Hauts, très hauts les talons cette année, pour le talent il faudra patienter. Juchées sur des talons qui s'apparentent de plus en plus à des échasses, les beautés du festival font toutes cette année un mètre quatre-vingt au moins, c'est à se demander comment elles peuvent marcher ou plutôt se dandiner. Combinées aux échasses, les robes de soirée de plus en plus courtes donnent des jambes à la Adriana Karembeu pour tout le monde. S'abstenir donc si on n'a pas été basketteur dans une autre vie. Pour le Glamour, la très belle Naomi Watts est attendue à Cannes pour les films de Woody Allen et de Doug Liman. Mais la palme du glamour revient aux stripteaseuses du « néo-burlesque » de Mathieu Amalric. Mûres, plantureuses et outrageusement maquillées, les filles de tournée sont antipodes des bimbos filiformes et siliconées que le cinéma à l'habitude de nous donner à regarder. Pourtant c'est en direction de ces corps disproportionnés que tous les regards ont convergé, ces femmes ont conquis Cannes par leur talent, leur joie de vivre et leur vitalité. Débuts mitigés pour cette soixante troisième édition, un rayon de lumière avec « Tournée » puis rentrée dans l'ordre avec des films plus convenus voir décevants, « The housemaid « d'Im Sangsoo » lisse et trop propre sur lui, le Mike Leigh naturaliste, manquant de vérité. il y a eu « Aurora » dans un certain regard, radical et intelligent mais Christi Puiu ne fait pas partie des cinéastes courus par des critiques déjà hyper stressés obligés de se présenter une heure avant la projection pour prétendre à une place décente qui leur permettra de bien s'acquitter de leur dur métier, entre deux roupillons cela va sans dire. Du côté des sections parallèles, c'est rose du côté de la quinzaine, plutôt affligeant du côté de la semaine de la critique. La « Mirada invisible » de l'argentin Diego Lerman programmé à la quinzaine est un film sérieux qui a pour cadre une institution scolaire prestigieuse de Buenos Aires dans le contexte des derniers mois de la dictature militaire en 1982. Une mise en scène ample pour un film ambitieux qui pêche par un psychologisme trop appuyé. Le film d'ouverture de la semaine de la critique « Le nom des gens » se veut une comédie de gauche, dans laquelle Sarah Forestier (lumineuse dans l'esquive de Khéchiche), le cœur bien à gauche couche avec ses ennemis politiques pour les convertir. Dégoulinant de bons sentiments, racoleur et on ne peut plus consensuel, « Le nom des gens » est un téléfilm qui s'est trouvé affublé d'une légitimité artistique imméritée. Et encore cela n'est rien devant tout le branle-bas de combat organisé pour « Abel » du comédien et désormais réalisateur mexicain Diego Luna projeté en sélection officielle mais hors compétition. Maniériste, invraisemblable englué dans le pathos « Abel « ne dégage rien, ou peut être la colère de s'être laissé embarqué dans une file d'attente d'une heure pour voir un cabotineur dénué de talent nous faire son numéro sur l'amour sacré de la maman. Rien donc de folichon, parole de critique ronchon et probablement méchant mais le meilleur est peut être à venir.