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Le sens de la coopérative familiale
Ils bossent pour préparer leur rentrée scolaire
Publié dans Le Temps le 25 - 08 - 2010

Du point de vue de leur condition sociale, les écoliers, les lycéens et les étudiants ne sont pas tous logés à la même enseigne. Il y en a ceux qui passent la saison estivale de plage en plage, de loisir en loisir et parfois de voyage en voyage grâce à l'argent de papa et de maman. D'autres n'ont pas cette chance et une fois l'année scolaire terminée, il leur faut penser à travailler pour se procurer l'argent de leurs grandes vacances et surtout pour payer les frais de leur prochaine rentrée.
Dans leur milieu défavorisé, il n'y a pas d'âge pour s'adonner à un métier de saisonnier. En fait et pour ne pas forcer sur le pathos, disons que même dans les familles de condition moyenne, les jeunes commencent très tôt à compter sur eux-mêmes et, en soi, ce n'est pas une si mauvaise chose que de s'exercer à la vie active dès l'adolescence. Sous d'autres latitudes, dans des pays plus évolués économiquement que le nôtre, les plus de 17 ans se disputent les emplois provisoires disponibles autour d'eux et ne se gênent pas pour faire les foires hebdomadaires et y vendre toutes sortes de marchandises. Là où la pratique saisonnière dérange, c'est lorsque les petits métiers de l'été sont exercés par des moins de dix ans. Chez nous, et surtout dans les villes les plus animées durant la saison chaude, on croise dans la rue, sur les plages, sur les terrasses de cafés et dans les marchés un certain nombre d'enfants de cet âge qui proposent à leurs clients qui des bouquets de jasmin, qui des kakis et du chewing-gum, qui des cigarettes, qui des sacs en plastique. Pendant le mois du jeûne, ces jeunes marchands ambulants se spécialisent, le jour, dans la vente de divers produits de consommation, et la nuit ils proposent aux passants les menus bouquets parfumés. Nous en avons rencontré deux l'autre soir alors que nous sirotions un thé à la menthe chez un cafetier de l'avenue lequel se sentait embarrassé par leur commerce préjudiciable au sien. Dans le même temps, il dit comprendre parfaitement les raisons qui poussent ces enfants à courir les rues et les trottoirs jusqu'à une heure tardive de la nuit.
Fifty, fifty…
Le premier de ces pubères inaccomplis s'appelle Ramzi ; grand d'à peine un mètre, il est vêtu très décemment et arbore un minois très charmant. Sa famille, originaire du Nord-ouest et composée de 7 membres, vit à la Médina de Tunis. Son père exerce de petits métiers du côté de Boumendil. Ramzi passe en 4ème année primaire avec une moyenne légèrement supérieure à 10/20. Depuis fin juin, il a commencé avec deux de ses frères à relayer leur père devant son étal des environs de Bab el Jazira. La vente du jasmin est un commerce qu'il n'a pratiqué qu'avec l'avènement du mois de Ramadan. Le second, Mohamed Ali, a 11 ans et habite dans le voisinage de Ramzi. Ses parents sont séparés et il vit avec sa mère chez ses grands-parents. L'année prochaine, il sera en sixième. « Je ne vais pas sur les plages y proposer mes bouquets, commence par dire Ramzi. Cela me coûte moins cher de les vendre en ville et puis mes frères aînés qui s'adonnent au même commerce m'ont à l'œil et appliquent scrupuleusement les consignes de sécurité de nos parents. Eux, ils sont en ce moment du côté du Théâtre municipal où se rassemble une foule assez nombreuse pour assister à un spectacle musical. Chez nous, grands et petits, filles et garçons, tout le monde contribue au budget familial. Seule maman garde la maison. Mes deux sœurs travaillent le jour seulement : elles vendent des feuilles de brik et quelques salaisons au marché de Bab el Fella. Une seule est scolarisée, l'autre le sera cette année. Nous devons nous procurer l'argent nécessaire à l'achat de nos fournitures scolaires et de nos vêtements neufs de l'Aïd. En ce qui me concerne, je gagne en moyenne entre 5 et 6 dinars chaque soir, somme dont papa récupère plus de la moitié pour payer notre voisin sexagénaire qui se charge de cueillir les fleurs et de les arranger en bouquets. »
Une école de la vie
Mohamed Ali, lui, a mis l'accent sur d'autres aspects de son activité saisonnière : « Nous faisons de notre mieux pour ne pas rentrer avec des invendus ; même s'il nous faut vendre à moitié prix et passer une heure supplémentaire dans la rue! En général, nous cherchons nos clients parmi les habitués de la grande avenue Habib Bourguiba, mais nous allons aussi dans les stations de métro et jusqu'à la grande gare ferroviaire de Tunis. Nous avons rarement des ennuis avec messieurs les agents parce que nous ne harcelons personne ni ne vexons les passantes. L'important pour nous, c'est de réunir le maximum de sous pour subvenir aux dépenses de la rentrée scolaire. Les fournitures et les vêtements coûtent plus cher aujourd'hui. Mon père verse très irrégulièrement à maman sa pension alimentaire. Il gagne mal sa vie et quand il le peut, il m'offre toujours quelque chose. Ma mère se débrouille de son côté pour se sentir moins dépendante de sa famille. C'est pour cela qu'elle m'a encouragé à travailler pendant les vacances. L'année dernière, j'ai travaillé comme commis d'épicier et cela m'a rapporté des sous sans dépenser de grands efforts. Pour nous autres, les grandes vacances aussi sont synonymes de labeur et de sacrifice. Il nous arrive certes d'aller à la plage, avec la famille ou les jeunes du quartier, mais les dimanches et jours fériés seulement. Nous nous passons de ce loisir le reste du temps pour épargner un ou deux dinars de plus! Ce n'est peut-être pas la meilleure manière de se préparer à l'année scolaire suivante, mais nous n'avons pas le choix et c'est mieux ainsi : de la sorte, nous nous habituons prématurément aux difficultés de la vie et apprenons vite à y faire face ! »


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