A l'aube du 7 Novembre, Ben Ali affirmait que le peuple tunisien était digne d'une vie politique évoluée. Le pluralisme graduel, la démocratisation des institutions, le renforcement du tissu associatif et le retour en force des valeurs de la République, mettaient en place la plate-forme du dialogue qui ne saurait être efficient sans mécanisme dialectique et sans débat contradictoire. Aujourd'hui, nulle institution publique ou privée, ne peut être au-dessus de la loi. La République, c'est aussi l'Etat de droit. Mais, dans le jeu souvent complexe des institutions, il arrive souvent que la démocratie subisse, elle aussi, des gradations infléchies par le système en place (à ne pas confondre avec régime). Et c'est dans cet esprit que les grands publicistes, dont Georges Burdeau en premier, décrivent les différentes trajectoires conjoncturelles de la démocratie : elle peut être une démocratie gouvernante pour se mouvoir ensuite en démocratie consentante, étape transitoire vers une démocratie gouvernée. Après, par un phénomène purement dialectique et selon une logique cyclique, la démocratie emprunte le processus inverse. Mais la démocratie - même directe - ne suffit pas à clarifier les rapports. Il y a toujours quelque part un mur invisible entre gouvernants et gouvernés. Et donc, un déficit de communication et une certaine désaffection vis-à-vis de la chose publique. Certes, nos ministères, nos organisations (syndicat - patronat) tiennent des points de presse périodiques. Le gouvernement rend compte régulièrement de son action aux élus du peuple. Mais dans un souci de transparence totale, sans ambages et sans intermédiaires, voilà que le Chef de l'Etat décide l'organisation de tribunes de communication avec les ministères et les citoyens, dans des débats francs et ouverts. Du coup, la télévision, premier support médiatique dans l'absolu renoue avec sa vocation publique, dans l'esprit d'une approche démocratique privilégiant la transparence entre gouvernement et citoyens. Et c'est là, dans l'arène télévisuelle, qu'on jaugera le degré de maturité de nos concitoyens, ainsi que la capacité des membres du gouvernement à jouer franc-jeu.