Rien ne semble dissuader les terroristes dans leur soif du sang. La nébuleuse a aujourd'hui ses ramifications en Asie comme en Afrique surtout. Après avoir infesté le Proche-Orient elle est bien implantée en Asie centrale où elle est combattue mais sans être défaite. Elle trouve chaque jour de nouveaux adeptes prêts à payer de leur vie dans des actions de plus en plus meurtrières. Ces dernières années, pour desserrer l'étau elle a trouvé un terrain de repli idéal où elle a tissé une véritable toile en Afrique qui englobe tout le sahel jusqu'aux de la Corne de l'Afrique et même au-delà de cette zone. Les attentats de Kampala, capitale de l'Ouganda ont apporté la preuve de sa grande capacité de nuisance et surtout d'adaptation. Le continent noir n'est nullement un choix hasardeux. Les vastes étendues du désert rendent impossible le contrôle efficace et permanent des frontières entre les pays. La mobilité des habitants du Sahara permet aux terroristes de se diluer au sein de la population et dans l'espace. Prétendre les combattre et les défaire dans un tel milieu relève de la gageure d'autant que les populations nomades – pour la plupart d'entre-elles – acceptent très mal la soumission à un pouvoir central avec lequel elles n'entretiennent que peu de contacts. La contrebande, pratiquée à grande échelle dans cette partie du continent fait elle aussi l'affaire de tout le monde. Toutes les parties y trouvent leurs comptes et permettent ainsi de nouer des alliances de tous genres au grand dam des Etats de la région qui se retrouvent impuissants devant cette loi qui régit les rapports des occupants de cet espace. Alors que les yeux étaient braqués sur l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan, la nébuleuse terroriste, pour réorganiser ses rangs et retrouver un second souffle s'est repliée là où l'on s'y attendait le moins jusqu'au jour où elle s'est manifestée par les prises d'otages etrangers . Mais le plus inquiétant dans ce redéploiement est sans doute le regroupement des différentes factions sous un seul commandement qui va de l'Afrique du Nord jusqu'au régions subsahariennes. Les dernières attaques menées contre des éléments de l'armée algérienne dans le sud du pays, montrent que les groupuscules actifs dans le désert ne manquent ni d'audace ni de logistiques leur permettant d'agir, parfois de manière très spectaculaire et ce en dépit de la mobilisation décrétée par plusieurs pays du Sahel qui ont fini par opter pour la coopération et l'ouverture de leurs frontières pour poursuivre les terroristes là où ils se trouvent. Mais force est de reconnaître que ce choix de combattre ensemble le danger est quelque peu tardif. Et les raisons de ce retard sont toujours d'ordre politique d'autant que le danger est différemment perçu selon qu'on est directement ou indirectement exposé aux actions terroristes. D'autre part la quête des puissances étrangères d'internationaliser la lutte rend difficile un accord qui fait l'unanimité de toutes les parties concernées. Certains pays de la région manifestent une réelle réticence devant les plans américains de crainte de voir leurs territoires devenir des champs de bataille à l'instar de ce qui se passe en Afghanistan. Entre-temps, les groupes terroristes ne font que renforcer leurs rangs et diversifier leurs alliances pour gagner la confiance des populations locales qui ne semblent pas nourrir une hostilité particulière à leur égard. Mais l'avenir seul nous dira si une telle coexistence ne préfigurait pas l'installation de bases, prélude à de graves bouleversements dans la région.