Le Temps-Agences - Des associations de défense des "sans" - papiers, logement, travail - ont promis hier d'être "très" attentives à la politique de Nicolas Sarkozy, non sans évoquer aussi la nécessité d'un "examen de conscience" de leur camp ou carrément la "médiocrité" de la gauche. "Nous serons très vigilants", indique Nicole Maestracci, présidente de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), tandis que Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'Homme, appelle à "l'exercice permanent et vigilant de la citoyenneté". Le ton est unanime hier, au sein de ces mouvements souvent opposés à Nicolas Sarkozy lorsqu'il détenait le portefeuille de l'Intérieur: pas d'état de grâce. Ces associations sont d'abord mobilisées sur l'immigration, où un durcissement est promis. Richard Moyon, porte-parole du Réseau éducation sans frontières (RESF, à la pointe du combat pour la régularisation des parents sans papiers d'enfants scolarisés en France), craint des "expulsions massives". "Mais, poursuit-il, nous sommes la preuve que la société française n'acceptera pas". A la Cimade, seule autorisée à être présente dans les centres de rétention des étrangers, le secrétaire général Laurent Giovannoni appelle lui à "trois mesures" pour "apaiser": un nouvel examen du dossier des clandestins ayant des enfants scolarisés, la fin des "objectifs chiffrés" en matière d'expulsions, un meilleur accueil des étrangers dans les préfectures. Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) se dit "extrêmement inquiet" et précise que sa priorité sera la lutte contre le "ministère de l'Immigration et l'identité nationale" promis par Nicolas Sarkozy, digne selon lui de Pétain. Concernant les plus précaires comme les sans-logement, même son de cloche. "Les promesses électorales de Nicolas Sarkozy ne concernent que ceux qui ont les moyens", accuse Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement (Dal), en assurant qu'au cœur de l'été, "les commissaires seront sur le pied de guerre pour lancer les expulsions" de sans-domiciles occupant illégalement des logements vacants. Mais certaines associations comptent aussi scruter leur camp. "Un examen de conscience collectif doit être entrepris: les défenses immunitaires de la gauche n'ont pas fonctionné. Nous n'avons pas été capables d'apporter les réponses", dit Mouloud Aounit qui souhaite maintenant l'avènement "d'îlots de résistance citoyenne" plutôt qu'un militantisme traditionnel. "Sur le dossier de l'immigration, la gauche classique a été absente", accuse encore Pierre Henry, président de France Terre d'Asile, déplorant un "bilan d'une médiocrité terrible" de celle-ci, faute d'avoir su désamorcer certains "fantasmes" notamment concernant le regroupement familial, qui, a-t-il souligné "n'a concerné que 17.304 personnes en 2006".