Les moyens d'aider à l'exécution de la stratégie arabe sur la production de l'électricité et le dessalement de l'eau de mer par l'énergie nucléaire, ont fait l'objet des travaux d'un séminaire organisé par l'Agence Arabe de l'Energie Atomique (OAEA) et de la Ligue des Etats arabes, en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique réunis du 23 au 25 juin à Hammamet, regroupant des représentants des pays arabes membres de l'Organisation qui ne cessent d'accorder un grand intérêt au secteur de l'énergie, notamment les énergies renouvelables et atomique, compte tenu de leurs multiples usages, dans les domaines stratégiques. Cette rencontre entre dans le cadre de la préparation des pays arabes à l'extension de l'utilisation des technologies nucléaires, dans tous les domaines qui servent le développement durable. Les besoins qu'entraîne le développement économique, notamment les besoins énergétiques des pays arabes, et les inquiétudes, que soulèvent l'utilisation des combustibles fossiles et le changement climatique, expliquent le regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire civile qui vise avant tout à satisfaire les principales priorités du développement durable aux niveaux national, régional et interrégional. M. Abdelmajid Mahjoub Directeur Général de l'Agence arabe de l'énergie atomique a souligné lors de l'ouverture de ce congrès « l'importance de l'énergie nucléaire et son utilisation passive dans divers secteurs de la vie et notamment dans la production de l'électricité et le dessalement de l'eau de mer. Tous les pays arabes ont exprimé durant les derniers sommets de Khartoum, Riadh, Damas, Dawha et Syrte leur intérêt pour le développement des technologies nucléaires à la stratégie arabe commune visant l'utilisation pacifique de cette énergie jusqu'à 2020. L'agence arabe en collaboration avec ses membres a commencé à exécuter ce programme. Elle invite les pays arabes à utiliser ou à étendre l'utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques dans tous les domaines du développement durable et ceci en consolidant l'infrastructure de base en vue d'entamer la construction de centrales nucléaires, à développer le cadre juridique et légal, à impulser les compétences humaines et à faire face aux alertes nucléaires. Cette rencontre, permettra de débattre des opportunités offertes par l'énergie nucléaire en vue de faire face à la demande excessive en énergie indispensable au développement économique et notamment au dessalement de l'eau de mer surtout que les ressources hydrauliques se font de plus en plus rares dans le monde arabe. Les débats et les discussions sur les programmes nationaux arabes et de certaines expériences internationales ouvriront de nouveaux horizons de coopération et d'échanges d'idées en matière d'énergie nucléaire. Les recommandations de ce congrès seront d'un grand apport pour développer de nouveaux mécanismes de collaboration à l'échelle arabe, locale et internationale. Notre ambition durant cette réunion est d'étudier la possibilité d'édifier des centrales nucléaires arabes communes et d'instaurer un programme commun pour gérer les déchets radioactifs et les éradiquer » Explorer la voie des énergies renouvelables Le monde arabe connaît actuellement une activité industrielle fortement énergivore. C'est la raison pour laquelle plusieurs pays ont développé des programmes de recherche visant à optimiser les usages des énergies existantes (hydrocarbures) tout en explorant la voie des énergies renouvelables et de l'énergie nucléaire. La mise en place d'une stratégie énergétique impose d'opérer des choix en vue d'opter pour les meilleures formes d'énergie du futur. Ces nouvelles énergies ne visent pas à se substituer au pétrole mais au contraire à faire durer son exploitation. M. Imed Abou Niâaj, représentant de la direction de l'énergie au sein de la Ligue des Etats arabes, a mis l'accent sur l'impératif de concevoir de nouveaux dispositifs en vue de parvenir à satisfaire la demande, en croissance continue, en eau et en énergie électrique « Nous devrons relever un grand défi pour satisfaire nos besoins en énergie surtout que notre production actuelle se base à 60% sur le pétrole, 32% sur le gaz naturel et 8% sur les énergies renouvelables. Deux facteurs majeurs caractérisent le secteur énergétique au cours de la dernière décennie : la flambée du prix du pétrole et les mutations technologiques. A ceci s'ajoutent les inquiétudes croissantes pour l'environnement, suscitées par les émissions de gaz à effet de serre. C'est la raison pour laquelle le recours à l'énergie nucléaire se révèle comme l'une des solutions à adopter d'autant plus que cette énergie respecte la composante environnementale, garantissant, ainsi, un développement durable. Tous les pays arabes ont affirmé leur engagement, durant le Sommet de Khartoum (en 2006), et encore une fois, lors du Sommet de Douha (en 2009) pour développer et diversifier de nouveaux champs d'usage pacifique de cette énergie nucléaire. » Au profit du développement Il est vrai que les techniques de dessalement sont très consommatrices d'énergie. Le kw/h nucléaire serait deux fois moins cher que le kw/h fossile. C'est dire l'importance de cette énergie nucléaire dans le développement économique des pays arabes et comme l'a précisé M. Refaât Chaâbouni, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de la recherche scientifique « la Tunisie a lancé, depuis l'année 2006, des études d'efficacité se focalisant sur les possibilités de l'usage de l'énergie nucléaire. Des compétences scientifiques et techniques tunisiennes se penchent actuellement sur l'élaboration d'un plan misant sur des actions à caractère juridique et de supervision, dans le dessein de favoriser la mise en place d'un environnement favorable au développement des activités nucléaires. Le nucléaire permettrait de satisfaire l'ensemble des besoins du monde arabe. Une solution possible mais novatrice qui doit être utilisée à des fins pacifiques. La Tunisie a déjà collaboré avec l'agence internationale d'énergie atomique vers la fin des années 80 en vue de se doter de centrales nucléaires pour le dessalement de l'eau de mer. La Tunisie a, en effet, exprimé depuis longtemps son intention de réaliser quelques projets en matière de l'énergie nucléaire pacifique comme une source d'énergie renouvelable, et notamment dans les domaines de l'agriculture, de la santé et de l'environnement. La production de l'énergie nucléaire pour l'utilisation à des fins pacifiques constitue, aujourd'hui, un défi important pour plusieurs pays arabes compte tenu de ses avantages et de son aspect durable» M. Yuri Sokolov, vice-président de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a affirmé l'intérêt accordé par les pays arabes au nucléaire comme énergie de substitution propre et durable « Notre volonté est de promouvoir l'utilisation civile et pacifique de l'énergie atomique. Les installations nucléaires servant à produire de l'électricité en sont de bons exemples. Notre statut rend l'AIEA responsable du contrôle ainsi que de la bonne application du transfert des technologies nucléaires. Une vingtaine de pays ont manifesté leur intérêt pour profiter des avantages de l'énergie nucléaire, et ont demandé à l'AIEA de leur dispenser l'appui et l'accompagnement nécessaires. L'AIEA offre aussi des programmes de support technique et logistique afin de venir en aide aux pays arabes des pays à construire des installations nucléaires civiles (énergie électrique, usage médical, etc.). Il est vrai que dans un contexte de flambée des prix des hydrocarbures et d'épuisement des ressources, le combustible représente 60% du coût du kilowattheure pour l'énergie conventionnelle en Tunisie alors qu'il est seulement de 12 % pour le nucléaire. Les simulations de la STEG ont montré qu'en tant que moyen de substitution à la production thermique, l'électronucléaire permettrait de faire annuellement l'économie d'environ 1400 KTEP d'hydrocarbures et pour garantir son avenir énergétique, la Tunisie met le cap sur le nucléaire, avec comme objectif stratégique, la création d'une centrale électronucléaire, d'ici 2020.