D'un continent à un autre, les inspirations de Fethi Zbidi se font multiples et s'enrichissent. Il nous proposait au mois de mars dernier, à New York, quelques-unes de ses compositions. Sa formation à l'Ecole des Beaux Arts de Tunis vient appuyer la sensibilité qui lui permet de peindre. En Tunisie, son travail est prolifique et la matière recherchée, riche et dense de sa peinture, nous conduit dans la calligraphie de ses tableaux. Il semble concilier ainsi pensée et écriture, perception et abstraction. Il visite différentes techniques et manières de faire, afin d'explorer l'irrationnel, l'imprévisible… livrant ainsi sa vision d'une société en mutation. De ses lettres apposées sur la toile ou sur le papier, à chaque fois s'ouvre le champ des possibles. Il suffit de presque rien pour que ses lettres entrecroisées deviennent, comme d'elles-mêmes, territoire, ciel, personnage, forme biologique ou cellulaire… Il faut porter attention à ce qui apparait, à ce qui pourrait apparaitre. La matière se façonne, débordant de potentialités. Les lettres fixées alors dans un de leur développement possèdent une instabilité essentielle, une indétermination. Elles se voient briller davantage au travers d'une couleur, argentée ou dorée, apposée sur la peinture aux multiples couleurs, et venant miroiter la lumière. Le redéploiement de certains motifs, formes ou couleurs les transforme en symboles dont la signification nous demeure mystérieuse, témoignant d'un parcours intime qui lui est propre. De son médium de prédilection Fethi Zbidi, entretient un rapport très particulier aussi avec la tache. Le peintre peut alors se livrer à une pratique exploratoire de l'accident. Fethi Zbidi est un peintre passionné qui prône la spontanéité contre la routine, qui y sonde ses origines et ses imprégnations de voyage dans une écriture personnelle dont les formes et les couleurs en sont les termes, les signes, les symboles et la ponctuation. Et c'est dans les interstices de ces entrecroisements, ces territoires de l'apparition et de la disparition, que l'on découvre quelque expérimentation et quelque chose qui doit se révéler. Les strates successives de sa peinture faisant travailler métaphore et métonymie. Son travail apporte au regard des sensations simples dont on découvre progressivement la richesse et la complexité, telle est la quête sans fin à laquelle se consacre Fethi Zbidi. Le sens, la signification des lettres semble être ici oublié, la calligraphie n'est alors plus que prétexte à la composition. Il travaille avec liberté avec le seul désir que le spectateur fasse appel à sa propre imagination…