" Parti au pouvoir "... " Parti dominant "... Il est temps qu'on en finisse avec ces appellations contorsionnistes, réductrices même, pour ne pas l'appeler comme l'exigent la déontologie politique et les règles de la démocratie plurielle, que tout simplement : " Parti majoritaire ". Dans la rituelle conférence de presse après les Municipales, le ministre de l'Intérieur et du Développement local a, de manière pragmatique, appelé à refuser le mot " parti dominant " eu égard à la légitimité historique qui plaide en faveur du RCD, le plus ancien parti d'Afrique et du monde arabe. Qu'il ait changé d'appellation de manière cyclique, n'entame en rien son " historicité ". Cela dénote plutôt de sa rapidité à s'adapter aux mutations que connaît le pays et à être là, dans les grands rendez-vous de la Tunisie avec l'Histoire. C'est aussi un parti qui fonctionne comme une mécanique bien huilée, tout en rajeunissant ses effectifs, ses forces toujours aussi vives et qui, surtout, surtout, a su redevenir un vrai parti de masse, chassant ainsi les démons bureaucratiques d'un PSD, devenu au crépuscule de sa fin de cycle, un parti de cadres caciques et carrément coupés des aspirations de la masse. A l'époque du parti unique, le gouvernement était aux ordres du " Hezb " et le parlement réduit à une chambre d'enregistrement levant massivement les mains pour " adopter " les textes de l'Exécutif. Pouvoir exécutif ; pouvoir législatif ; pouvoir juridictionnel : à l'époque du parti unique, à l'époque d'une " monarchie présidentielle " cela relevait de la parodie... Et c'est, sans doute, depuis le casus-belli du parti unique que subsiste dans certains esprits le syndrome du " parti dominant ". Syndrome ? Oui, et, comme nous le disions plus haut, une appellation contorsionniste et, en cette ère de renouveau démocratique dans notre pays quelque part alambiquée et vieux-jeu... Et, par dessus tout, on continue, dans les espaces brumeux du refus, et du négationnisme, de confondre Parti et Etat sinon de faire fondre l'Etat dans le Parti. Deux entités totalement distinctes ; mais qui travaillent en symbiose. L'Etat est le garant des institutions et du pluralisme. Le RCD, lui, est dans son rôle et dans sa logique : être le premier parti, mais pas le " parti dominant " et installer une réactivité saine avec les partis de l'opposition. Et d'ailleurs, quoique avec des scores pas encore retentissants, les partis de l'opposition gagnent partout des sièges. Et c'est un stimulant pour le RCD et un gage de démocratie pluraliste.