Le Temps-Agences - A quatre jours du second tour, les deux finalistes de la présidentielle Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy étaient au rendez-vous hier soir pour l'apogée de la campagne, un débat télévisé Suivi par des millions de téléspectateurs français et étrangers. Instaurée en 1974, cette traditionnelle confrontation n'a pas eu lieu depuis 12 ans, Jacques Chirac ayant refusé lors de l'élection de 2002 de rencontrer Jean-Marie Le Pen. Pour les protagonistes, l'un des enjeux est de convaincre les indécis parmi les 6,8 millions d'électeurs de François Bayrou et les 3,8 millions d'électeurs de Jean-Marie Le Pen. Le candidat centriste n'a pas donné de consigne de vote mais a fait savoir qu'il pourrait rendre public son choix personnel après le débat. Le président du FN, quant à lui, a appelé ses partisans à s'abstenir le 6 mai. Le face-à-face présenté à partir de 21H00 par Arlette Chabot et Patrick Poivre d'Arvor sur TF1 et France 2, est aussi retransmise par de nombreux médias - télévision et radios - y compris à l'étranger et sur l'internet. En l'absence de tout public, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy étaient assis face à face, devant une table carrée, à deux mètres l'un de l'autre, dans un décor de 200 m2 que le réalisateur de l'émission, Jérôme Revon, compare à un "ring de boxe". Favori des sondages, Nicolas Sarkozy a assuré hier matin qu'il ne "dramatise" pas l'enjeu de sa confrontation. "Je ne pense pas que les Français choisissent pour cinq ans un président de la République sur la seule impression d'un débat de deux heures", a dit le candidat UMP. De son côté, Ségolène Royal avait affiché lundi sa sérénité. "Pourquoi voulez-vous que je redoute quelque chose ? Toute ma vie politique a été faite de dialogues et de débats, je n'en ai fui aucun", a-t-elle dit, en parlant de "moment démocratique très important". Tous deux ont assuré ne s'être livré à aucun entraînement particulier, mais ce genre de débat est toujours soigneusement préparé par les équipes de campagne. Toutefois, les conseils se sont multipliés. Ainsi, Jean-Pierre Raffarin a confié avoir "averti" le candidat de l'UMP sur "l'audace extrême" de son adversaire socialiste. L'UDF André Santini lui a recommandé de se "méfier" parce qu'étant "favori, c'est lui qui joue le plus gros". A gauche, Dominique Strauss-Kahn - qui a eu l'occasion d'en parler avec la candidate PS lors de leur déjeuner hier - a indiqué que ce genre de joute demandait "une préparation très psychologique". Décisif ou pas? Pour en avoir vécu deux, en 1974 et en 1981, à chaque fois face à François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing a la conviction qu'il est effectivement "décisif". Pour le premier secrétaire du PS François Hollande, il s'agit bien d'un "débat majeur" car "il va contribuer à forger la conviction de beaucoup de nos concitoyens qui n'ont pas encore décidé".