Bientôt un holding tunisien, un holding tuniso-lybien et un pôle bancaire spécial PME L'amélioration de la qualité des services bancaires demeure parmi les priorités nationales et l'un des axes fondamentaux du programme de modernisation et de restructuration du système bancaire et financier tunisien. Faire de la Tunisie un pôle financier régional : tel est le défi pour la prochaine étape de développement. De fait, une batterie de mesures a été annoncée récemment au cours d'un conseil ministériel visant la finalisation du processus de refonte du système bancaire et financier. Pour présenter les grandes lignes du prochain programme quinquennal, l'état des lieux de la conjoncture financière et les moyens à même de faire de la Tunisie une place financière régionale, une conférence de presse a été donnée hier par M. Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Hisser la qualité des services bancaires aux standards internationaux, créer un pôle financier spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises, mettre en place un holding bancaire, donner une nouvelle dimension à la TFB (Tunisian Foreign Bank) à travers l'augmentation de son capital pour atteindre 30 millions d'Euros : telles sont les grandes lignes de ce programme quinquennal (2010-2014). Un programme « susceptible d'ouvrir de nouveaux horizons au secteur financier tunisien d'un côté ainsi que de contribuer aux efforts nationaux dans la création de nouveaux postes d'emploi afin d'améliorer le rendement de l'économie nationale et garantir le développement des services bancaires » a souligné M. Baccar. Par ailleurs, le Gouverneur de la BCT a passé en revue l'évolution des indicateurs bancaires au cours de la période 2004-2009. Selon la BCT, l'ensemble des fonds propres du secteur ont augmenté pour passer de 2774 millions de dinars en 2004, à 4292 millions de dinars en 2009. Quant aux créances classées, M. Baccar a indiqué que la part des créances accrochées a baissé entre les deux années de référence et ce, en passant de 23,6% en 2004, à 13,2% en 2009. Le taux de couverture de ces créances par les provisions a connu une certaine croissance, passant de 45,1% en 2004, à 58,3% en 2009. La part des créances classées du total des provisions bancaires est passée de 14,5% en 2004 à 6% en 2009. Les dépôts ont presque doublé entre 2004 et 2009 en passant de 17643 millions de dinars et 2009 à 32602 millions de dinars. Le concours à l'économie est passé de 21 764 millions de dinars en 2004, à 34 567 millions de dinars en 2009. Ceci s'est par ailleurs traduit par la hausse du nombre des comptes bancaires, qui ont augmenté pour atteindre 5269 comptes en 2009. Le nombre des agences bancaires est passé de 870 agences à 1202 en 2009. La période de référence a été par ailleurs marquée par l'élan du secteur de la monétique. Le nombre des cartes bancaires est passé de 900 mille cartes en 2004, à 2036 mille cartes en 2009, soit un nombre de transactions passant de 13,7 millions en 2004, à quelque 36 millions d'opérations en 2009. Le volume des transactions monétiques a gagné lui aussi en importance, en triplant et en passant de 1,3 milliard de dinars en 2004, à 3,7 milliards de dinars en 2009. Les périodes à venir devront par ailleurs voir naître de nouvelles institutions financières et l'expansion des institutions existantes. C'est ce qui a été par ailleurs annoncé au cours de la conférence. La période 2004- 2009 a témoigné de la transformation des banques de développement en des banques universelles, l'assainissement d'Attijari Bank (ancienne Banque du Sud) et de l'Union Internationale des Banques outre la privatisation de la Banque Tuniso- Koweitienne. Le paysage financier tunisien s'est par ailleurs renforcé par la création de la BFPME (Banque de Financement des PME) et surtout par le lancement de Zitouna Bank. Le programme exécutif pour les années à venir comprend quant à lui quatre axes principaux. Il s'agit en premier lieu du renforcement des fondements financiers du secteur de manière à hisser les services bancaires et financiers tunisiens aux standards internationaux, de renforcer la bancarisation de l'économie nationale et la promotion des services bancaires. Le troisième axe est celui de la restructuration du secteur financier et du renforcement de la présence des banques tunisiennes à l'étranger sans omettre l'objectif primordial de faire de la Tunisie une place financière régionale. Ces quatre axes ne pourront se concrétiser, précise encore M. Baccar sans que les banques ne réussissent à augmenter leurs capitaux à un minimum de 100 millions de dinars, sans abaisser le taux des créances classées à moins de 7% à l'horizon 2014, sans l'application des consignes de Bâle II et sans enfin développer le système de garantie des dépôts des clients. Dans cette même logique la Holding bancaire Tunisienne va gérer les participations des trois plus importantes banques (la STB, BNA et la BH) dans les différentes entreprises et institutions publiques et privées. « Il ne s'agit pas d'une fusion entre ces trois banques, a indiqué M. Baccar, chacune de ces institutions va préserver son entité juridique et son propre réseau, de même pour leur rendement à la Bourse de Tunis, où on ne compte pas retirer les banques pour introduire le Holding à la bourse ». En ce qui concerne la Holding bancaire Tuniso- libyenne, le Gouverneur de la BCT a indiqué que cette institution ne tardera pas à voir le jour « avec un capital de 250 millions de dinars, un capital qui devra être augmenté graduellement ». Un autre holding verra aussi le jour, dont la principale mission sera de financer les petites et les moyennes entreprises. Ce holding contrôlera les participations publiques de la BFPME, de la SOTUGAR (Société Tunisienne de Garantie) et les sociétés de SICAR dans les régions « tout en préservant l'indépendance financière et juridique de chacune de ces institutions », indique encore M. Baccar. Ce holding sera baptisée la « Société Holding Al Moubadara ». Il comprendra trois entités ; « Moubadara Bank », dont la mission sera de financer les PME, « Moubadara Participations » qui fournira les fonds propres aux nouveaux entrepreneurs et « Moubadara Garantie » qui offrira des services de garantie. La semaine prochaine verra par ailleurs l'entrée en vigueur de paiement par téléphone mobile de certains nouveaux services, notamment les paiements dans certaines grandes surfaces ainsi que le paiement de déplacements par taxis. Haykel Tlili ---------------------------- Le Dinar, l'Euro et le dollar Interrogé par Le Temps sur l'impact de la dévaluation actuelle de l'Euro par rapport au dollar et les répercussions que cela pourrait avoir sur les exportations et sur l'économie nationale, M. Baccar a précisé que « la politique de la Tunisie en matière de prix des changes a permis de réduire les impacts de ces turbulences en se liant à un panier de devises ce qui nous permet de réguler et de contrôler ces turbulences». Selon le gouverneur de la BCT « si le Dinar était lié seulement au dollar, il serait actuellement surévalué par rapport à l'euro de plus de 17%, ce qui aurait eu des impacts très négatifs sur le rendement des exportations. Actuellement, le dinar ne s'est surévalué par rapport à l'euro que de 2,1%, ce qui permet aux produits tunisiens de garder leur compétitivité dans les marchés européens ».