétés occidentales, nous pouvons du moins nous comparer à la société mauritanienne ou des élections démocratiques ont redonné une légitimité aux institutions parlementaires et à tous les corps élus. Je suis fier en tant que Tunisien de la Mauritanie qui le 19 avril 2007 a couronné une transition démocratique exemplaire en moins de 50 ans d'indépendance. • Que pensez-vous de l'alliance entre Ettajdid et des personnalités indépendantes qui vont ensemble organiser le 2ème congrès d'Ettajdid et constituer ainsi un Mouvement démocratique et progressiste ? Les chances d'édification d'un pôle démocratique en Tunisie ne sont pas utopiques parce que la société tunisienne compte une longue histoire de combats pour les libertés et la démocratie plusieurs générations de militants poursuivent ce combat précisément parce que l'exigence démocratique reste contrariée. Tout est réuni pour qu'un pôle démocratique voit le jour et représente une alternative crédible pour le présent et l'avenir de la Tunisie. • Vous allez assister à ce congrès ? Si je suis invité, je participerai aux travaux de ce congrès. J'ai déjà assisté à plusieurs phases et contribué aux réflexions qui ont conduit à cette initiative. • La préparation de ce congrès avance-t-elle ? Les travaux du groupe indépendant avancent et marquent des points parce que l'exigence démocratique est forte. Je leurs souhaite plein succès. Tout démocrate doit œuvrer dans ce sens. • Que pensez-vous des événements de Solimane et des attentats qui ont secoué dernièrement le Maroc et l'Algérie ? On ne peut que déplorer le nihilisme qui se manifeste à travers l'action violente de ces jeunes maghrébins. Il faut bien réaliser que cette violence ne se projette pas dans la société à partir de rien. Notre société y compris dans le Maghreb arabe n'offre pas les conditions d'épanouissement familial, intellectuel et professionnel à la jeunesse. Sur ce point, l'occident ne peut rien. C'est à nous de nous réformer de mettre en œuvre la Déclaration de Tunis adoptée par le Sommet arabe de mai 2004 dans tous ses aspects et de faire face à l'édification de notre avenir dans un esprit d'ouverture et par les moyens du dialogue ouvert, du débat sans exclusion et aussi par une gouvernance saine faite de probité et de dévouement sincères au bien public. Interview réalisée par