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Quand surgissent les Torquemada…
Va savoir
Publié dans Le Temps le 29 - 08 - 2010

Le Ramadan vient de plier sa première moitié. C'est une sacrée moitié, pas fondamentalement différente de celles des années passées, mais un tantinet particulière par un penchant clairement affiché vers une sorte d'iconoclastie, vous avez cette manie maladive qu'ont certains à mettre toutes leurs frustrations sur le dos d'une image de quelque nature qu'elle soit.
Les attaques répétées contre l'image télévisuelle et ses référents culturels se sont manifestées d'une façon tellement franche dans notre pays, qu'on est en droit de se demander si on vit bel et bien en Tunisie ou quelque part dans un pays d'Orient, si ce n'est dans ce Quart désertique qui fit tant parler de lui. Et c'est d'autant plus incompréhensible et regrettable que ceci advienne au moment où l'image est non seulement un élément central de notre environnement mais aussi une manière de penser soi et le monde dans un pays qui a entamé sa modernité il y a déjà plus d'un siècle passé.
Le ballon de baudruche des feuilletons iraniens (Joseph, le Messie et Sainte Marie) sur NTV et HTV qu'ont lancé quatre avocats en mal de Hisba et les cris d'alarmes des nouveaux Torquemada (descendants frais et moulus de l'inquisiteur en chef du IVe siècle) qui surgissent sur le Net ou les tabloïdes à quatre Kopecks demandent l'interdiction de certaines productions dramatiques nationales. Savez-vous la raison ? Eh bien, ces nouveaux censeurs imberbes prétendent avec toute la candeur des fausses vierges, que des situations et personnages dramatiques dans les feuilletons et Sitcoms tunisiens ne sont ni de la sainteté du mois, ni même de notre personnalité arabo-musulmane. Avouez que face à une telle logique, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. Car, ne voyant pas les erreurs dramaturgiques et les entorses scénaristiques visibles comme une verrue sur le nez d'un lépreux, n'accordant nulle indulgence à une production nationale balbutiante, ils n'ont trouvé de mieux à leur reprocher par leurs envolées de mauvais goût doublé d'analphabétisme du regard, que des accusations d'intentions nulles et non avenues, ce qui est le propre de l'inquisition… Si on laisse de côté ce qui est arrivé à Casting , Dar al-Khlaa, Maliha, Noujoum al-Leil etc… nous avons été confrontés au clash du feuilleton « Ma belle mère chérie » (Nsibti laaziza) produit par NTV.
Au secours mon « Réel » !
Ce feuilleton de NTV et la réaction démesurée – dit-on- des habitants de la capitale économique du pays, Sfax, est une affaire tellement grave qu'elle ne peut passer inaperçue. Si un personnage d'un feuilleton tout ce qu'il y a de plus composé donne naissance à une vague de réprobation – d'ailleurs, NTV y est habituée - c'est que, pour emprunter une formule à Freud, le principe de réalité a vaincu le principe de plaisir. Dire violemment son refus d'un personnage imaginaire sous le prétexte fallacieux qu'il ne correspond pas au réel, mais qu'on accuse de le défigurer, de le malmener, de le ridiculiser pour porter du tort à « une communauté de citoyens », c'est partir d'une donnée complètement fausse, à savoir que l'image ne peut être que le reflet de la réalité.
Si le personnage de la belle mère Fatima a provoqué l'hydre de certains téléspectateurs, c'est que par la gaucherie de sa mise à vie (propos, attitudes, diction, interprétation, etc.), il a mis l'indexe sur un réel caché, celui de la personnalité prétendument immaculée de la réalité réelle. C'est à croire qu'un personnage, quelle que soit sa dimension imaginaire, ne peut être que le porte parole d'un moi collectif… Et le moi collectif est immanquablement vainqueur dans un environnement dominé par le relâchement du tissu national et la persistance de la « açabiyya » régionale… Car, combien de fois n'a-t-on vu des personnages de fiction drapés des atours stéréotypés du Djérid ou du Nord Ouest ou bien encore du Sud sans que cela n'attire les foudres des gardiens du réel ? Sont-ils plus tolérants envers leurs images ou se foutent-ils tout bonnement de leur réel, contrairement à leurs concitoyens de notre capitale économique, lesquels à la première tirade, crièrent : Haro sur l'image ? Il y a dans ces affaires une volonté manifeste de briser les pixels des images comme une revanche à l'exiguïté (tangible ou virtuelle) de l'espace public. Comme on n'est pas habitué pas à l'idéologue du dialogue comme terrain du Moi et de l'Altérité, on le biaise par le premier principe, celui de la réalité qu'on oppose mordicus à celui de l'imaginaire… au grand dam de ce dernier.
A cette affaire indicatrice d'une quelconque fissure identitaire, s'est ajoutée une troisième dans sa deuxième manche et qui concerne les chiffres d'audience qu'opère une des agences de la place, Médiascan, et que les Héraults de la chaîne du Grand Maghreb (NTV) ont contesté avec une férocité inhabituelle…
Comptes d'apothicaire
On se souvient, l'an passé, de la passe d'armes entre le patron d'HTV et l'agence SIGMA Conseil et qui vit un lynchage cathodique des plus immoraux qu'on ait pu voir dans la courte histoire de la télé dans notre pays. Non content des chiffres publiés par l'Agence, le patron de HTV ne s'est pas suffi de les désapprouver, il a mené une campagne sur sa chaîne non seulement contre l'Agence mais aussi nommément contre la personne de son Directeur général… chose tout bonnement inadmissible. Et actuellement, cette chaîne mène une campagne d'autopromotion chiffrée qui va à l'encontre de toute déontologie audiovisuelle…
Va-t-on assister à un massacre similaire entre SIGMA/Médiascan et NTV ? Tout porte à le croire à la lecture des comptes rendus publiés par la presse nationale d'une conférence de presse tenue par Nessma dans ses Studios de Radès.
Comme les fondements de cette guerre des Trois (Agences/NTV/HTV) à l'exclusion du service public (T7 et T21) sont de l'histoire ancienne et que l'Etat par le truchement du Conseil Supérieur de la Communication, avait commandité en mai de l'année dernière une étude qualitative «Secteur de l'audimétrie : réalité et perspectives », étude non encore livrée un an et demi plus tard et il paraît qu'elle ne le sera pas de sitôt, on avale difficilement la curée dont la férocité du ton a été donné en attendant la barbarie l'estocade…
Le fond de l'affaire est un désaveu apporté par NTV des chiffres de pénétration avancés soit par Sygma soit par Médiascan. La réaction est normale et il n'y a pas de quoi fouetter un matou. L'ennui dans cette désapprobation est que si la méthode et les procédés des deux agences sont connus de par le monde, donc chez nous aussi et ont été adoubés par les autorités de tutelle, ceux présentés par NTV souffrent du flou dans la méthode et d'opacité dans les procédés… L'échantillon et la méthode de calcul de SIGMA ont donné à Hannibal : 54.4%, T7 : 50.6%, Nessma : 40.6%. Ceux de Médiascan ont donné pour leur part à T7 : 53%, Hannibal : 52% et Nessma : 30.9%. Seulement, on ne comprend pas d'où et comment Nessma a sorti ses propres chiffres (Nessma : 73%, Hannibal : 69%, Tunisie 7 : 66%)… On croit rêver devant l'enflure. A l'ère de la pléthorique offre télévisuelle arabe en ces temps de Ramadhan, avoir à soi uniquement et exclusivement 73% de pénétration avec 39% de part d'audience, c'est parler d'un pays autre que la Tunisie. Si, malgré la différence des méthodes, l'écart entre les chiffres des deux agences n'est pas de nature à faire douter de leur crédibilité, l'écart qui les sépare des chiffres présentés par NTV est tellement large que ça en devient une fosse.
Quant au top five des émissions… Il y a là aussi anguille sous roche.
Sygma propose 44.4% pour Noujoum al-Lil (HTV), 38.5% pour Casting (T7) et 24.5%pour Nsibti laaziza… Médiascan nous livre 39.1% pour Noujoum al-Lil, 26.4% pour Tunis 2050 (tous deux HTV), 23% pour Min Ayyam Maliha (T21), 21.1% pour Casting (T7) et in fine 18.9% pour Nsibti laaziza (NTV)… Mais là où on perd le nord, c'est quand les têtes pensantes de NTV proposent leur production Nsibti laaziza avec 55%, 51% pour Noujoum al-Lil (HTV), 37% pour Casting (T7) et respectivement 28 et 22% pour leurs acquisitions Bab al-Hara 5 et Youssef al-çiddiq… Charité bien ordonnée…
Par quelle méthode statistique ce miracle a-t-il eu lieu ? Sygma utilise la méthode dite Cati (Computer Assisted Telephone Interview) sur un échantillon représentatif de 1240 personnes/j sur 24 gouvernorats avec sa marge d'erreur de 2.4%, quand Médiascan utilise la méthode dite de face à face avec un échantillon de 450 personnes/j avec sa marge d'erreur de 3%. Différente de la méthode dite CAPI (Computer Assisted Personal Interview), celle du Web utilisée par NTV est un Frankenstein des études d'audiences car elle ne possède aucune assise scientifique et n'est représentative que des intentions de ceux qui la commandent… Du coup, sa crédibilité, elle l'obtient par les noiseries qu'elle déclenche et qui sentent l'enflure de l'Ego en plus du mauvais goût… Malgré ceci, nous recevons un communiqué de presse de NTV affirmant haut et fort qu'elle est « championne de la première mi-temps du Ramadhan »… Avouez comme dit le proverbe tunisien que « celui qui fait ses propres comptes est toujours bénéficiaire »…
Dans ces comptes d'Apothicaire et les enflures des égos de certains patrons, seul le Conseil Supérieur de la Communication peut y mettre de l'ordre… Son patron a rencontré ceux des Agences… Que se sont-ils dit ? Probablement, ils ont parlé du sociologue Pierre Bourdieu ! Trêve de plaisanterie, entre nous soit dit, la régulation des audiences est-elle de la mission d'un Conseil consultatif et si oui, a-t-il les moyens juridiques d'appliquer ses décisions ? Va savoir…


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