Les nutritionnistes recommandent la pratique du sport et une consommation modérée. L'été est une saison qui dévoile, au vrai sens du mot, un phénomène de plus en plus présent sous nos latitudes : l'obésité chez les hommes, les femmes et les enfants. A l'instar de nombreux pays du monde, l'obésité gagne du terrain chez nous aussi pour diverses raisons que nous développons ici, avec l'aide de spécialistes en nutrition, de sociologues et de psychologues qui ont bien voulu analyser ce phénomène dangereux pour la santé… On le sait : il y a en Tunisie plus d'un million de diabétiques, avec une majorité d'hommes, suivis par de nombreuses femmes et surtout, beaucoup d'enfants. De nombreuses raisons contribuent au développement de ce phénomène : la malbouffe, l'absence d'activité, les boissons de type soda, saturées en sucre, le déséquilibre du régime alimentaire… En outre, le développement des transports et surtout des technologies modernes nous amène à vivre assis. D'un point de vue historique, les Tunisiens ont toujours évité l'obésité grâce justement à un régime alimentaire équilibré, celui qui prévalait dans tout le pourtour méditerranéen, avec des légumes, des fruits, de la viande et du poisson en quantités raisonnables... Seules les femmes avaient une certaine tendance à s'arrondir au bout de quelques années de mariage et de plusieurs grossesses. Elles attrapaient alors ce qu'un humoriste appelle le « bassin méditerranéen » ! Un nutritionniste note qu'il y a « des facteurs génétiques qui contribuent à l'obésité : un certain nombre de personnes peuvent prendre du poids sans faire d'excès alimentaires. Mais l'obésité reste principalement due à des facteurs sociaux, économiques et culturels qui jouent un rôle plus qu'important dans son évolution. » De son côté, un sociologue estime que ce sont « les facteurs environnementaux qui ont un effet sur le poids corporel et les forces sociales que sont l'alimentation et le mode de vie sédentaire, jouent un rôle de premier plan dans le développement de l'obésité. Selon des statistiques récentes, sept hommes et huit femmes sur dix n'ont aucune activité physique pour des raisons sociales. » Autre son de cloche : celui d'un ingénieur spécialisé dans l'industrie alimentaire qui affirme que « les industriels exploitent notre goût pour le gras et le sucré. Ils utilisent trop de glucose dans les produits finis et ça augmente au fil des années… Un réel déséquilibre se développe ainsi entre ce qu'on ingurgite et l'énergie dépensée. Les produits trop caloriques et même le manque de temps pour les consommer sont autant de causes du surpoids. Cette tendance inquiétante affecte maintenant enfants et adolescents et le pire est à venir… » L'épineux problème des fast-foods Mais il y a des facteurs inattendus selon notre nutritionniste : « parmi les autres facteurs possiblement associés à la prise de poids il y a le manque de sommeil, la restauration rapide plusieurs fois par semaine, le grignotage permanent et même la prise de certains médicaments… Chez nous, depuis les années 60, on observe une diminution de la consommation des féculents, des légumes, des fruits et des céréales dans les ménages. Par contre on constate une augmentation de la consommation des boissons, des desserts et autres produits sucrés. » En fait, pour lui, éviter l'obésité semble facile : « il faut manger de tout pour ne risquer aucune déficience, mais en quantités raisonnables pour ne pas accumuler de surcharges inutiles. Il faut retrouver le goût du partage et de la fête, le plaisir et la convivialité de la table, le goût des plats. Mais le sociologue apporte un bémol à cette vision idéaliste : « les inégalités sociales et déséquilibres alimentaires font que les comportements alimentaires dépendent des revenus d'éducation. On estime que 15% des personnes sans diplôme ou ayant le brevet des collèges sont obèses, contre 5 % des diplômés du supérieur. La consommation des vitamines et des minéraux est systématiquement moindre dans les populations à faibles revenus. » Géographiquement, c'est dans les grandes villes que l'on rencontre le plus grands nombre d'obèses, alors que dans les campagnes, où l'on travaille beaucoup la terre, il y en très peu. En outre, les disparités entres les catégories socioprofessionnelles se creusent : l'augmentation de l'obésité ces vingt dernières années touche tous les milieux sociaux. Ainsi les écarts entres les agriculteurs et les cadres et professions intellectuelles supérieures, se sont fortement creusés. Notre nutritionniste précise que « la forte augmentation du nombre d'obèses dans le monde provient des Etats-Unis, que l'on peut qualifier de « berceau » de cette maladie. Et notre pays montre des signes inquiétants depuis quelques années, avec des prévisions inquiétantes. A ce rythme nous rattraperons ce retard peu enviable dans une dizaine d'années. » Nous sommes passés d'environ 10% d'obèses il y a 10 ans, à plus de 12% actuellement. C'est moins que dans d'autres pays, mais d'autres points se révèlent critiques, notamment la forme d'obésité la plus grave que l'on appelle obésité morbide ou sévère, est trois fois plus fréquentes qu'il y a dix ans. Ensuite, l'obésité touche désormais toutes les générations, les enfants étant de plus en plus touchés. Tous les spécialistes interrogés confirment que les enfants boivent trop de jus et de soda, saturés en calories et vides en protéines. La solution est pourtant facile pour tous : une heure de sport ou de marche rapide par jour suffit à juguler ce surpoids, à condition d'être accompagné du respect des règles citées plus haut. Il faudrait également assurer la promotion de la consommation quotidienne de cinq fruits et légumes et limiter la consommation dans les fast-foods. Il ne s'agit pas de prôner l'abstinence totale, source de frustration, mais il faudrait leur apprendre à consommer avec modération. Sans oublier de restreindre les consoles de jeux et les trop longs séjours dans le salon, face à la télé… Des campagnes de sensibilisation aideraient certainement parents et éducateurs à résoudre ce problème crucial pour l'avenir de notre pays, car il vaut mieux prévenir que guérir… Yasser Maârouf ------------------------- Quelques mots clés… Surpoids : c'est le fait d'avoir un poids supérieur à la moyenne et se distingue de l'obésité. Une personne en surpoids n'est pas encore considérée comme obèse. IMC : Indice de Masse Corporelle. Il sert à déterminer le surpoids. Surcharge pondérale : synonyme de surpoids, voulant donc signifier un excès de poids. Obésité : surcharge pondérale due à une accumulation anormale de graisses associées à des risques importants pour la santé. Obésité morbide : cas d'obésité poussée à l'extrême, qui perturbe les fonctions physiologiques fondamentales, telles que la respiration ou la marche. Prévalence : nombre de personnes atteintes par une certaine maladie à un moment donné dans une population donnée.