Notre peinture n'a pas pu se détacher jusqu'à nos jours de l'héritage pictural occidental des deux derniers siècles. Même si pour des raisons politiques, civilisationnelles ou simplement pécuniaires, nous assistons depuis une bonne trentaine d'années à un changement de cap, chez certains plasticiens, vers l'Orient avec ses spécificités et les diversités de ses symboles, signes et imageries. Parmi ces derniers on ne peut occulter Nja Mehdaoui qui est – qu'on le veuille ou pas – l'un de nos “calligraphes” le plus réputé que ce soit dans les pays d'Orient et dans une moindre mesure, en Occident. Dans une autre dimension, une autre facture et pour d'autres buts, la peinture de Megdiche puise dans les contes et légendes d'Orient la quintessence du rêve qu'ils suscitent et dans leurs techniques narratives la puissance de construire un univers autonome qui ne doit rien à l'héritage occidental à part peut-être – et ce n'est pas certain – les techniques d'approcher la peinture en tant que simples matériaux. Beaucoup d'autres se sont, dès le début ou en chemin, embarqués sur le fleuve des multiples héritages culturels de la rive sud de la Méditerranée ou dans les contrées de l'Asie. L'on en a vu même qui étaient des “abstraits” purs et durs - virer vers la calligraphie et la symbolique arabo-musulmane pour des raisons que nous soupçonnons relever du marché de l'Art (surtout avec la surprenante aventure de Dubaï) mais que nous espérons être l'aboutissement d'une démarche artistique sincère. Face à ce phénomène qui ne pourrait en aucun cas créer des grands remous (à quelques exceptions près) – puisqu'il ne fait que puiser dans le patrimoine sans pouvoir le ramener à l'avant-scène par la création d'un vrai mouvement pictural qui perdurerait dans le temps, l'on retrouve les autres nuées des peintres qui se sont alignés sur les principaux mouvements artistiques occidentaux et qui – s'ils ont pu se démarquer par rapport à la masse des plasticiens nationaux – n'ont pu, et ne pouvaient en aucun cas, créer l'événement par rapport à un Occident dont ils étaient les sages disciples. Peut–être, Belkhoja est-il arrivé à inscrire une démarche artistique qui n'est ni orientale ni occidentale mais génétiquement tunisienne et moderne. Tous les autres ont leurs maîtres et c'est tout à fait dans l'ordre des choses. Une nouvelle aventure artistique semble pointer le nez avec l'arrivée des derniers jeunes loups de la peinture et la question qui se posera à eux sera sûrement “quoi, qui et comment peindre ? Cela ne pourra se faire sans l'avènement d'un mouvement artistique original et fédérateur qui engloberait aussi bien la peinture que l'écriture, le théâtre et le cinéma… un mouvement qui pourrait remettre en cause ce que nous avions été jusque-là, pour nous projeter dans la bataille universelle des arts. C'est la seule façon de sauvegarder et de faire fructifier le petit patrimoine moderne légué pour nos aînés.