Le spectacle de mercredi soir 28 juillet, programmé dans le cadre de la 38ème session du Festival International de Djerba pour être dédié à la mémoire de feu Cheikh Imam Issa, a été grandiose et exceptionnel. Tous les ingrédients étaient réunis pour prédestiner cette soirée à une telle issue plus qu'honorable à mettre à l'actif des organisateurs du festival auxquels revient le mérite inégalé de saisir le quinzième anniversaire du décès du grand chanteur et compositeur égyptien, apôtre de la chanson révolutionnaire et engagée dans le monde arabe, pour lui rendre grandement hommage. Le programme concocté pour la circonstance était judicieux et pertinent ; les noms choisis pour être de la fête étaient méritoirement dignes de l'évènement. Qui mieux que Habib Belaïd, au niveau de la présentation du défunt chanteur et des artistes mobilisés pour célébrer sa mémoire aurait pu s'acquitter plus efficacement de la besogne A 22h30, cet illustre journaliste et animateur de longue date à RTCI est monté sur scène pour situer la soirée dans son contexte et en présenter les péripéties ; avec sa voix suave et juvénile, grâce à sa connaissance profonde de la thématique et sa relation intime avec les artistes en présence, il a donné à plaire à l'assistance et conféré à l'ambiance une note de sérénité et de solennité, faisant planer l'ombre de Chikh Imam tout le long de la soirée, comme il avait tenu à l'affirmer. En guise d'hommage à sa longue carrière radiophonique et de reconnaissance à son mérite incontesté d'être l'initiateur de la diffusion de la chanson engagée sur nos ondes, les responsables du festival, présidence et direction artistique, ont tenu à honorer ce grand monsieur de la radio au cours d'une brève cérémonie, sur scène et au beau milieu du spectacle, sous les applaudissements des spectateurs. La poésie était à l'honneur, et le mérite a échu au grand poète tunisien Khaled Ouaghlani d'en être le digne représentant, à travers une prestation majestueuse qui en a dit long sur son immense talent et confirmant son parcours honorable et édifiant tant à l'échelle nationale qu'en dehors de nos frontières. Quatre poèmes, ou pour reprendre l'expression par lui employée, quatre « colombes » dédiées dans l'ordre à Djerba, son île natale, au Liban, à Gaza la martyre, et à l'Irak meurtri, ont été lus(es) magistralement, d'une voix de stentor retentissant dans l'air, ébranlant l'atmosphère dans l'enceinte du théâtre, et emportant jusqu'au ravissement les âmes séduites par la pertinence du verbe, l'expressivité de l'élocution et le plaisir de l'audition. La poésie revint encore à la charge avec l'évolution sur scène d'un duo exceptionnel dans un échange de genres particulièrement émouvant : Zahi Wahbi, le premier citoyen arabe à bénéficier de l'honneur de s'octroyer la nationalité palestinienne, comme a tenu à le préciser Habib Belaîd en présentant l'artiste, et l'homme connu de la télévision, converti ce soir-là en poète chevronné, a lu des poèmes en hommage à la Palestine et à la femme, chantant l amour et la liberté sous les applaudissements entrecoupés du public ; Nesrine Hmidène, la chanteuse libanaise à la voix vibrante et mélodieuse, assise à ses côtés, a interprété magnifiquement des airs connus de Cheikh Imam et d'autres tubes non moins célèbres. L'heureux public connaisseur et averti présent, jusque là séduit et admiratif, était déjà dans les anges, et l'apparition sur scène de Marcel Khalifa, accompagné de ses deux fils, Rami au piano et Bachar aux percussions, n'a fait qu'enflammer davantage les gradins. Annoncé en sa qualité d'invité d'honneur dans cette soirée d'hommage, il a tenu quand même à y contribuer en chantant, pour le bonheur des mélomanes, cinq de ses airs les plus célèbres , ce qui lui a valu une longue ovation de reconnaissance de ce même public debout, qui a eu droit, en somme, à presque trois heures de pur bonheur, du reste amplement mérité au vu de son comportement discipliné, quasi exemplaire.