Un haut responsable britannique, le Vice Premier Ministre pour ne pas le reconnaître, vient de déclarer que l'invasion de l'Irak par les anglo-américains fut illégale. Le malheureux a tout de même dû rapidement faire amende honorable et corriger le tir. Il a beau diriger les affaires nationales de sa Gracieuse Majesté, il estime désormais avoir exprimé « un avis personnel ». Entretemps, des conseillers juridiques avertis lui ont opportunément rappelé qu'à ce niveau de responsabilité politique dans son pays, il n'est pas interdit de penser qu'une Cour internationale puisse se saisir de l'affaire en s'appuyant sur ces déclarations et demander des comptes à l'Etat britannique. La perspective peut en effet déranger : traiter un ancien Premier de Grande Bretagne de vulgaire fauteur de Guerre ! Il ne répètera donc plus ses propos et l'affaire est close. Il le pensera probablement encore, en considérant l'élasticité de la légalité prise dans la spirale du politique. Il le pensera seulement, pour ne pas ajouter un pavé dans la mare de Tony Blair, toujours attaché à sa version de la guerre bienfaitrice, même quand il admet que les arguments avancés à l'époque étaient fallacieux. Mais maintenant que les dégâts ont été faits, connaître la vérité n'est pas une urgence. Le président Soudanais, Al Bachir, doit bien se demander pourquoi il a eu droit, lui, à son lot de condamnations internationales. Les statistiques des morts ne le mettraient pourtant pas au premier rang des génocidaires. Clegg obligé au mutisme, voilà que l'ancienne responsable des services secrets britanniques y met du sien. Elle affirme avec assurance que cette invasion a occasionné des résultats tout à fait contraires à ses objectifs. Le démantèlement de l'Etat Irakien et l'exécution de son ancien président n'auraient permis, au final, qu'à réorganiser, en les focalisant géographiquement en Irak, les mouvements dits terroristes. C'est ce qu'on pourrait appeler une guerre contre productive. Que ce soit maintenant dit par la personne supposée détenir les données les plus secrètes à l'époque n'arrange tout de même pas les affaires de Tony Blair, devenu depuis peu un agent international de la Paix dans le monde. Sans états d'âme, faut-il l'ajouter. Des centaines de milliers de gens ont trouvé par la suite la mort en raison de cette supercherie. La Cour Internationale de Justice ne sera pas saisie, au moins à ce titre. Dans la comédie que se jouent les Nations, le rôle de Tartuffe, moralisateur hypocrite, est toujours tenu avec le même aplomb. Mais au moins, le héros de Molière n'a tué que la morale dont il se prévalait comme homme de religion.