Finalement, le monde n'a pas tout résolu en abandonnant les prévisions météorologiques exprimées par le comportement des grenouilles. Des pays les plus avancés aux délaissés du bout de la terre, les éléments continuent à surprendre et à faire des dégâts dévastateurs. Tout se passe comme si les satellites les plus perfectionnés étaient impuissants devant les torrents de pluie, et de boue, qui tuent et jettent à la rue des millions de personnes. Il était pourtant dit que des moyens sophistiqués balisaient à longueur d'année la planète et qu'on pouvait, si nécessaire, déterminer à partir du ciel le sexe des mouches, probablement aussi celui des grenouilles. On en administrait même la preuve à chaque fois qu'il a paru utile d'envoyer de redoutables bombardiers furtifs faire le ménage sur les sites déclarés hostiles à quelque chose. Dans ces cas, les exercices de tir deviennent d'une précision à toute épreuve. Au Pakistan, comme en Chine, comme en Russie, comme au Brésil, la démonstration est ainsi faite que les moyens militaires ne servent pas à grand-chose pour le confort des civils. On le savait, il faut dire. C'est peut être pour cette raison aussi qu'on ne fait plus parler les grenouilles. Après tout, n'importe quel pays pouvait disposer de cette arme de prévision massive. Ce qui est évidemment intolérable. Comme pour le nucléaire, seuls les premiers venus sont servis, les autres doivent endurer les sanctions des Nations Unies, selon les usages désormais réputés légaux. On aura remarqué au passage que Le Pakistan est capable de manipuler le nucléaire, mais totalement hors du coup quand il s'agit de trouver une technique de remplacement à la grenouille. Tout le monde est donc surpris par la pluie, les plus exposés payant la note. Curieusement, le mal étant fait, il y a en ce moment comme une concurrence sur la manière de mener les secours. Les Américains se plaignent même des pratiques d'associations islamistes. Ces dernières trouvent en effet le moyen d'être les premières sur le terrain, pour ne pas dire les plus efficaces. Et ça, c'est intolérable, paraît-il. Depuis le temps que les administrations américaines successives démontrent que l'initiative leur appartient de détruire ensuite de distribuer les miettes aux survivants devenus exsangues, la pluie et les mauvais temps se décidaient à Washington, et parfois à New York, du côté des bâtiments des Nations Unies. A défaut de grenouille en chair et en os, la politique des nations préfère ainsi « grenouiller », au figuré intriguer malhonnêtement. On peut aussi imaginer que le but des conquérants envahisseurs est de « manger la grenouille », littéralement s'approprier les fonds confisqués aux plus faibles. Au fait, à Bornéo, les scientifiques viennent de découvrir une grenouille miniature, la plus petite qui soit. Elle a cette particularité de pondre ses œufs sur une plante carnivore. On n'a pas fini de mieux comprendre le comportement des hommes en observant la nature.